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Coltrane pour les débutants (1926-1967)

Publié le 20 décembre 2012 par Oreilles

Il est toujours trés distingué de dire qu'on écoute du noise rock et du Coltrane, et l'on remarquera que tout bon disquaire indé un peu pointu propose désormais un petit bac Miles Davis et un petit bac Coltrane. Si vous n'avez jamais écouté, si vos premières écoutes vous ont déçu, ou si vous faites semblant d'aimer, en société (ce que tout le monde fait un jour ou l'autre, Bourdieu appelle ça "la distinction"), ce petit post est pour vous. Coltrane peut être une bonne porte d'entrée dans le jazz, même si le plaisir immense et l'excitation qu'on peut ressentir à l'entendre jouer seront grandiEs par l'éducation progressive de votre oreille aux beautés du jazz.
Commençons par les mélodies. Coltrane est un grand mélodiste, même si ce n'est pas ce qu'on retient toujours en premier de lui. Si le jazz vous ennuie, vous ne pourrez être insensible à ces mélodies. J' en propose trois : "Naima" (Giant steps), "After the rain" (Impressions), et "In a sentimental mood" (Coltrane plays with Ellington). la première est une déclaration d'amour à sa première femme Naima, une mélodie aux notes trés étirées qui disent l'extase et la plénitude du sentiment amoureux. Coltrane l'adorait, et l'a souvent joué sur scène (Live at the village vanguard again!). La deuxième a la beauté d'une coda, tandis que la dernière vous donnera un exemple de ce qu'on entend jouer "avec du sentiment", une merveille qui doit autant au génie d'Ellington qu'à la sensibilité de Coltrane. Coltrane c'est aussi un son, dense, souvent puissant et violent, qui ne recherche pas toujours la joliesse, et qui se développera dès 58 (Coltrane standarts), avant le classic quartet des années 60, et qu'on peut entendre déjà dans les collaborations avec Davis et Cannonball (Le "sextet" de Davis, 58-59) sur Kind of Blue ou Milestones. On peut écouter pour en avoir une idée l'attaque époustouflante de son solo sur "Freddie Freeloader" (Kind of Blue); tout en points d'exclamation d'une intensité incroyable. L'ingé son de Columbia dût reculer un peu le micro tellement la puissance d'émission était hors du commun. Cannonball disait qu'il n'avait jamais entendu jouer le blues comme ça !
Le style, enfin. Les phrases de Coltrane peuvent être d'une délicatesse et d'une nuance infinie, comme elles peuvent vous emporter dans la tourmente la plus intense, avec une nouvelle manière de phraser caractérisée notamment par ce qu' Ira Gitler appelle des "sheets of sound", des nappes de son. Pour la délicatesse, on peut écouter son solo sur "Flamenco sketches" (Kind of Blue), un truc d'une douceur inouie, qui confine au murmure. Pour la tourmente, le solo du dernier morceau, "Psalm", de A love supreme. Je compte sur les copains passionés pour compléter ce post !
Bonne écoute !

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