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Critiques en vrac 74: Touristes – Les 5 Légendes – 7 Psychopathes – L’Homme aux Poings de Fer

Par Geouf

Touristes (Sightseers)

Critiques en vrac 74: Touristes – Les 5 Légendes – 7 Psychopathes – L’Homme aux Poings de FerRésumé: Chris (Steve Oram) pousse Tina (Alice Lowe), sa petite amie, à laisser sa mère possessive pour partir en road trip autour du Royaume-Uni avec lui. Tout est planifié à la perfection pour que le couple passe de fantastiques vacances en caravane. Malheureusement, c’est sans compter le côté psychopathique de Chris, qui élimine au fil du chemin toutes les personnes qui l’agacent…

Après l’étrange Kill List, le réalisateur britannique Ben Wheatley revient cette année avec une nouvelle œuvre horrifique. Mais plutôt que de suivre le même schéma que son précédent film, il embarque cette fois-ci le spectateur dans une comédie noire grinçante suivant les tribulations d’un couple de meurtriers en vacances.

A l’instar de Kill List, Touristes possède définitivement un ton et une ambiance particuliers. L’image brute de décoffrage donne un côté pris sur le vif parfois assez déstabilisant, mais renforce. L’humour noir du réalisateur fonctionne à merveille, et la satire féroce des manies des britanniques (l’obsession de la propreté, l’alcoolisme latent) fait très souvent mouche. Mais même si l’intrigue est ici plus linéaire que dans Kill List, on peine parfois à voir où le réalisateur veut en venir. Certaines pistes ou personnages sont à peine esquissés avant d’être abandonnés (la mère possessive de Tina, qui semble plus accessoire qu’autre chose au final), et le final tombe un peu comme un cheveu sur la soupe. Le film semble manquer de but, et surtout Wheatley ne réussit jamais à provoquer la moindre empathie pour ses étranges héros, malgré le talent des deux acteurs principaux. Steve Oram et Alice Lowe sont d’ailleurs tout simplement formidables incarnant à l’écran un couple des plus dérangeants.

Bien que férocement réjouissant et hilarant par moments, Touristes possède le même gros défaut que Kill List, le regard assez distancié du réalisateur sur son histoire et ses personnages, qui fait que l’on ne réussit quasiment jamais à les comprendre ou à s’attacher à eux. Dommage, car avec un peu plus d’implication émotionnelle, Touristes aurait pu côtoyer des classiques de la comédie grinçante britannique comme Petits Meurtres entre Amis.

Note : 6/10

Royaume-Uni, 2012
Réalisation: Ben Wheatley
Scénario: Alice Lowe, Steve Oram
Avec: Alice Lowe, Steve Oram, Eileen Davies, Richard Glover, Monica Dolan, Jonathan Aris

 

Les cinq Légendes (Rise of the Guardians)

Critiques en vrac 74: Touristes – Les 5 Légendes – 7 Psychopathes – L’Homme aux Poings de Fer
Résumé: Il y a bien longtemps, un être mystérieux résidant sur la lune a choisi quatre personnages légendaires pour veiller sur les enfants du monde : le Père Noël, le Lapin de Pâques, la Fée des Dents et le Marchand de sable. Mais un terrible danger menace les enfants du monde, et ces quatre gardiens vont devoir faire appel à un nouvel allié, Jack Frost, pour pouvoir combattre un vieil ennemi…

Alors que Dreamworks Animation semble s’enfoncer d’année en année dans la facitié en enchaînant les suites au rabais (Madagascar 3, Shrek 4, etc) ou les films à l’humour tellement référentiel qu’ils sont périmés un mois après leur sortie (Monstres contre Aliens), il arrive parfois qu’un miracle se produise et redonne espoir dans la capacité du studio à proposer du neuf. En 2010, ce miracle se nommait Dragons, et cette année, il s’agit des Cinq Légendes, conte de Noël qui ravira certainement petits et grands.

La raison du succès de ce nouveau film est très certainement due à la présence au poste de producteur bienveillant de Guillermo del Toro. On retrouve ici les thèmes fétiches du réalisateur des Hellboy et du Labyrinthe de Pan : la famille recomposée, la quête d’identité, le besoin de trouver sa place dans le monde, et surtout de garder son âme d’enfant et de croire en la magie. Du coup, Les Cinq Légendes possède une sincérité et un souffle magique que l’on n’attendait plus chez un studio que l’on pensait gangréné par l’appât du gain et le cynisme. Certes, le film de Peter Ramsey ne révolutionne pas le genre du film pour enfants, mais fait montre d’un vrai attachement pour ses personnages (notamment le très beau personnage de Jack Frost), parfaitement doublés en VO par des acteurs de renom (Chris Pine, Hugh Jackman, Jude Law, Alec Baldwin, etc), ce qui fait qu’on s’intéresse vraiment à leur destin. Le réalisateur saupoudre le tout d’un humour bienvenu mais jamais cynique (dont un clin d’œil savoureux à la petite souris des dents bien française), et le film regorge d’idées visuelles (les rêves créés par le marchand de sable, le monde du Lapin de Pâques) et scénaristiques (les elfes idiots, les yétis qui les remplacent dans l’atelier du Père Noël). Enfin, visuellement, c’est un émerveillement de tous les instants, que ce soit au niveau des environnements variés ou des scènes dynamiques (les « glissades » de Jack Frost).

Au final, il manque juste aux Cinq Légendes un méchant digne de ce nom, le Croquemitaine du film s’avérant un peu falot à côté de ses antagonistes, malgré un plan des plus machiavéliques. Sans atteindre les cimes de Dragons ou d’un Pixar de la grande époque, Les Cinq Légendes est au final un divertissement plus que recommandable qui arrive à point nommé pour les fêtes de Noël.

Note : 7/10

Etats Unis, 2012
Réalisation: Peter Ramsey
Scénario: David Lindsay-Abaire
Avec: Chris Pine, Alec Baldwin, Huch Jackman, Jude Law, Isla Fisher

 

7 Psychopathes (Seven Psychopaths)

Critiques en vrac 74: Touristes – Les 5 Légendes – 7 Psychopathes – L’Homme aux Poings de Fer
Résumé : Scénariste hollywoodien de renom, Marty (Colin Farrell) a du mal à accoucher de son nouveau script, titré Sept Psychopathes. Son meilleur ami Billy (Sam Rockwell), un glandeur spécialisé dans l’enlèvement de chiens, se propose alors de l’aider. Mais lorsque Billy et son associé Hans (Christopher Walken) enlèvent par mégarde le chien d’un mafieux local (Woody Harrelson), ils vont entrainer Marty dans une spirale meurtrière infernale.

Quatre ans après le mémorable Bons Baisers de Bruges, qui dynamitait le genre du « polar cool britannique », Martin McDonagh revient sur les écrans avec son premier film hollywoodien, 7 Psychopathes. Pour l’occasion, il retrouve Colin Farrell, et s’adjoint les services d’une bande de comédiens confirmés : Sam Rockwell, Woody Harrelson, Christopher Walken, Michael Pitt, Abbie Cornish, Harry Dean Stanton, Tom Waits, Olga Kurylenko… Un casting hétéroclite, pour un film ne ressemblant à aucun autre. Regorgeant de 1001 idées, 7 Psychopathes fait preuve d’une inventivité de tous les instants, et même si on frôle parfois l’overdose, le film est tout simplement jubilatoire de bout en bout. Satire féroce d’hollywood et de l’incapacité des scénaristes actuels de proposer autre chose que du réchauffé, du consensuel ou du déjà vu, le film de Martin McDonagh propose une intrigue à tiroirs dans laquelle tout peut arriver, aussi bien l’imprévisible que le cliché le plus éculé (le « lieu parfait pour le standoff final » en est le parfait exemple), et tout est justifié par le script (même la raison pour laquelle un homme se balade avec un lapin dans les bras).

Mais malgré un côté un peu poseur, 7 Psychopathes tire son épingle du jeu grâce à d’excellents personnages. Les dialogues font mouche à tous les coups, et le casting en or donne corps à des personnages multidimensionnels. Colin Farrell joue à merveille les losers éberlués devant les magouilles de ses potes, Woody Harrelson campe un caïd de la pègre à la fois hilarant (il passe son temps à pleurnicher parce qu’il a perdu son chien) et effrayant dans sa froide détermination. Mais ce sont surtout Sam Rockwell et Christopher Walken qui tirent leur épingle du jeu. Le premier incarne un barjot absolument imprévisible et pour qui l’amitié n’a pas de limites, et le second est le véritable cœur du film, composant un personnage tragique et magnifique, et volant la vedette à ses partenaires dans toutes les scènes où il apparait.

Avec 7 Psychopathes, Martin McDonagh continue sur la droite lignée de son premier film. Et même si Bons Baisers de Bruges était plus fort émotionnellement, ce nouveau film ne démérite pas et s’avère un sacré morceau de pellicule azimuté.

Note: 8/10

Royaume-Uni, 2012
Réalisation: Martin McDonagh
Scénario: Martin McDonagh
Avec: Colin Farrell, Sam Rockwell, Christopher Walken, Woody Harrelson, Abbie Cornish, tom Waits, Olga Kurylenko

L’Homme aux Poings de Fer (The Man with the Iron Fists)

Critiques en vrac 74: Touristes – Les 5 Légendes – 7 Psychopathes – L’Homme aux Poings de Fer
Résumé: Dans le petit village de Jungle City, la guerre entre clans fait rage. Mais lorsque Silver Lion (Biron Mann) assassine le chef de son clan, Gold Lion (Kuan Tai Chen) et dérobe un coffre rempli d’or appartenant à l’Empereur, c’est tout le village qui se retrouve en danger. Le forgeron du village (RZA) va se retrouver bien malgré lui au cœur du conflit, et ne pourra compter que sur l’aide de Zen Yi (Rick Yune), le fils de Gold Lion, et d’un mystérieux étranger, Jack Knife (Russel Crowe).

Célèbre membre du Wu-Tang Clan et compositeur de nombreuses BO de films (8 Mile, Babylon AD, Blade Trinity…), le rappeur RZA est surtout connu des cinéphiles pour sa participation remarquée à la BO du Kill Bill de Quentin Tarantino. Une rencontre qui finit par décider RZA à se lancer dans la réalisation de son premier long-métrage, parrainé à la fois par Tarantino et par Eli Roth, avec qui il a coécrit le scénario.

A la vision du résultat final, il est évident que RZA est un énorme fan de films de kung fu, et qu’il a un énorme respect du genre (ce qui explique pourquoi Tarantino a décidé de parrainer ce projet). L’Homme aux Poings de Fer est un spectacle énergique et généreux, dans lequel le spectateur en a pour son argent, que ce soit en termes de nombre d’affrontements, dans la variété de ceux-ci, ou encore dans la violence cartoonesque (le film est très gore, mais la violence est désamorcée par son côté « over the top »). Il est aussi clair que RZA a le sens de l’humour et ne se prend pas au sérieux. L’Homme aux Poings de Fer est un film totalement fou dans lequel les différents clans portent des noms d’animaux et leurs membres arborent des costumes ou coiffures en relation avec le nom de leur clan, Russel Crowe se prend pour Clint Eastwood période trilogie des dollars, un des méchants semble tout droit sorti d’un jeu vidéo ou d’un comics (il est capable de changer sa peau en métal), et le scénario n’est qu’un prétexte à multiplier les affrontements.

Cette générosité permet de sauver le film de ses nombreux défauts, à commencer par des combats filmés de façon un peu brouillonne, défaut un peu rédhibitoire pour un film de kung fu. Malheureusement pour RZA, il n’est pas non plus très bon acteur, et il plombe la plupart des scènes dans lesquelles il apparait par son manque de crédibilité et sa mollesse. Heureusement, le reste du casting relève le niveau, notamment Lucy Liu en propriétaire de bordel sans scrupule, et un Russell Crowe en roue libre qui semble s’amuser comme un petit fou.

In fine, L’Homme aux Poings de Fer force la sympathie par son côté foutraque et sa générosité, mais est sérieusement plombé par le talent limité de RZA pour la réalisation et la comédie. Gageons que le réalisateur fera mieux pour son second essai.

Note : 5.5/10

Etats Unis, 2012
Réalisation: RZA
Scénario: RZA, Eli Roth
Avec: RZA, Russell Crowe, Rick Yune, Lucy Liu, Dave Bautista, Jamie Chung, Byron Mann

 

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