Magazine Humeur

Les salaires du communautaire et l’industrie de la pauvreté

Publié le 13 décembre 2012 par Raymondviger

Je vous présente dès le départ un conflit d’intérêt me concernant. Je suis le directeur bénévole d’un organisme communautaire. Non seulement le directeur général, mais aussi le directeur artistique, directeur clinique et rédacteur en chef. Tout ça bénévolement évidemment. Je vais commenter les salaires de certains directeurs d’organisme communautaire et de leur personnel. Puisque je m’investis bénévolement depuis 20 ans dans un organisme communautaire, certains seront tentés de dire que je pourrais être jaloux de ces salaires ou encore que je n’ai pas la tête suffisamment froide pour pouvoir commenter ces chiffres.

En résumé je fais parti des organismes communautaires qui travaillent très fort avec des budgets très faibles. Quand chaque dollar qui entre dans notre organisme doit être traité minitieusement pour faire le plus de millage possible, cela me donne une vision très différente sur les argents qui sont versés pour soulager la pauvreté dans notre société.

Salaires et comptes de dépense

TVA nous présente certains salaires, par exemple Vision Montréal: un directeur général gagne 200 000$ et 9 autres membres du personnel gagnent entre 120 000$ et 200 000$. C’est près de 2 millions en salaire pour 10 employés. Centraide, Moisson Montréal et le Club des petits déjeûners ont aussi été écorcher par TVA.

On y a présenté des salaires entre 120 000$ et 200 000$. Mais qu’en est-il des comptes de dépenses. J’ai vu des direction où le compte de dépense était égale et même supérieur au salaire!

Vous me direz qu’un compte de dépense c’est pour payer les dépenses encourues pour faire son travail. Pas toujours. Il y a eu des voyages au Mexique, pour la direction, le conjoint et les enfants! Les comptes de dépenses peuvent, pour certains, faire parti intégrante du salaire et… SANS PAYER D’IMPÔTS, en plus!

Pot de vin et magouilles

Des pots de vin et des magouilles, il y en a. J’ai vu des directeurs d’organismes déchirer leurs chemises en voyant la gestion de certains fonds. Mais avec des enveloppes et des petits cadeaux variant entre 5 000 $ et 12 000$, il se sont vites rassieds.

La précarité de certains emplois dans le communautaire ne permet pas à tous les employés de dénoncer tout haut tout ce qui peut se passer. Même les organismes communautaires se retrouvent souvent en conflit d’intérêt. Pour obtenir une subvention, il faut souvent obtenir des lettres d’appui… souvent de ces mêmes organismes que vous voudriez dénoncer ou questionner leur gestion d’argent.

L’industrie de la pauvreté

Léa Pool a réalisé un documentaire sur l’industrie du ruban rose reliés au cancer du sein. Il y a sûrement d’autres documentaires à réaliser.

Le marketing social peut nécessiter des gens d’expérience qui coûtent chers pour… nous conter fleurette et obtenir des objectifs de rentabilité qui ne servent qu’à payer ces gros salaires!

Exemple: sur le site de l’Université McGill, on propose aux employés de se faire prélever des montants sur leur salaire pour envoyer l’argent à Centraide.

Grâce à votre don de 260 $ à Centraide ou 10,83 $ X 24 payes un travailleur de rue peut passer 17 heures avec des jeunes dans un quartier défavorisé pour prévenir la violence et la toxicomanie et contrer l’attrait des gangs de rue.

Désolé, mais c’est de la poudre aux yeux:

Un don de 260$ est hypothéqué par les frais administratifs pour payer les employés de Centraide. Cela laisse donc un don de 180$ pour un organisme communautaire. Même si je suppose que cet organisme communautaire qui reçoit ce don n’a pas de frais de gestion, d’encadrement, de loyer, de frais comptables ou autres dépenses  pour gérer ce don de 180$, il doit tout de même verser  les charges sociales pour l’embauche du travailleur de rue. Je ne parle pas des impôts que l’employé doit payer mais de la part que l’employeur doit prélever sur l’argent versé à l’employé et qui doit être envoyé aux gouvernements. Le don de 180$ ne vaut plus que 155$. Pour 17 heures de travail de rue, cela donnerait un taux horaire de 9,11$, soit moins que le salaire minimum!

Dire qu’il y a de gros salariés chez Centraide pour tenter de me faire gober l’idée qu’un travailleur de rue gagne moins que le salaire minimum.

Dire qu’il y a des gens à l’Université McGill qui ont dû se questionner pour accepter de vendre Centraide à leurs employés.

Et on n’arrive à de telles abberrations.

Morale de cette histoire: dans le communautaire, plus tu travailles fort et moins tu es payé.

Morale de cette morale: puisqu’en politique les salaires sont sus et connus de tous, pourquoi ne pas avoir la même transparence dans les organismes communautaires? À partir du moment que tu es communautaire, tu appartiens à la communauté.

PS: j’aimerais bien avoir plus de temps pour écrire.

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