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La dépendance au cannabis, et si on en parlait vraiment ?

Publié le 05 décembre 2012 par Seifenblase @Pointe_d_Actu

Dans le précédent épisode de « Le cannabis, et si on en parlait vraiment ? », Jean François Hauteville abordait la question des effets du cannabis. Aujourd’hui, il se penche sur la dépendance de la substance qui provoque aujourd’hui tant de débats.

Nous avons déjà expliqué quels étaient les effets du cannabis et parmi eux, l’effet addictogène accru de la substance. Avant d’aller plus loin, il est important de distinguer deux groupes de consommateurs :

  • les usagers ayant une bonne intégration sociale, leur consommation ne gênant  pas leur vie sociale, affective ou professionnelle.  On pourrait les qualifier de consommateurs « récréatifs »
  • les usagers réguliers (consommation quotidienne et importante) où les effets sont alors clairement néfastes (désinsertion sociale, mise en échec professionnel..)
Légalisation du cannabis, avis addictologue

Jean-François Hauteville est infirmier en Centre Hospitalier à Lyon. Il a suivi de nombreuses formations dans l’addictologie, notamment en alcoologie, toxicomanie, jeux pathologiques et troubles compulsifs alimentaires.

Ce n’est pas nouveau : plus on consomme massivement et régulièrement un produit, plus la dépendance sera forte. Mais qu’en est -il réellement de cette dépendance ?

Les données scientifiques affirment que 10 à 15% des fumeurs sont dépendants.
Mais cette notion de dépendance nécessite quelques précisions. On peut ainsi distinguer schématiquement deux types de dépendances :

  • la dépendance psychique. Concrètement, j’absorbe le produit pour soulager des tensions internes, l’anxiété, le stress,… en résumé pour soulager une souffrance psychique.
  • la dépendance corporelle ou physique. La prise de produit vient soulager un manque, un besoin corporel. L’alcoolodépendant, par exemple, devra très tôt, parfois dès le matin, boire pour soulager les tremblements, les nausées, une angoisse massive… etc. Le corps « réclame » alors son produit, il lui est devenu indispensable. 

Cette dernière dépendance est liée à l’effet de tolérance propre à l’absorption de tout produit : à savoir que, pour avoir les mêmes effets, on augmente les quantités et cette augmentation va entraîner mécaniquement la mise en place d’une dépendance corporelle avec des signes de sevrage à l’arrêt tels que des tremblements, des nausées, des sueurs, une angoisse massive….

Dépendance « relative » contre toxicité

Pour le cannabis, la dépendance psychique est bien réelle. Le consommateur va être « en manque » des effets psychoactifs : « J’ai besoin de retrouver l’état que me procurait le produit ».

La dépendance corporelle est, elle, plus complexe.
Le THC (substance psychoactive du produit) a la propriété, quand la consommation est régulière, de se stoker dans les graisses de l’organisme, surtout dans le cerveau.
A l’arrêt, il existe un phénomène de « relargage » : le THC stocké va progressivement s’éliminer et se retrouver dans l’organisme. Résultat, pendants plusieurs jours, le consommateur n’aura donc pas la sensation du manque ; il ne sentira pas l’effet du produit mais les symptômes du sevrage vont être différés.
Quand ils vont apparaître, ils se traduisent en général par une agitation, une perte d’appétit, des nausées, et parfois une augmentation de la température corporelle.

Dans les représentations sociales et politiques, c’est cette dépendance qui fait « drogue » : la complexité de celle du cannabis va donc alimenter les conflits. Les pro-dépénalisations vont mettre en avant cette dépendance « relative » et les anti-dépénalisations vont plutôt accès leur discours sur les effets toxiques du produit.

On  verra dans la prochaine chronique (et dernière sur ce sujet) , les modalités d’usages, souvent associées à d’autres produits et les traitements pour l’arrêt du produit.

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