Magazine Journal intime

Bonne fin du monde

Par Eric Mccomber
J'atteins parfois des moments de sérénité. * J'ai viré pour un temps l'interaction gluten-lactose dans l'espoir d'obtenir une plus grande clarté mentale. Comme par magie, au bout de quelques semaines, ça a fonctionné. Il ne me reste plus qu'à supporter la vie dans cet état. À cette date l'an dernier j'étais au plus profond de ma confusion éthylique. Franchement, j'avais l'impression d'aller mieux. La recette du grand gourou contre les ongles incarnés : amputer les membres. Me voilà presque lucide et je découvre avec stupeur que je ne comprends rien à rien. C'est déjà pas mal. * Modestine est revenue. Au summum de notre froid je lui ai ouvert la fenêtre là-haut et je l'ai appelée. Elle était assise sur le toit et regardait la rue en bas, à la pluie. Il faisait plutôt froid pour une minette languedocienne (8 c). Elle s'est retournée, m'a jeté un long regard, puis a replongé son regard vers le réverbère de la rue du Four. Je suis resté pantois un instant puis j'ai fermé la fenêtre. Elle a sans doute beaucoup réfléchi cette nuit-là. Je l'ai fait rentrer au matin et elle a passé deux heures vautrée sur moi à ronronner comme une odalisque. C'était chouette de retrouver mon amante, même si elle avait le poil tout dégueulasse et qu'elle était (du moins au début) froide comme une omelette qui sort du frigo. Bon, y a pire, hein, y a la guerre, y a la faim dans le monde, y a le dernier James Bond. L'humanité souffre. * En raison d'une partie importante d'un scénario de film sur lequel je travail depuis l'assassinat du Duc Franz Fredidi, j'ai commencé à visionner des Kung Fu. Je ne connaissais que Bruce Lee ou presque, que j'avais vu à l'œuvre dans la série de navets réunis dans une sorte de coffret dont tout le luxe et la beauté étaient concentrés sur le boitier. En fait, je crois avoir presque tout vu ce qui s'est fait, en sept ou huit mois. J'ai fini par maîtriser le genre à la perfection. Voici d'ailleurs un projet de film d'une heure quinze qui atteint la pureté et la limpidité d'une prière bouddhiste. _____ LE POING DU DRAGON ©2012 Éric McComber Extérieur jour, la cour paisible d'une grande maison cossue. Soudain : LES GARDES Ne le laissez pas s'échapper ! Ne le laissez pas s'échapper ! Ne le laissez pas s'échapper ! Poursuite dans les rues de la ville. Poursuite en forêt. Poursuite dans la jungle. Poursuite dans le désert. Ils se battent. Fu Dang Têt tue tous les méchants (en finissant par Lu Fu Qi Pu, leur chef qui porte des moustaches) et prend dans ses bras sa nana, transpercée de dix-huit sabres empoisonnés aux lames couvertes de piquants badigeonnés de cayenne et de sauce à ramen. ROSE DE CRISTAL Mon chéri. N'oublie pas le scorpion mauve. Et rapporte le papyrus au temple… de… ma… paaart… Ah, ah, ahaaah… Rurghh… FU DANG TÊT Noon ! Rose de cristal ! Ne meurs pas ! Je te soignerai ! Je te porterai au monastère de Yem Ahn Tal… Noooon ! Noooon ! Noooooooooooo (six pages de ---) ooooooon. Générique (funky yéyé avec sitar) _____ * Le travail avance dans mon studio. Je bosse sur le disque d'une future gloire de la scène rétro cold wave (ou néo new no wave). Le premier morceau hante le cerveau de quiconque l'entend une fois. Autrement, j'ai bien une trentaine de pièces en route et ça commence à sonner un peu. * La convalescence est parfois décourageante. Tous les quatre ou cinq jours, j'ai une mauvais journée au cours de laquelle je ne peux rien faire d'autre que me rouler en boule et attendre que les souffrances cessent. * J'ai trouvé une manière assez naturelle de vivre les cycles de la vie. En fait, je me laisse guider par la courbe élégante de vitalité tout organique de ma… morphine. Quand je dors, je dors. Quand j'ai la pêche, j'ai la pêche. Et entre les deux, je me tape Return of the son of Shadowless Sword part VI. * Je passe beaucoup d'énergie à doser mon existence entre mon envie furieuse de jouer de la guitare et mes soucis de neuropathie et de tendinites. C'est bête, parce que j'arrive à un stade d'épanouissement sur l'instrument que je n'avais pas envisagé jusqu'ici. Enfin, ça a été très long, comme cheminement. * Tout ça pour ça, si dans quelques heures…  © Éric McComber

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