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Suite à ma lecture du Livre des Enfants, j’ai poursuivi...

Par Mmepastel
Suite à ma lecture du Livre des Enfants, j’ai poursuivi...

Suite à ma lecture du Livre des Enfants, j’ai poursuivi avec celle de Possession, autre oeuvre de la grande Antonia Susan Byatt.

Ce livre a tout de même été couronné du Booker Prize, et comparé au roman d’Umberto Eco, Le Nom de la Rose. J’étais donc on ne peut plus enthousiaste au début de ma lecture. 

Eh bien, voyez-vous, je crois que ce livre est trop, voyons… malin, pour moi. Je l’ai aimé, mais je crois qu’une partie de ses enjeux m’est passée largement au-dessus de la tête. Comme d’habitude avec A. S. Byatt, c’est une lecture exigeante, et peut-être mon acuité intellectuelle, ainsi que mes connaissances, n’ont pas été à la hauteur. J’ai pourtant été très intéressée par les personnages principaux contemporains qui se passionnent de manière excessive et possessive à l’oeuvre et à la vie d’un poète victorien. Ce sont des universitaires, érudits, passionnés par l’oeuvre du poète Randolph Ash, chacun à leur manière. Possédés par ses mots, possédés par l’obsession de tout posséder de lui. Ils déraisonnent. Le petit monde des chercheurs en littérature est raillé par l’auteure. Leurs obsessions sont ridicules et en même temps touchantes, mais complètement déconnectées du réel ; peut-être même vaines. Une lettre du poète est retrouvée, et une enquête se lance : Randolph Ash était-il le poète qu’ils croyaient ? Ou avait-il eu une vie amoureuse secrète ? Et le découvrir éclairera-t-il la lecture de son oeuvre ?

C’est étrange. On suit l’enquête volontiers, on entre dans l’intimité du poète amoureux (A. S. Byatt glisse dans son roman des tonnes de lettres d’amour entre les amants et des pages entières de pastiches de poésies victoriennes), on se prend d’affection pour Christabel et Randolph, Sophie, Ellen et Blanche, et leurs destins chaotiques et romanesques. Pendant ce temps-là, les universitaires se disputent la possession de ces découvertes, des lettres, des originaux. Un seul finit par se détacher de ce rôle d’observateur compulsif et obsessionnel pour vraiment jouir des mots et de la poésie : à la fin de cette quête qui l’aura rendu exsangue sur le plan sentimental, financier et professionnel, il comprend qu’il doit écrire. Un instant les poèmes ne sont pas là, l’instant d’après, ils sont là. Voilà le pied de nez que nous fait in extremis A. S. Byatt. Voilà ce qu’elle nous dit de l’inspiration ; et elle réduit ainsi à néant la critique qui veut s’appuyer sur la vie des écrivains pour en comprendre la source. La poésie est un monde parallèle. On y entre ou pas. On ne peut pas posséder l’esprit créateur d’un autre. On peut écrire autour, par-dessus, en long, en large, en travers, on est à côté de la plaque. 

Roland, le pauvre assistant mièvre et mou du début, est le seul à comprendre cela. Il renonce à la bagarre universitaire pour entrer dans le monde de la poésie, le vrai. Celui où on agence des mots ensemble pour les faire crépiter les uns contre les autres. Le moment où on se dépossède d’eux pour qu’ils aient eux-mêmes leur propre existence.

Voilà ce que j’ai compris de ce livre somptueux et luxuriant. Je ne sais pas si je l’ai bien lu.


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