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N'insistez pas: faites demi-tour!

Publié le 04 janvier 2013 par Alexcessif

Cela fait quelques semaines que les oies bernaches ont quitté le bassin d’Arcachon pour trouver vers les tropiques le confort d’un climat moins agressif après un voyage long et périlleux. « Sont cons ces bestiaux, vains dieux ! » dit l’homme. Ma migration sera moins risquée et plus confortable, je remonte vers mes  origines voir l’ancêtre dans le département du Lot parait-il sous la neige d’après Catherine Laborde. Trop facile : en polo, la clim sur vingt degré, un mazagran de café dans le porte gobelet de la Chevrolet et l’auto radio calé sur France Musique. Je pense aux oies bernaches ! Et j’ai honte : aller voir son daron et le Lot mérite un peu d’effort. Sans compter que les petits virolos de Lauzerte à Montcuq et  Cahors attendent ma bécane de pneus fermes. Je sais : il existe des poignées chauffantes mais je ne suis pas sûr que la batterie de ma petite vieille ait assez de jus pour me chauffer les menottes. (Tiens ça me fais penser que j’ai oublié de détacher ma complice de la tête de lit dans notre salle de jeu).  Allez une paire de manchons, ce bon vieux truc du temps où j’étais coursier à mobylette et seul remède efficace pour n’avoir pas froid aux mains, et c’est bon, roule Raoul ! L’autoroute déroule son ruban noir taillé dans la neige jusqu’à Valence d’Agen. Les abords immaculés diffusent  une lumière surréaliste sur l‘aquarelle vivante et la nature morte des vallons qui m’entourent. A la dite belle saison, bien que je ne trouve pas celle-ci sans attrait, c’est un patchwork de prairies où les bouches des cheminées géantes de la centrale de Golfech exhalent vers le ciel leur haleine blanche.  La respiration de la terre me tire du sommeil d’où le ronron de la Ducati m’avait plongé. Il est temps de quitter le grand ruban pour les petites routes viroleuses du Lot & Garonne. Zont pas déneigé ces feignants de la DDE ? Ben non ! Je pose 4 et je retiens 2 = 2 roues qui me manquent pour la soixantaine de bornes restantes  vers la destination finale.  Je sens  que ça va être  rock’n roll et peut-être le final cut. Faire demi-tour ? Battre en retraite ? Impossible : Une Ducati ça tourne comme un porte avion sur une départementale et il me manque des annuités.  Poli avec le  levier de frein et la poignée des gaz, mes petites jambes tendues je fais des pointes pour toucher le sol et contenir les embardées de la meule dans la poudreuse. Jambes trop courtes, nuit qui tombe et buées de l’effort sur les lunettes : le rebelle au confort et du demi-tour est  à la fête comme un morceau de beurre dans une poêle chaude. Petit comme Napoléon, désarmé comme la grande durant quelques kilomètres héroïques voila le franchissement salvateur de la Bérézina/Garonne. Après le canal des deux mers une bagnole a creusé  deux ornières dans la neige fraîche et la nuit frigide. Empruntant un de ces deux rails, avec l’obligation impérative de la mono trajectoire, il me faudra deux plombes pour rallier l’écurie paternelle dans la lumière cyclopéenne et fidèle de ma petite italienne qui ronronne sans faillir. ….Et deux plombes/retour pour finalement battre en retraite devant une porte close ! je n’ai pas prévenu l’ancêtre de ma venue et il est en goguette. Péage, autoroute, tête de linotte vas délivrer sa partenaire oubliée à la tête de lit.

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