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"Une nouvelle chance" de Robert Lorenz avec Clint Eastwood

Publié le 09 décembre 2012 par Francisrichard @francisrichard

Un immense acteur peut-il prendre sa retraite? Rien n'est moins sûr.

Ainsi, au théâtre Hébertot, à Paris, en 1978, ai-je vu jouer Paul Meurisse, malgré la maladie, dans Mon père avait raison de Sacha Guitry, peu de temps avant sa mort. Il portait un corset. Ce que le spectateur ne pouvait pas soupçonner.

Il y a quatre ans, Clint Eastwood voulait prendre sa retraite d'acteur, après avoir joué dans Gran Torino, sans pour autant abandonner la mise en scène. Il revient cependant sur les écrans avec Une nouvelle chance, dans un rôle qui lui va comme un gant.

Au début de cet après-midi, il faisait froid à Genève, en dépit du soleil. Une salle obscure m'offrit un refuge avec ce film à l'affiche. Je n'ai pas hésité. Je suis entré. J'ai vu. J'ai aimé.

Gus Lobel (Clint Eastwood) est un découvreur de talents au base-ball. Il exerce ce métier, dont il connaît toutes les ficelles, depuis des décennies. Il s'est retrouvé veuf il y a 27 ans, avec une petite fille de 6 ans à élever, Mickey, comme le prénom d'un joueur de base-ball de renom...

Au moment où commence le film, Gus a de sérieux problèmes avec sa vue. Ce qui, en principe, n'est pas compatible avec son métier. Sa fille Mickey (Amy Adams), 33 ans, avocate de talent, se doute de quelque chose, mais ses relations avec son père sont tellement difficiles que ce n'est pas de lui qu'elle l'apprendra et que, très inquiète pour lui, elle le rejoindra, contre son gré à lui, lors des matchs d'évaluation.

Mickey se sent rejetée par son père qui évite toute discussion avec elle dès qu'il s'agit d'évoquer pourquoi il n'a pas voulu l'élever lui-même et l'a confiée, très tôt, à un oncle et une tante, comme pour s'en débarrasser. Elle est devenue avocate pour lui complaire, alors que, comme lui - tel père, telle fille -, elle connaît le base-ball sur le bout des doigts.

Autant Mickey est de son époque, toujours reliée à son smartphone qui sonne intempestivement, jusque dans les moments les plus intimes, autant Gus est d'un autre temps, un temps où les ordinateurs personnels n'existaient pas, mais où l'on était certainement davantage à l'écoute de son intuition, nourrie par des années d'expérience.

Dans le club de base-ball, pour lequel il travaille, Gus est mis en compétition avec Philip Snyder (Matthew Lillard), un geek un peu trop confiant, dans les données statistiques fournies par les nouvelles technologies de l'information, pour détecter les joueurs de premier plan.

Johnny Flanagan (Justin Timberlake) est un ancien joueur de base-ball découvert par Gus. A la suite d'un accident, il a dû renoncer à une belle carrière. En attendant de devenir commentateur, il fait le même métier que Gus pour un autre club. Il tombe raide amoureux de Mickey avec qui il rivalise de connaissances sur le base-ball, mais celle-ci a déjà quelqu'un.

Le dénouement heureux du film est prévisible, mais quelle importance? En effet, comme de bien entendu, la vieille école l'emporte sur la nouvelle. Père et fille se réconcilient sur l'autel du base-ball, après que le père a enfin dissipé les raisons du malentendu qui perdurait entre eux deux - il ne l'a pas rejetée, mais l'a protégée, depuis l'enfance. Johnny et Mickey tombent dans les bras l'un de l'autre.

Cet happy end est réjouissant à un moment où beaucoup de gens broient du noir. Il est d'autant plus réjouissant qu'il montre que la technologie ne résoud pas tout - les hommes ne sont pas de pures mécaniques, qu'il est possible de répertorier aussi facilement que d'aucuns voudraient. C'est en quelque sorte un hymne à la supériorité de la libre appréciation sur le fichage systématique. 

Francis Richard


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