Magazine

Une société grecque qui agonise

Publié le 20 décembre 2012 par Zappeuse

athènesParler de la crise grecque …. dire encore et encore que, ployant sous le poids des mesures drastiques imposées par les lois de la finance, la Grèce est plongée dans une crise sociale dure et durable que la récente amélioration de la note par Standard&Poors ne fera pas disparaître d’un coup de baguette magique … dire quoi d’autre enfin ? peut-être juste être solidaire, et pour être solidaire il faut comprendre ce que plonger dans la misère veut dire.
Prenons l’exemple des soins médicaux. Avant la crise, se faire soigner et bien soigner était la règle. Les personnes à qui on diagnostiquait un cancer avaient droit à un traitement de chimiothérapie, à d’éventuelles interventions chirurgicales quand cela était nécessaire, dans des délais suffisamment courts pour pouvoir guérir. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. Sans argent, la tumeur, même diagnostiquée, se développe sans que rien ni personne ne l’interrompe. J’attends les effets sur l’espérance de vie. Les malades chroniques ne peuvent plus acheter les médicaments qui les gardent en bonne santé voire qui les gardent tout simplement en vie. Les hôpitaux n’ont plus d’argent, plus de quoi payer les personnels chargés de l’entretien (entretien donc assuré par les soignants), plus de quoi acheter le matériel de base. On se croirait dans un des pays les plus pauvres du monde. Pour s’y faire soigner, il faut non seulement payer mais il faut en plus fournir linge et nourriture.
A propos de nourriture, combien de Grecs aujourd’hui font les poubelles ? Combien sont-ils dont les pensions de retraite ont été divisées par deux ? Le taux de chômage dépasse 25% de la population active, et les solidarités familiales traditionnelles ne fonctionnent plus puisque toutes les générations sont touchées de plein fouet par la chute vertigineuse des revenus.
Pas étonnant que le nombre de suicides augmente, surtout chez les hommes. Ces derniers se sentent atteints dans leur virilité et craquent. Même le foot, sport national, est touché : l’équipe d’Athènes ne peut plus jouer le soir, l’électricité coûte trop cher et il devient hors de question d’éclairer le stade.
Que faire ? partir en laissant tout derrière soi ? oui mais il y a la maison qu’il faut finir de payer et qui, crise oblige, ne trouvera pas d’acquéreur. Oui mais surtout, pour partir, il faut encore quelques moyens : les billets d’avion, c’est cher. Et puis pour aller où ?
Que faire ? trouver un bouc émissaire et lui faire porter tous les maux de la terre. Je n’approuve pas le racisme qui se développe en Grèce, cette haine contre ceux qui ont une autre couleur et qu’on assimile à tort à des envahisseurs. Je n’approuverais jamais les slogans nazis qui ont fleuri de-ci de-là dans les manifs. Je n’approuve pas mais je comprends, le désespoir est si grand. Et ça fait peur. Car quand c’est une société entière qui désespère, la démocratie est en danger, même sur la terre qui l’a inventée il y a vingt-six siècles.

—> illustration :

  • Athènes au printemps 2006, on ne parlait pas alors de crise …

—> à cliquer :



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Zappeuse 1046 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte