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Où est le pilote ?

Publié le 20 décembre 2012 par Toulouseweb
Où est le pilote ?Premičre présentation en vol de l’UCAV nEUROn.
Le Rolls-Royce/Turbomeca Adour est un moteur peu bruyant. Du coup, quand le nEUROn prend son envol sur l’interminable piste d’Istres quelques instants aprčs un Rafale, ŕ premičre vue, il est tout sauf impressionnant. Il décolle Ťbienť, normalement pourrait-on dire, et ne suscite pas de commentaires particuliers. Si ce n’est qu’il quitte le sol, ce mercredi, sous le regard attentif de dizaines d’officiels, industriels partenaires, hauts gradés, descendus dans les Bouches-du-Rhône le temps d’applaudir avec conviction cet OVNI, pardon, cet UCAV, qui conduit résolument l’aviation de combat vers une čre nouvelle. Ce mercredi, il a fait son entrée officielle dans un monde qu’il est visiblement pręt ŕ révolutionner.
Un peu plus tard, il revient, effectue un impeccable Ťkiss landingť, fait élégamment demi-tour, remonte lentement un chemin de roulement, procčde ŕ un élégant 90 degrés pour mieux se présenter aux invités, comme s’il voulait les saluer. S’en suivent de nouveaux applaudissements. Mais ŕ qui s’adressent-ils ? Quelques instants plus tard, Serge Dassault résumera le sentiment général, en quelques mots : Ťon avait envie de féliciter le pilote …qui n’existe pasť. La veille, le quotidien Les Echos, pourtant peu enclin ŕ manier quelque forme d’humour que ce soit, et qui n’évoque jamais le monde de la bande dessinée, n’en avait pas moins comparé le nEUROn ŕ un objet échappé d’une histoire de Black et Mortimer. Bien vu.
Le fait de découvrir le démonstrateur technologique ŕ Istres avait par ailleurs valeur de symbole. En effet, le centre d’essais en vol de Dassault installé sur cette grande base de l’armée de l’Air a vu défiler en 60 ans plus d’une centaine de prototypes et a contribué ŕ écrire quelques-unes des plus belles pages de l’aéronautique française. Cela grâce ŕ un bureau d’études fort d’ingénieurs talentueux, certes, mais aussi avec l’aide de pilotes téméraires, pour certains encore dans toutes les mémoires. Et, cette fois-ci, pour la premičre fois, on doit le marteler pour y croire, il n’y a pas de pilote ŕ bord. C’est la victoire absolue de la technique, de l’informatique, obtenue grâce au travail de concepteurs de six nationalités réunis au sein d’un Ťplateau virtuelť.
C’est lŕ une forme novatrice de coopération européenne, dira Charles Edelstenne, PDG de Dassault Aviation, s’exprimant sous le contrôle approbateur de Laurent Collet-Billon, patron de la DGA. Une forme novatrice de coopération, grâce aux outils PLM de Dassault Systčmes. Męme Black et Mortimer seraient dépassés, s’ils avaient été conviés ŕ cette présentation.
L’exploit que constitue le nEUROn est loin d’ętre exclusivement technique. Charles Edelstenne a énuméré les conditions de l’optimisation de cet effort collectif : forte implication des gouvernements des six pays participants, organisation simple et claire, utilisation de compétences existantes de chacun des partenaires, emploi d’un Ťlangageť industriel unique.
Le directeur de la DGA l’a souligné : les logiques nationales sont dépassées. Une occasion de noter qu’il n’y avait pas eu de démonstrateur technologique en Europe depuis 20 ans. Une lacune dont on ne dira jamais assez les grands dangers : pour s’en convaincre, il suffit d’observer ce qui se passe outre-Atlantique. Reste ŕ savoir comment le nEUROn sera valorisé, quelle suite lui sera donnée.
Entre-temps, pour la petite histoire, les paris sont ouverts : le nEUROn sera-t-il présenté en vol au prochain salon du Bourget, dans 6 mois ? Ce n’est pas impossible, encore que cette éventualité suppose d’interrompre un programme d’essais trčs chargé. On n’imagine pas, en effet, que l’appareil rallie le Bourget en vol : on n’en est évidemment pas encore lŕ. Quoi qu’en disent les amis de Black et Mortimer.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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