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Maxi-solidarité pour les microcrédits en France

Publié le 06 décembre 2012 par Edelit @TransacEDHEC

 Muhammad Yunus n’a certes pas inventé la micro-finance mais il a clairement contribué à son déploiement mondial, ce qui aida des millions de personnes dans le besoin et lui valut le Prix Nobel de la Paix en 2006. Dans les années 1970, ce professeur d’économie prit conscience que les modèles économiques qu’il enseignait ne pouvaient guère réduire la pauvreté dans son pays d’origine. En observant des femmes artisanes, il constata que seul le manque de capitaux empêchait les villages bangladais de prospérer. Il leur prêta donc l’équivalent d’une dizaine d’euros afin qu’elles puissent faire évoluer leur activité. Résultat très satisfaisant : ces prêts dérisoires – qui furent entièrement remboursés – permirent aux villages de se développer.

   En 2005, sur les trois milliards de pauvres, 500 millions ont pu bénéficier de microcrédits selon un rapport de la Banque mondiale. Les comptes ouverts se trouvent majoritairement dans les pays en voie de développement. Et pourtant, la France, bien que cinquième puissance économique mondiale, est également concernée par la micro-finance.

Un besoin  accru de microcrédits en France

Si plus de 98% de la population française possède un compte en banque, environ 6 millions de personnes, pourtant solvables, ne peuvent plus bénéficier de crédits bancaires depuis plusieurs années. Ces personnes sont généralement en situation précaire. Elles sont soit au chômage, en contrat à durée déterminée ou ont de faibles revenus. Les raisons de leur surendettement sont essentiellement liées à l’explosion des coûts du logement et de l’énergie, mais aussi à de nouveaux modes de vie tels que la téléphonie mobile et l’internet. Pour s’en sortir, elles vont souscrire des crédits généralement renouvelables auprès d’organismes spécialisés dont certains, sans scrupule, imposeront des taux de plus de 100%. On parlera alors de loan sharks.

Le microcrédit est habituellement utilisé à des fins professionnelles. Il est destiné à la création ou au développement d’une entreprise. Il peut malheureusement également servir à payer des dépenses de santé. Un exemple type est celui du financement de la formation pour passer le permis de conduire et pouvoir obtenir un emploi grâce à celui-ci.

En France, la majorité des bénéficiaires ont moins de 40 ans et empruntent des milliers d’euros à des taux approchant les 10%. L’année dernière environ 20 000 sociétés ont pu être créées et 70% d’entre elles ont franchi la barre de pérennité des trois ans, soit plus que la moyenne nationale. Ce résultat est obtenu grâce à l’accompagnement  personnalisé des emprunteurs afin d’éviter de voir monter le taux d’impayés. La crise des subprimes a bien servi de leçon dans ce cas.

Des organismes qui répondent aux besoins

Les premiers pas de la micro-finance en France remontent à Maria Novak, appelée la « Banquière de l’espoir ». Elle transféra au milieu des années 1980 l’expérience de Muhammad Yunus d’Afrique vers l’Ouest. Au début des années 1990, elle lança les premiers programmes de microcrédit en Europe et en France au sein de l’ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Economique). Cette association, dont elle est la fondatrice, demeure aujourd’hui une des principales Institutions de Micro-finance (IMF) avec France Active et France Initiative. Une IMF est une structure de proximité qui délivre des services financiers à des populations n’ayant pas accès au système bancaire classique. Ses objectifs sont à la fois de contribuer au développement, de lutter contre la pauvreté mais également financiers car elle doit assurer sa pérennité. Grâce à sa structure décentralisée, elle est en contact constant avec les micro-entrepreneurs.

Les étudiants constituent une population idéale pour soutenir les actions des IMF du fait de leur éducation et au bénévolat. Ce n’est sûrement pas un hasard si les principales écoles de commerce et d’ingénieurs possèdent leur propre association de microcrédit. C’est par exemple le cas de l’EDHEC avec Develop qui travaille en partenariat avec l’ADIE et Babyloan. Pour sensibiliser les étudiants de leur école au social business, l’association organise régulièrement des conférences de sensibilisation, des événements pour lever des fonds et accompagne des micro-entrepreneurs locaux.

Huit associations de Grandes Ecoles se sont regroupées en 2011 au sein de la Fédération des Etudiants pour l’Entreprenariat Social (FEDEES). L’objectif était triple : favoriser les échanges entre associations, organiser des évènements communs et être le relais privilégié avec le monde de l’économie sociale et solidaire. La FEDEES a par exemple organisé le FEDEES Challenge Day le 27 Novembre 2012 au cours duquel étudiants et associations ont pu aider à financer des micro-projets sous forme de dons ou de prêts. Au total, cet événement aura permis de récolter 6472,10 € et de financer, par l’intermédiaire de Babyloan, 17 entrepreneurs de pays en voie de développement. Develop, qui réalisa la meilleure performance ce jour-là, obtint à elle-seule 1766,30 € grâce à 90 prêts et 53 dons. Ce bon score lui permit de financer trois projets. Elle aidera ainsi le togolais Kuévi et la palestinienne Amna à cultiver chacun leur potager et la togolaise Mawulé à développer son salon de coiffure.

Nous ne pouvons qu’être satisfaits de la première édition de cet événement et ne pouvons qu’espérer que l’événement se développe rapidement. Pour la prochaine édition, deux nouvelles Ecoles ont dorénavant décidé de rejoindre la FEDEES. Espérons dans un futur proche que la FEDEES puisse également participer un jour au Téléthon du microcrédit.

Marjolaine Basuiau


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