Magazine Culture

Faut-il abattre les arbres remarquables ?

Publié le 05 avril 2008 par Rendez-Vous Du Patrimoine
Faut-il abattre les arbres remarquables ?
(Cliché I. Rambaud, château de Ferrières, 77)

En revoyant le séquoia "géant" du château de Ferrières, j'ai eu "pitié" de lui comme d'un grand malade, vénérable par l'âge, pitoyable néanmoins.
Il a été planté en 1862 par l'empereur Napoléon III en personne dans le parc de ce beau domaine de chasse construit par le baron James de Rothschild et heureusement classé MH. Une pancarte l'atteste avec fierté.
Il est aujourd'hui dans un triste état, foudroyé, déformé... mais toujours debout.
Cette vision m'a rappelé le débat très vif qui s'est emparé des habitants d'Amsterdam en novembre 2007 quand il a été question d'abattre le marronnier qu'Anne Franck voyait du grenier de son "Annexe", la maison où sa famille était réfugiée en 1944.
Faut-il abattre les arbres remarquables ? Le marronnier d'Anne Franck
L'arbre était très malade comme en témoignent les expertises réalisées (voir vidéo) et risquait de provoquer des chutes de branches ou même de tomber sur les passants et la maison, devenue musée.
L'abattre était la solution de la raison, celle qu'avait obtenu le propriétaire auprès de la municipalité.

Cependant les efforts des associations et en particulier de La Fondation pour les arbres, considérant que l’arbre était encore viable, ont permis un jugement (23 janvier 2008) qui fera date : il prévoit en effet que "l'arbre sera soutenu par une structure métallique l'empêchant de tomber".
La Fondation Support Anne Frank Tree règlera la facture, plutôt salée : 50.000 euros pour la structure, 20.000 euros pour les soins à l'arbre et 10.000 euros annuels d'entretien.
L'arbre est sauvé pour 5 à 10 ans.
C'est que dans ce cas, il s'agit d'un véritable symbole.
Anne Franck évoque très souvent dans son célèbre "Journal" cet arbre qui lui permettait de suivre le cours des saisons.Le 23 février 1944, l'adolescente écrit : "Nous avons regardé tous les deux le bleu magnifique du ciel, le marronnier dénudé aux branches duquel scintillaient de petites gouttes, les mouettes et d'autres oiseaux, qui semblaient d'argent dans le soleil et tout cela nous émouvait et nous saisissait tous deux à tel point que nous ne pouvions plus parler".
Le 18 avril 1944, elle note : "notre marronnier est déjà passablement vert et on voit même poindre déjà çà et là de petites grappes de fleurs". Le 13 mai 1944, elle se réjouit: "Notre marronnier est totalement en fleur; de haut en bas, il est bourré de feuilles et beaucoup plus beau que l'an dernier".
Mais le carcan d'acier ne va pas ralentir la maladie, l'inéluctable arrivera.
Aussi faut-il très vite replanter : on parle de greffon du marronnier d'origine pour conserver "l'authenticité" du sujet. Pourquoi pas. C'est la seule solution de longue durée.Car, comme le dit joliment Dominique Barbéris (Quelque chose à cacher, 2007) : "La nature ne s'arrête pas sous le prétexte que les hommes ont de la peine"...
Merci pour votre lecture ! Thank you for reading !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Rendez-Vous Du Patrimoine 77 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine