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Noyeux Joël et Bonne année !

Par Guixxx @zeaphra

Oui, je vous ai lâché un bout de temps. Mais il faut dire que ces derniers moins ont été agités ! Le boulot très fatiguant, la vie privée très mouvementée, et les lectures ballotées au gré de ces tempêtes quotidiennes.
 
Et toi, internaute, lecteur, qui attend un mot de moi, te rongeant les sangs, sur le point d'appeler le 911 (oui, parce qu'on est dans un film comme aux Etats-Unis là) et de leur demander d'aller voir à l'appartement de Guixxx si elle n'a pas été dévorée par son chat, depuis le temps.
  Noyeux Joël et Bonne année !Je suis en vie, et le félin aussi. Il se porte même comme un charme. Notre dernière aventure, une expédition reliant Montreuil au centre de Paris, lui a secoué les puces et maintenant il se retourne sur la housse du BZ comme un petit tas (oui il est gros.) bienheureux.
 Le plus amusant a été pour lui la mise en cartons de toutes me affaires. Spécialement les livres. A l'inverse mon amoureux - un homme formidable - m'a maudite plusieurs fois en portant les cartons de livres. Quelle idée de sortir avec une libraire. Oui, la culture ça pèse ! (j'essayerai de me souvenir de ça quand je prendrais des kilos avec le temps, c'est peut-être toutes ces lectures emmagasinées...)
  Le plus amusant pour moi a été d'en finir avec tout ça ! Et je commence à peine à en voir le bout. Parce que si ça n'avait été qu'un déménagement qui m'avait mis hors circuit, ça aurait été très simple. Mais s'occuper de trouver un appartement, de visiter un appartement, et de déménager dans un appartement entre le mois d'octobre et le jour de l'an, c'est presque suicidaire ! Surtout quand ça concerne Paris.
 Car les amis, il faut que je vous parle de cette période de l'année pour un libraire. C'est LA période de l'année. Celle ou tu n'es pas sensé prendre de jours de congés parce que :
 - de un il y a la rentrée littéraire de septembre qui te tombe dessus
 - de deux il y a l'arrivée dès le début du mois d'octobre des livres de Noël (oui, Crocolou aime Noël on va bien-sûr le mettre en pile devant la caisse pour Halloween, c'est très vendeur, et on en a absolumenent besoin à CE MOMENT LA !) et tu te dois d'ouvrir ces cartons qui, souvent, sont plein de gros livres de photo ou d'art bien lourds et te pètent le dos
 - de trois tu dois continuer malgré tout de lire et de conseiller tes clients, ainsi que de recevoir tes représentants (ce qui donne la migraine)
 - de quatre les envois s'arrêtent au début du mois de décembre mais la fréquentation triple, et tu n'as même plus le temps de chercher ta bouteille d'eau des yeux tellement tu passes ton temps à virevolter d'un client à l'autre quand tu n'es pas coincé aux paquets cadeaux à emballer un satané coffret mojito qui a la forme la plus stupide qu'il soit.
 Je pense avoir été claire. Mais arrêtons d'exagérer ! Ca se gère très bien si en même temps tu n'attrapes pas une angine, qui entraine une infection urinaire, qui s'enchaine avec une tendinite, et que tes collègues ne se mettent pas au moins une fois en arrêt maladie parce qu'ils ont chopé ton angine, une infection urinaire, une gastro ou une grippe. Et que tes patrons ne prennent pas de vacances. Bref, du tout cuit quoi !
 Mais pendant ce temps, tu te dois de lire, sur ton temps libre bien-sûr, entre midi et deux, dans le métro, le soir au lit, pour pouvoir conseiller ton client et assurer à celui-ci que oui tu as bien lu la moitié des livres de la table... sauf celui sur lequel il te pose des questions. (Quelle incompétence)
 Donc j'ai quand même trouvé le temps de lire ! Bon, je n'ai pas eu le temps d'écrire. Pourtant j'en avais très envie ! J'ai lu deux trois choses très bien, des romans que j'ai partagé à ma clientèle pour les fêtes, puisque j'ai du faire une séléction et écrire des paragraphes sur chacun. Je n'ai donc pas totalement laissé tomber la plume ! Je la gardais en poche pour aujourd'hui ! J'espérais entre temps que les mayas s'étaient trompés (à ce moment là je lisais Ubik que je n'avais - honte à moi - encore jamais lu, et c'était juste improbable qu'une apocalypse de rien m'empêche de le terminer, nondidiou !)
 Bon mais là je vous vois trépigner ! Vous aimeriez plutôt que je vous parle de ces fameux livres de ma séléction. Mon babillage vous empêche d'aller aux toilettes, parce que vous voulez arriver jusqu'au bout de cet article et savoir le fin mot de l'histoire. ET moi je ne fais que dégoiser sur les chats, les cartons, les infections urinaires et les mayas. Quel ennui !
 Bon bon, me voilà. Prenez donc le temps de vous mettre à l'aise, décapsulez vous une bière, un coca cherry ou une badoit pendant que je vous fait un petit récapitulatif, et on en parle plus !
 Alors, j'ai donc profité de ces temps si peu remplis pour lire quelques livres de poches dont deux ont largement mérités mon appréciation.
 Le premier est édité par Gallmeister, cette petite maison d'édition spécialisée dans la littérature américaine des grands espaces. C'est un roman de Mark Spragg intitulé Une vie inachevée. J'ai su en terminant la lecture qu'il avait été porté à l'écran avec Robert Redford courant 2000, mais je n'ai pas vu le film. Je crois qu'en France il est passé plutôt inaperçu ! Le livre quant à lui est une petite perle. c'est l'histoire d'Einar, vieillard solitaire et légèrement aigri, retiré dans sa ferme du Wyoming. C'est aussi l'histoire de Griff et de sa mère qui a un goût très peu sûr pour les hommes. C'est avec deux valises, un oeil au beurre noir, et la main de sa fille dans la sienne qu'elle quitte leur caravane. C'est comme ça que Griff va se retrouver un matin dans le Wyoming, dans la ferme d'Einar qui, apprend-elle, est en fait le grand-père qu'elle n'a jamais connu, toujours cru mort, et que sa mère a évité durant dix années. C'est une rencontre entre un vieil homme et sa petite fille, les retrouvailles d'un père et de sa belle fille, et de la reconstruction petit à petit de ces êtres endommagés par la vie. C'est bien moins dramatique que le portrait que j'en fais (je me relis et je sens déjà les larmes monte aux yeux des plus sensibles d'entre vous!), les personnages sont vraiment attachants, Griff tout spécialement... dix à peine et le bon sens (et les c*******) qu'il manque à la plupart des adultes !
  Noyeux Joël et Bonne année !Le second, c'est mon préféré. Il s'appelle Le vin de longue vie, et a été écrit en 1931 par un écrivain roumain du nom de Cocea. C'est la maison d'édition Cambourakis (toujours à l'affut des chefs d'oeuvre négligés du passé) qui l'ont publié cette fin d'année en livre de poche. La longévité du vieux Maître Manole, c'est la question qui taraude tous les habitants de la ville dans laquelle débarque notre jeune narrateur tout juste nommé magistrat. On lui a dépeint un portrait abominable de ce personnage. A 90 ans, le boyard Manole en fait 40 de moins. On parle de sorcellerie, de vierges sacrifiées et de moeurs débridées ! Aussi ne tient-il pas à rencontrer cet honteux personnage. Jusqu'au jour où il croise son chemin, et découvre un vieillard solide, à l'oeil pétillant, l'esprit vivace et le verbe chantant. Ils partagent le même amour des livres, la même curiosité du monde ! Ce qui déplait fortement au reste des gentilhommes du village, jaloux de leur amitié, et mauvais comme des teignes... Le vin de longue vie, c'est la plus belle littérature qu'il m'ait été donné de lire cette année. Une langue d'une grande beauté, une plume légère, déliée, si rafraichissante, et je ne parle que de la très bonne traduction ! Que doit donner le texte dans son roumain d'origine, ça doit être fabuleux ! Un petit texte sur l'hédonisme, piquant et revigorant, un auteur classique et culte que je suis contente d'avoir découvert. Et je me fais toujours la réflexion que la lange d'aujourd'hui ne vaut vraiment plus celle d'hier... même si je trouve certains romans français et traductions parus récemment extraordinairement bien écrits, je n'en reviens toujours pas de la lecture des romans classiques, écrits avec une langue tellement plus subtile et dansante qu'aujourd'hui !
 Le troisième est justement un français. Un ami à moi m'en avais parlé cet été en me conseillant fortement sa lecture. Il s'agit de La nuit tombée, d'Antoine Choplin, chez la petite maison d'édition La Fosse aux ours. Celui-là est moins facile que les autres, quisqu'il porte sur un thème assez difficile. En 1988, deux ans après Tchernobyl, Gouri décide de retourner à Pripiat, sa ville d'origine qu'il a du quitter aprè l'explosion et qui se situe dans "la zone". Parti de Kiev en moto, il s'arrête d'abord chez ses anciens amis, ceux qui sont restés aux abords de la zone, qui ont refusé de quitter leur région et en payent pour certains aujourd'hui le prix fort. La beauté de ce livre, c'est qu'Antoine Choplin évite les éceuil du mélo. On entend plutôt éclater les rires, siffler les violons et les bouteilles de vodka que l'on débouche. L'écriture d'Antoine Choplin est particulière, alterne entre prose et poésie, et nous fait avancer dans une sorte de songe nostalgique. D'habitude je n'aime pas les exercices de style, mais la simplicité du sien, combiné à la force poétique de ses dialogues, de ses images, et de son personnage qui est véritablement un poète, c'est juste sublime. On oublie à la fois l'atrocité, et on nous la remet en mémoire, avec l'idée qu'il n'y a pas que la catastrophe et les morts, mais les survivants, et la vie encore autour et à l'intérieur de cette zone.
 Voilà pour mes trois lectures favorites de cette fin d'année ! Enfin je me suis fait plaisir en relisant du Asimov, Philip K. Dick et en découvrant la série des Elric de Moorcock, parce qu'à un moment un libraire à aussi besoin de penser d'abord à lui et de lire les livres qui végètent dans sa propre bibliothèque depuis des lustres parce qu'il veut absolument les lire mais n'en a plus le temps !
 Ahhhh, chanceux, je vous envie de pouvoir choisir à votre aise vos lectures, classiques, contemporains, tous genres confondus.. quand on est libraire on a le choix entre les nouveautés mais ça devient aussi vite une contrainte quand sur la masse des lectures il n'y en a finalement que très peu qui vous plaisent vraiment !
 Je suis en ce moment en train de lire L'homme qui savait la langue des serpents de Andrus Kivirähk, un roman traduit de l'estonien aux éditions Attila, et je suis sous le chaaaaarme, j'en fais ma prochaine chronique. En attendant mes yeux se ferment et le félidé ronfle à côté de moi comme un vieillard asmathique, je crois que je vais aller trouver ma couette et mon oreiller moelleux.
  Mes hommages, chers lecteurs...


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