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Les Jardins Statuaires, de Jacques Abeille

Publié le 12 décembre 2012 par Onarretetout

lesjardinsstatuairesSuivre les ramures d’un arbre plutôt que s’en détourner de crainte d’un mauvais présage, voilà le premier conseil du voyageur qui raconte sa découverte du pays des Jardins Statuaires, des jardins où poussent des statues. Vous en reconnaîtrez au passage parce que les jardiniers les exportent vers d’autres pays, donc peut-être le vôtre. Un homme qui marche, un couple embrassé, par exemple. Mais ce n’est pas le plus important. C’est le voyage qui compte le plus, et l’attention aux hommes et aux femmes. N’est-il pas étonnant que la première statue que nous voyons naître soit une Vénus, dans ce pays où nous n’avons jusqu’alors rencontré que des hommes ? « Aucune statue ne doit voir le jour sans caresses ». Voilà un pays où les hommes écrivent des livres quand apparaît une statue d’ancêtre, et que ces livres s’augmentent toujours de témoignages, de récits, car « un livre n’est jamais achevé ». Pas même celui que je tiens dans les mains, qui m’a pris dans son rythme haletant, du Sud au Nord (tandis que je voyageais du Nord au Sud), puis du Nord au Sud (tandis que je revenais). Sous « un ciel bleu de fable », le passage du voyageur, la simplicité de son rapport aux autres changent les relations entre les vivants, les apaisent dans la première partie de son voyage, les inquiètent dans la seconde. Nous sommes dans « un état rêvé », où, quand il faudra combattre, le voyageur conseillera : « Bats-toi mais ne défends rien. ». Dans un monde où il faut toujours prendre soin de l’autre, de la statue, du jardin, de la femme, de l’enfant, surtout des fillettes. Par deux fois, le verbe « se musser » vient se glisser dans les lignes de ce livre : la première fois quand on entend les chants que les femmes chantent pour leurs enfants « qui se mussent sans cesse dans leur giron », la seconde quand l’existence du voyageur est « menacée et toute entière dépendante », et que la troupe de guerriers, leurs bêtes et leurs huttes, « toute cette vie rase se mussait contre les rides passagères de la terre ». Entre ces deux moments, l’aventure est lumineuse, vive, dure, fraternelle, attentive.


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