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Forsythe au plus haut

Publié le 20 décembre 2012 par Popov

Forsythe au plus haut

Dès le lever de rideau "In the middle, somewhat elevated" donne le ton de la soirée. Valentine Colasante et Vincent Chaillet, Christelle Granier s'emparent avec un grande vivacité de l'œuvre créée en 1987 et dansée mille fois par leurs aînés. L'œuvre de Forstythe n'a pas pris une ride et garde la puissance et l'énergie de la création. Energie ? Le mot est faible. Ce qui fait le charme de Forsythe, c'est que le chorégraphe ne s'est pas contenté de renouveler le langage de la danse classique mais d'en conserver les forces telluriques et de concilier l'air et la terre. De frôler avec le déséquilibre, le vertige, la beauté apollinienne sans sombrer dans l'esprit de sérieux. Forsythe, élève surdoué de John Cranko est un métaphysicien de la danse. Le charme lancinant de "In the middle" procède du Mystère. Décomposition du mouvement ? Ralentissement du geste ? Glissements progressifs du désir ? Mettre des mots sur pareil agencement semble une hérésie. La singularité de Forsythe réside pour beaucoup dans la complicité nouée avec le musicien Thom Willems qui a composé près de 25 de ses ballets. Thom Willems est à Forsythe ce que Rota est à Fellini ou Hermann à Hitchcock, un opérateur stylistique essentiel.Le hollandais a étudié la composition électronique et instrumentale au conservatoire et son approche n'est pas narcissique mais dévouée.

La chorégraphie est un art

Dès les premières mesures, "quelque chose d'élevé", s'empare de facto de l'esprit du spectateur, quelque chose de vraiment singulier, rythmé et moderne, quelque chose de jamais entendu et qui colle à chacun des gestes effectués sur scène avec une précision d'orfèvre... Ici, tout n'est que puissance, sérénité, énergie au service du mouvement. La mayonnaise prend et surprend.

A l'emblématique pièce, In the middle Somewhat elevated, œuvre symbolique, caractéristique succède - comme s'il fallait se remettre- une œuvre brève de Trisha Brown (mais quelle œuvre et quelle intelligence dans la programmation) "O Zlotony, O composite" trio repris à la distribution étoilée. Nicolas Le Riche, Jérémie Bellingard et Isabelle Ciaravola sont ces étoiles matures scintillant ce soir-là sur fond de nuit. En apesanteur sur la musique sensuelle de Laurie Anderson (Prrrou... prou... glougloute l'oiseau du poète Polonais Czeslaw Milosz) l'aparté est fluide, précis, aérien et solennel. Un bijou !

Avec Woundwork1 Forsythe pousuit sa déconstruction de la danse classique et dévide son alphabet nouveau de mouvements. Avec mention spéciale pour ce quatuor calme et géométrique à Emilie Cozette et Benjamin Pech, sensuels instables et exacts. Pas/ Parts, enfin, pièce lumineuse avec les costumes bicolores plein de ressources scéniques de Stephen Galloway, œuvre la plus récente de l'hommage (1999) offre à la jeune garde du Ballet l'occasion de montrer ce qu'elle a sous les chaussons lors des nombreux duos ou dans le final dyonisiaque. Il faut dire que le cha-cha-cha techno ciselé par Willems, réveillerait les fantômes du lieu.


WILLIAM FORSYTHE - TRISHA BROWN : BALLET DE L'OPÉRA IN THE MIDDLE, SOMEWHAT ELEVATED Thom Willems Musique originale William Forsythe Chorégraphie, scénographie, costumes et lumières (Opéra national de Paris, 1987) O ZLOTONY / O COMPOSITE Laurie Anderson Musique originale Trisha Brown Chorégraphie (Opéra national de Paris, 2004) WOUNDWORK 1 Thom Willems Musique originale William Forsythe Chorégraphie, décor et lumières (Opéra national de Paris, 1999) PAS. / PARTS Thom Willems Musique originale William Forsythe Chorégraphie, scénographie et lumières (Opéra national de Paris, 1999) Les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet 


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