Chocolat du jour: Capucine Vandebrouck (by Cécile)

Capucine Vandebrouck, Open Space, 2012. Résine non armée. 80 x 180 x 50 cm. © Capucine Vandebrouck

Capucine Vandebrouck, artiste, plasticienne, sculptrice, je l'ai découverte lors de l'exposition de l'été passé au Crac à Altkirch. Il est des rencontres artistiques qui ne laissent pas indifférents ou insensibles, elle en fait partie.

À la limite, entre deux, borderline, en équilibre et à la frontière, tout cela se retrouve dans les œuvres de Capucine Vandebrouck. Dans son atelier, je l'ai vue tourner autour d'une œuvre qu'elle était entrain de réaliser. Impatience et doute semblaient se disputer en elle qui ignorait si son projet allait aboutir ou non : comment savoir si, une fois, le moule retiré, les couches de résine accumulées allaient tenir debout ? La chute est un risque. Le doute fait partie de l'acte créatif, la peur aussi : que se passerait-il si tout s'effondrait à la fin, au moment où la sculpture pourrait, enfin, être visible ? Recommencer peut-être ou abandonner.

Les choix plastiques de Capucine Vandebrouck peuvent paraître un peu fous : elle se joue de nous et de nos impressions, d'elle-même aussi, en un jeu dangereux. Observation et réflexion sont à l'origine de ses œuvres. Que ce soit une fêlure dans un mur, un sac poubelle qui traîne, un mouchoir, une pierre ou n'importe quel objet quotidien croisant sa route, elle est l'affût du moindre « truc » qui, sous sa pensée, sera sorti de son contexte, modifié et donné à voir autrement. Il deviendra alors sujet et sera malaxé, torturé, déformé, agrandi, découpé, moulé, etc. afin de, peut-être [et c'est ce peut-être qui est important], devenir la sculpture imaginée par l'artiste.

Peur et excitation, désir de création, dialogue avec les matières, Capucine Vandebrouck noue une véritable histoire d'amour lors de la création de ses œuvres. Cette relation ne se fait pas sans doutes ni sans craintes et cela oblige l'artiste à, constamment, se remettre en question pour faire évoluer son travail et à aller au-delà de ses peurs, des contraintes techniques, de ses impuissances et des failles. Ce sont aussi autant d'invitations pour elle à explorer de nouvelles voies, à se laisser surprendre et à ne surtout pas tout maîtriser.

Capucine Vandebrouck, Open Space, 2012. Résine non armée. 80 x 180 x 50 cm. © Capucine Vandebrouck

Une fois ses œuvres terminées et exposées, une interrogation demeure : comment a-t-elle eu l'idée de faire cela et surtout, comment a-t-elle fait pour réussir ? Improbable, impossible, impensable, et pourtant... le résultat est là, fascinant, déconcertant. En équilibre, donnant l'impression qu'elles sont sur le point de tomber ou que la mise sous tension peut se rompre, les sculptures de Capucine Vandebrouck sont aussi poétiques et nous invitent à l'observation, à la réflexion et à la contemplation. Dans un monde où tout se doit d'être fait rapidement, où l'impatience est à son comble, où on ne prend plus le temps de rien et où tout se consomme, les œuvres de Capucine sont autant de sollicitations à se laisser surprendre, à voir et à chercher à comprendre ce que l'artiste a voulu nous dire mais aussi, simplement, de profiter et s'accorder du temps.

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Vous pouvez voir des sculptures de Capucine Vandebrouck jusqu'au 6 janvier 2013 à la Kunsthalle de Bâle dans l'exposition: Regionale 13 - When I look at things, I always see the space they occupy.

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