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Noël… C’est quoi au juste ???

Publié le 21 décembre 2012 par Vindex @BloggActualite

Noël… C’est quoi au juste ???-La Nativité représentée par Charles Le Brun-
Voilà déjà plusieurs semaines que les rues de nos villes ou de nos villages se sont revêtues de leurs plus belles parures afin de fêter dignement Noël. Même si s’attache à cette fête un bon poids d’ambiguïté, elle est pour nombre de nos contemporains la plus belle fête de l’année. A commencer par les enfants ! Cependant, Noël n’est pas uniquement une fête pour les enfants, une occasion de plus pour les consommateurs que nous sommes de nous ruer dans les magasins à la recherche des plus beaux cadeaux. Non, Noël n’est pas (ou ne devrait pas être) une fête commerciale destinée à remplir les caisses des commerçants ! Mais alors… à quoi correspond véritablement la fête de Noël ? La question n’est pas si saugrenue qu’elle n’y paraît ! En effet, quantité de personnes associent aujourd’hui Noël à certaines images qui ne correspondent pas vraiment au sens originel de ce grand évènement : le père Noël, les marchés de Noël où chacun peut déguster un bon vin chaud, le sapin joliment décoré, un bon repas de famille, des cadeaux, etc. Toutes ces images participent bien évidemment des réjouissances de fin d’année, mais pour autant, elles ne constituent en rien la signification réelle de la fête de Noël. Cette signification véritable relève en fait du christianisme, car en effet, Noël est avant tout une fête religieuse ! Si certains semblent l’avoir oublié, elle n’en demeure pas moins la deuxième plus importante fête chrétienne, après celle de Pâques…

Que signifie vraiment « Noël » pour les chrétiens ? Pourquoi cette fête est-elle si importante ? Pourquoi suscite-t-elle aujourd’hui, dans notre société sécularisée, tant d’ambiguïtés ? 

Noël : la naissance d’un Sauveur ou le mystère de l’Incarnation
   Que fêtent les chrétiens à Noël ? Pour beaucoup de personnes, la réponse est très simple, elle est même d’une évidence enfantine : « la naissance du petit Jésus ». Certes, il convient de reconnaître que cette réponse est tout à fait exacte, néanmoins, d’un point de vue théologique, elle demeure très incomplète. En effet, s’il est communément admis qu’à Noël, les chrétiens se rassemblent pour célébrer la naissance de Jésus-Christ, l’importance de l’évènement en lui-même ainsi que sa portée considérable sont souvent ignorées, parfois même des pratiquants réguliers eux-mêmes !

   La fête de Noël (en jargon liturgique, on parle même de solennité de Noël) constitue dans le christianisme un mystère de foi : c’est le mystère de la Nativité. A Noël, les chrétiens célèbrent bien plus qu’une simple naissance : ils célèbrent la fête de Dieu-fait-Homme en Jésus ; ils célèbrent Dieu devenu l’ « Emmanuel », le Dieu-avec-nous, dont ne nous sépare aucune barrière et aucune distance ; ils célèbrent la naissance d’un enfant qui rend Dieu proche des Hommes, si proche que désormais, chacun peut le tutoyer et entretenir avec Lui une relation confidentielle de profonde affection, de la même façon que nous le faisons avec un nouveau-né. Bref, à Noël, les chrétiens célèbrent le mystère de l’Incarnation. Qu’est-ce donc que l’Incarnation ? Ce mystère de foi est étroitement lié à un autre mystère de foi : celui de la Trinité. Les chrétiens croient en un Dieu unique, mais qui est en même temps constitué de trois personnes divines : le Père, le Fils, le Saint-Esprit. Croire en un Dieu unique en trois personnes n’est absolument pas contradictoire et, cela ne remet pas en cause l’unicité de Dieu. La confusion que beaucoup de gens font aujourd’hui tient au fait que la notion de « personne », que la théologie chrétienne emploie pour qualifier Dieu, a évolué et n’a plus le sens qu’elle avait dans l’Antiquité, au moment où la théologie se construisait peu à peu. Il n’est pas question ici d’expliquer le mystère de la Sainte Trinité, mais simplement de rappeler que l’existence des trois personnes divines ne remet pas en cause le fait que Dieu soit absolument unique. En lien avec ce grand mystère de la foi, « l’Eglise appelle « Incarnation » le fait que le Fils de Dieu ait assumé une nature humaine pour accomplir en elle notre Salut ». En termes plus clairs, l’Eglise appelle « Incarnation » le fait que Dieu ait envoyé en ce monde Son Unique-Fils, deuxième personne de la Trinité, afin de sauver l’Homme des liens du péché et de la mort éternelle. Et, pour sauver l’Homme, Jésus-Christ a revêtu notre condition d’Homme, notre chair humaine chargée d’imperfections, d’impuretés, Il l’a revêtu en toute chose excepté le péché (c’est-à-dire sans cette tâche originelle que l’Homme porte en lui et qui contribue à le séparer, à l’éloigner de Dieu). Tel est ce que l’Eglise nomme « Incarnation ». La foi en ce grand mystère est le signe distinctif de la foi chrétienne comme nous le rappelle la première épître de Jean dans le Nouveau Testament « A ceci reconnaissez l’esprit de Dieu : Tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu » (1 Jn 4,2) : telle est la joyeuse conviction de l’Eglise dès les origines et, encore aujourd’hui !A Noël, les chrétiens croient que Dieu est venu en ce monde pour sauver l’Humanité, mais également pour manifester à tous les Hommes, sans aucune distinction, Son amour infini. En effet, dans l’enfant de Bethléem, Dieu révèle l’immensité de Son amour et de sa sollicitude pour l’être humain : Il vient dans la faiblesse, le voilà dépendant d’un père et d’une mère humains, Il se dépouille volontairement de Sa toute-puissance divine, car Il n’entend pas conquérir, pour ainsi dire, de l’extérieur, mais Il entend plutôt être librement accueilli par l’Homme. A Noël, Dieu se fait faible dans la fragilité d’un nouveau-né pour vaincre l’orgueil, la violence, la soif de puissance de l’Homme. En Jésus, Dieu vient assumer notre pauvre et humble condition humaine pour révéler à quel point Il aime l’Homme et combien Il veut le sauver. Sa condition d’enfant nous indique comment l’Homme peut rencontrer Dieu et bénéficier de Sa présence. C’est à la lumière de Noël que le croyant peut comprendre les paroles que Jésus prononcera plus tard, à l’occasion de son ministère public « Si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le Royaume des cieux » (Mt 18,3). Celui qui n’a pas compris le mystère de Noël n’a pas non plus saisi l’élément décisif de l’existence chrétienne. Celui qui n’a pas accueilli Jésus avec un cœur d’enfant ne peut entrer dans le Royaume des cieux. Et, les chrétiens prient justement Dieu le Père de leur accorder un cœur d’enfant où ils pourront trouver assez de simplicité et d’humilité pour reconnaître dans l’enfant de Bethléem leur Seigneur Dieu !


Les Evangiles relatent la naissance de Jésus dans le monde des Hommes…
   La naissance de Jésus n’est pas une invention humaine dans la mesure où l’Homme Jésus a vraiment existé. Cependant, c’est la confession de foi chrétienne qui voit en Lui Dieu fait Homme. De plus, cette naissance est relatée dans les Evangiles, récits attestés historiquement, au moins sur certains points (comme la crucifixion qui aurait eu lieu, d’après les recherches historiques, le 7 avril de l’année 30). Parmi les évangélistes (Matthieu, Marc, Luc et Jean), seulement deux relatent dans leurs écrits la naissance de Jésus : il s’agit de Matthieu et de Luc. Chacun à sa manière relate l’évènement et, lorsque l’on confronte les deux récits, il est manifeste que leur complémentarité est exemplaire, au moins sur un plan théologique.

En évangéliste, Matthieu rapporte la vie et l’enseignement de Jésus. Au début de son évangile, l’auteur s’attarde quelque peu sur les moments clés de l’enfance du Christ, dont l’évènement que constitue sa naissance à Bethléem, ville de Judée. C’est au chapitre 2 que Matthieu évoque la naissance du Christ et la visite des mages non pas dans une crèche, mais dans une maison « Entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie (…) » (Mt 2, 11). L’épisode raconté appartient encore au prologue constitué par les deux premiers chapitres de l’évangile : l’objectif de l’auteur est de montrer via quelques épisodes condensés de l’enfance du Christ, à partir de vieilles traditions, le sens de sa destinée. Accueilli par Joseph dans la lignée de David, l’enfant Jésus reçoit la visite des mages dont on ne précise pas la royauté. Le récit appartient au genre littéraire que les juifs appellent haggadah « récit », et la tradition chrétienne hagiographie « légende sainte ». Le fond du texte, la naissance de Jésus, s’inscrit dans un cadre historique bien défini, celui du règne finissant du roi Hérode le Grand (37 – 4 av J.-C.) : l’évènement a donc des références historiques réelles. De même, Matthieu localise précisément le lieu de la naissance du Christ dans la ville judéenne de Bethléem. Le contexte historique et géographique étant définis, Matthieu rapporte avec précision la venue des mages d’Orient, il s’agit probablement d’astrologues babyloniens. Arrivés à Jérusalem, les mages affirment avoir vu l’astre à l’Orient manifestant la naissance du roi des Juifs. Ils viennent afin de lui rendre hommage. Dans leur quête, ils sont « aidés » par l’astre qu’ils ont vu à l’Orient, cet astre les devance, ils le suivent jusqu’à ce qu’il s’arrête au-dessus de l’endroit où Jésus est né. Arrivés au lieu tant recherché, les mages entrent dans une maison où ils découvrent un nouveau-né en présence de Marie sa mère (Joseph n’est pas cité), ils se prosternent face à lui pour lui rendre hommage. Puis, les mages lui offrent des coffrets, un contenant de l’or, l’autre de l’encens, le dernier de la myrrhe. Après avoir offert leurs présents, ils repartent en direction de leur pays. Par ce récit, l’évangéliste Matthieu souhaite surtout faire passer un message. Ainsi, la visée première du récit de la visite des mages à l’enfant Jésus est l’enseignement et l’édification du peuple. Lorsque Matthieu rédige son évangile, il le destine aux juifs. Or, ces derniers attendent depuis longtemps la naissance du Messie véritable annoncé par les prophètes dans les Ecritures. Evoquer la naissance du Christ, c’est donc pour l’évangéliste détailler ce que tant de croyants espèrent depuis longtemps et qui s’est enfin produit. Plus précisément, la venue des mages a une signification particulière : le cœur du message est ici l’annonce aux peuples autres qu’Israël, le peuple élu, de la naissance de ce Messie véritable tant attendu, descendant de David et né dans la cité même du grand roi. Les mages d’Orient représentent ou symbolisent cette ouverture à l’ensemble des nations de la « terre habitée » (oïkouménèen Grec). Cela est conforme à l’enseignement que Jésus a donné à ses disciples en leur disant d’évangéliser toutes les nations de la terre comme on peut le lire à la fin de l’évangile de Matthieu « Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit (…) » (Mt 28, 19). La visite des mages a donc une importante conséquence théologique : tous les peuples de la terre sont invités à reconnaître l’enfant Jésus comme leur Dieu et Sauveur, qui dans son immense amour pour l’Humanité s’est fait faible pour le Salut de tous les Hommes. Le Messie inaugure une religion nouvelle ouverte à tous les peuples. Enfin, il convient de préciser qu’en offrant leurs cadeaux au Christ, les mages reconnaissent son caractère royal (or), divin (encens) et éternel/immortel (myrrhe).    Tout comme l’évangéliste Matthieu, Luc fait un récit assez détaillé, si ce n’est plus, de la naissance de Jésus-Christ. Luc, qui fait véritablement œuvre d’historien par ses écrits sur ce sujet, date l’évènement du règne de l’empereur Auguste (27 av J.-C. – 14) « en ce temps là, parut un décret de César Auguste (…) » (Lc 2, 1). Le cadre géographique correspond à la Syrie, province de l’Empire romain. Alors que l’empereur Auguste a ordonné un recensement des populations de tout l’Empire, Joseph et Marie se rendent « à la ville de David qui s’appelle Bethléem en Judée » (Lc 2, 4) car Joseph est lui-même de la descendance de David. Or, c’est dans sa ville d’origine de chaque famille doit se faire recenser. Joseph et Marie sont donc en route pour Bethléem et, l’évangéliste précise qu’à cette époque, Marie est enceinte de Jésus. C’est à Bethléem que Marie accouche. L’évènement se passe la nuit : on retrouve ici un thème bien connu dans la littérature aggadique juive suivant lequel tous les grands évènements du Salut se passent la nuit. Comme la « salle d’hôtes » (Lc 2, 7) ne peut les accueillir faute de place, c’est dans une étable (ou une grotte) que la Vierge met au monde le Christ qu’elle se dépêche d’emmailloter et de déposer dans une mangeoire. C’est là la vision traditionnelle que nous avons de la crèche de Noël. Or se trouvent dans les environs des bergers vivants aux champs et montant la garde pendant la nuit auprès de leur troupeau. Prévenus par un ange de la naissance d’un Sauveur en la ville de Bethléem, les bergers se hâtent vers le lieu annoncé car ils souhaitent vérifier la véracité des propos tenus par l’ange. Arrivés à la crèche, les bergers voient le signe qui leur a été annoncé : Marie, Joseph et Jésus emmailloté et couché dans une mangeoire. Après avoir vu cela, ils répandent la nouvelle de la naissance de Jésus Sauveur et, « tous ceux qui les entendirent furent étonnés (…) » (Lc 2, 18). Dans l’évangile de Luc, le récit de la naissance de Jésus se déroule dans le silence et la simplicité. L’annonce aux bergers révèle la dimension sociale et « cosmique » de l’évènement qui vient de s’accomplir à Bethléem : les anges, les bergers, tous les Hommes sont concernés par cette naissance. C’est aux « petits » que Dieu annonce en premier la naissance de Jésus-Christ et, de même, c’est à eux qu’il revient de proclamer cette glorieuse naissance, salvifique pour tous les Hommes. Par « petits », il faut bien évidemment comprendre les personnes pauvres, humbles, fragiles… A l’époque de la naissance du Christ, les bergers représentent une des catégories sociales les plus méprisées, à l’instar des pêcheurs et des publicains. Il y a d’ailleurs un parallèle possible entre l’humble naissance du Christ qui révèle le Tout-puissant dans la fragilité d’un nouveau-né et l’annonce faite en premier lieu aux « petits » de ce monde. Dans la tradition biblique, le berger est également une figure royale (David) : Luc manifeste ici l’enracinement du Christ dans la lignée royale de David et, il met en exergue Sa royauté future comme Fils de Dieu. La visite des bergers signifie également la venue du peuple d’Israël vers le Messie tant attendu : les bergers, des juifs, viennent reconnaître Celui dont on leur a dit qu’Il était le Sauveur des Hommes. La portée théologique d’un tel récit est importante : Dieu se révèle d’abord aux « petits », les humbles, les pauvres (de cœur), les délaissés de l’existence, les moins favorisés… Ainsi, la naissance du Christ rédempteur n’est pas un privilège réservé aux puissants de ce monde, cette naissance concerne tout Homme selon sa condition, son état, son statut, et particulièrement les « petits ». Alors le message se diffuse, la parole est « vue » par les bergers et, la liturgie céleste des anges rejoint la louange des bergers. Modèles des missionnaires chrétiens, les bergers annoncent les premiers la bonne nouvelle de la naissance du Messie. L’univers est en fête, l’ère joyeuse du Salut est commencée, tous les Hommes sont appelés au Salut, car Dieu les aime. Enfin, le peuple élu voit s’accomplir les prophéties annoncées dans les Ecritures, les bergers peuvent en témoigner.   Ainsi, les deux récits rapportés par Matthieu et Luc dans leur évangile sont bel et bien différents, mais chacun est important dans la mesure où il délivre un message aux croyants. D’ailleurs, les deux messages délivrés sont complémentaires : la bonne nouvelle de la naissance du Messie doit être annoncée à tous les Hommes, juifs ou païens (récit des mages), riches ou pauvres (récit des bergers). Cette naissance concerne toute l’Humanité puisqu’elle permet à Dieu de s’Incarner en Jésus pour le Salut de tous Ses enfants.

   La fête de Noël correspond donc à la naissance de l’enfant Jésus, évènement fondamental dans l’Histoire du Salut : Dieu s’est fait Homme parmi les Hommes dans une perspective salvifique et rédemptrice. Les chrétiens ont l’audace de croire en un Dieu qui délaisse Sa toute-puissance divine pour venir rejoindre Sa créature, l’Homme, jusque dans sa fragilité la plus extrême : la fragilité d’un nouveau-né. Beau témoignage d’amour il est vrai, belle preuve de confiance aussi que Dieu témoigne envers l’Homme. Le mystère de l’Incarnation est indissociable du scandale de la croix qui clôt la vie publique de Jésus et, de l’évènement que constitue Sa Résurrection : en effet, si Dieu s’est fait Homme, c’est pour sauver l’Humanité du péché et de la mort et, c’est pendu au bois de la croix que près de trente années après sa naissance, Jésus réalise cet acte salvifique. Or, sans la Résurrection, sans cette victoire de la vie sur la mort, la crucifixion n’a aucune signification. Ainsi, il est manifeste qu’Incarnation, Crucifixion et Résurrection constituent un « trio » dont on ne peut séparer les composants.    Evènement relaté dans les Evangiles de Matthieu et de Luc, la naissance de Jésus est aujourd’hui bien trop souvent reléguée au « second plan » des fêtes de fin d’année. Le « Papa Noël » semble avoir supplanté, dans bien trop de familles, le véritable sens de la fête de la Nativité. Les enfants en sont parfois même perdus : que fête-t-on, la venue du père Noël ou la naissance de l’enfant Jésus ? Quant aux parents, ils ne savent parfois même pas eux-mêmes répondre clairement à cette question. Répandue il y a environ 50 ans à partir de la marque Coca-Cola, la figure du père Noël apportant de beaux cadeaux a fini par donner un côté schizophrène à la plupart de nos contemporains : Noël est devenu à la fois une fête religieuse et une fête laïque. Or, il n’en reste pas moins qu’en vérité, Noël est une fête chrétienne célébrant l’amour et la sollicitude de Dieu pour Son peuple. A nous de retrouver le sens originel de cette si grande fête chrétienne et, d’en partager les richesses avec les jeunes générations !Emmanuel ECKER.

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