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7h58, Ce Samedi Là (Sidney Lumet, 2007)

Par Doorama
7h58, Ce Samedi Là (Sidney Lumet, 2007) Un samedi matin, le braquage d'une bijouterie tourne mal, le voleur comme la vieille femme qui tenait celle-ci échangent des coups de feu. Hank fuit les lieux du crime en pestant sur Andy pour avoir eu l'idée de ce braquage, ils sont frères... Mais comment en sont ils arrivés à l'idée de braquer la bijouterie de leurs propres parents ? Que va-t-il arriver maintenant, après ce drame familial irréparable ?
Sidney Lumet est l'homme d'Un Après Midi De Chien, Serpico ou bien des énormes 12 Hommes en Colère et Network. Autant dire que cet artisan sait mieux que quiconque ce que signifie les mots scénario, personnages et drame. Avec 7h58, Ce Samedi Là, c'est à un jeu extrêmement ludique que Lumet nous invite, et en partant d'un simple braquage raté il construit devant nos yeux une tragédie grecque, un drame noir et implacable, absolument captivant dans son fond comme dans sa forme.
7h58, Ce Samedi Là commence de manière simple, presque banale, par la mort d'un braqueur et sa victime envoyée à l’hôpital  qui ne tardera pas à le suivre. Le chauffeur fuit les lieux du crime en pestant contre son frère. Cut. Retour 3 jours avant le drame quand Andy propose à son frère Hank de braquer la bijouterie familiale. Explications du plan supposé parfait. Retour sur le braquage vu par Hank. Cut. Retour 4 jours avant sur la situation financière de Andy et son parcours jusqu'au jour du braquage. Cut. Retour quelques jours avant sur Hank en train de se taper la femme de son frère... Etc... Flashback après flashback, ce qui devait être un simple larcin et le point final d'un plan pour "se refaire" se transforme en fait le point de départ d'une explosion familiale violente et radicale. Point de vue après point de vue, Sidney Lumet ajoute de nouveaux éléments à la lecture de ce fait divers, et progressivement modifie sa nature, bouleverse tous ses tenants et ses aboutissants pour le métamorphoser en rampe de lancement d'une tragédie familiale forte, à l'issue aussi immorale qu'abyssale.
Chaque récit apporte un élément et un degré dramatique supplémentaire, et revient inlassablement à ce moment où tout bascule. Chaque fois mieux éclairé sur ce à quoi il a vraiment assisté (la crainte de n'importe quel fils, le crime ultime...), Lumet se sert de son braquage comme d'un prisme, puis renvoie ses nouvelles répercussions dramatiques, nous faisant percevoir chaque fois une situation encore plus grave qu'elle ne l'était déjà. A la manière de Rashomon, la vérité est sans cesse remise en question, jusqu'à être dévoilée entièrement, choquante et effrayante. 7h58, Ce Samedi Là est un exercice de mise en scène d'une parfaite intelligence qui de surcroît devient très vite extrêmement ludique. La tragédie s'affine petit à petit, la noirceur envahit chaque parcelle du film, magnifiquement portée par des comédiens fort bons, Philip Seymour Hoffman en tête.
Thriller brillant lorgnant vers le film Noir, Sidney Lumet renouait enfin, avec 7h58, Ce Samedi Là, avec l'épaisseur de ses meilleurs films, comme si le réalisateur avait retrouvé le plaisir de jouer avec le spectateur, le plaisir de construire un cinéma puissant, entièrement tourné vers son enjeu dramatique. On pourra bien évidement reprocher à Lumet de jouer la surenchère dans le drame (car la petit famille se désagrège à l'extrême, "façon puzzle" en une poignée de jours), mais l'exercice est tellement réussi que le spectateur n'a pas le temps de prendre le recul nécessaire, pendant sa découverte, pour relativiser un peu ce qui lui est proposé. 7h58, Ce Samedi Là impose sa spirale descendante avec un panache qui vous emporte : l'expérience est douloureuse et des plus captivantes.
7h58, Ce Samedi Là (Sidney Lumet, 2007)

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