Italie: un éléphant, ça trompe énormément

On redoutait un report des élections législatives et il n’aura pas lieu. Cependant, un autre candidat, surnommé l’“elefantino”, s’est invité dans la campagne, réussissant à accrocher toutes les Unes des journaux sur le thème de l’avortement.

Personne n’y croyait vraiment, mais à présent la date est confirmée. Il n’y aura pas de report des élections. Le petit parti Démocratie chrétienne, ayant bénéficié d’une décision judiciaire en sa faveur a néanmoins décidé de renoncer à se présenter au scrutin des 13 et 14 avril prochains.
Un gêneur en remplace un autre. Celui-ci est encombrant, c’est le moins que l’on puisse dire. Giuliano Ferrara, surnommé L’“elefantino” joue les trouble-fêtes. Il a créé la liste "Avortement, non merci". Il fait campagne sur cette thématique provocante et exhorte les Italiens à dénoncer l'interruption volontaire de grossesse. C’est un sujet très sensible en Italie, qui entraîne de vives émotions et peut facilement basculer dans la violence.
Après avoir lancé l’idée d’un moratoire des avortements, sur le modèle de celui de la peine de mort proposé par l’ONU, Giuliano Ferrara, faute d’avoir pu parvenir à un accord avec Silvio Berlusconi, a monté sa propre liste “Avortement ? Non merci !”Contre toute attente, ce thème a supplanté des sujets comme le pouvoir d’achat, la sécurité, le chômage, l’immigration, et la réforme des institutions…
L’Eglise, pragmatique, s’est montrée réservée vis-à-vis d’une initiative, dont elle craint une dispersion des voix catholiques, ainsi que le contrecoup d’un résultat électoral marginal.
Qu’importe, le fondateur du quotidien intellectuel “Il Foglio”, ancien communiste, ex-ministre de Silvio Berlusconi, estime que quelque soit le résultat des élections, son action a réussi à "rompre un silence qui durait depuis trente ans". Il a contraint les politiques et les intellectuels, à se positionner sur un sujet pour lequel ils préféraient imiter un animal bien identifié pour son courage : l’autruche.  

 
Sandrine Kauffer