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Matraquage fiscal : sauve qui peut !

Publié le 10 décembre 2012 par Copeau @Contrepoints

Beaucoup de gouvernements à travers le monde continuent de faire preuve d’aveuglement volontaire en abusant de l’outil fiscal.

Par Nathalie Elgrably-Lévy.
Publié en collaboration avec l'Institut économique de Montréal.

Matraquage fiscal : sauve qui peut !

Usain Bolt refuse de courir pour le fisc britannique.

Il est toujours instructif de s’intéresser aux nouvelles internationales. Les leçons que l’on peut tirer des expériences d’autres pays sont précieuses. En matière de fiscalité, par exemple, les nouvelles abondent depuis quelques semaines.

On apprend notamment que :

  • La Grande-Bretagne a perdu les deux tiers de ses millionnaires après avoir augmenté le taux maximal d’imposition sur le revenu de 40% à 50% en 2010. Au final, cette hausse d’impôt a fait perdre au fisc britannique sept milliards £.
  • Plusieurs compagnies américaines importantes se sont réincorporées ailleurs dans le monde afin de réduire leur fardeau fiscal.
  • Des dizaines de grandes compagnies américaines paient actuellement des «dividendes spéciaux» à leurs actionnaires pour leur permettre d’éviter la hausse de taxe qui entrera en vigueur le 1 janvier 2013.
  • Le triple champion olympique Usain Bolt a annoncé qu’il refuse de participer aux compétitions sur le territoire britannique, car il juge confiscatoire l’impôt exigé sur ses gains.
  • En 2010, 717 foyers ont quitté la France pour échapper à l’impôt sur la fortune uniquement, soit deux fois plus qu’en 2001.
  • L’auteur Marc Lévy, le romancier Éric-Emmanuel Schmitt, Alain Delon, Charles Aznavour, José Garcia, les joueurs de tennis Arnaud Clément, Gilles Simon, Richard Gasquet, Gaël Monfils, Jo-Wilfried Tsonga, et Julien Benneteau, les footballeurs Franck Ribéry, Karim Benzema et Patrice Évra, le basketteur Tony Parker, l’acteur réalisateur Dany Boon, Johnny Hallyday et Isabelle Adjani ont tous quitté la France en raison de l’impôt sur les hauts revenus.
  • Plusieurs grandes fortunes issues du monde des affaires français, comme le grand patron de Hermès et les familles Peugeot et Taittinger, ont choisi de s’exiler à l’étranger pour protéger leurs avoirs. À elle seule, la Suisse a accueilli 44 riches familles françaises avec des actifs totaux de plus de 25 milliards d’euros.

Les exemples de ce genre abondent, mais ne surprennent guère. Voilà près de cinq siècles que l’on sait que, au-delà d’un certain taux de taxation, plus on taxe les riches, moins ils paient d’impôts. Malgré tout, beaucoup de gouvernements à travers le monde continuent de faire preuve d’aveuglement volontaire en abusant de l’outil fiscal. En conséquence, leur culture entrepreneuriale se tarit, leurs grandes fortunes fuient, et il reste moins de gens d’affaires dynamiques pour créer des emplois et payer des impôts.

Notre nouveau ministre des Finances, Nicholas Marceau ne fait pas exception. Il est économiste de formation, donc il n’ignore pas que le matraquage fiscal est contreproductif. Malgré tout, il a choisi de nier ce qu’il sait, et ce qu’il a certainement enseigné à ses étudiants pendant des années.

Peut-être s’est-il convaincu que les Québécois n’abandonneront pas leur Belle Province, que le lynchage des riches sera sans conséquence. Peut-être pense-t-il que l’exode fiscal n’arrive qu’aux autres. Ce serait une erreur. D’ailleurs, pourquoi les contribuables québécois auraient-ils un comportement radicalement différent de ceux des autres pays ?

Le plus consternant, c’est que le gouvernement actuel prétend aspirer à former un pays. Dans ce cas, ne devrait-il pas s’évertuer à retenir les travailleurs les plus productifs, les entrepreneurs visionnaires et les investisseurs fortunés ? Au lieu de cela, il prend des mesures qui lui coûteront son élite économique. C’est mal parti !

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