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Réflexions.

Par Ananda

Peut-être les gens aiment-ils se faire peur, au fond, pour se rassurer, pour apprivoiser leur propre crainte.

Je m’explique : les humains savent que la vie leur réserve des catastrophes, et ils ont une conscience aigue de leur fragilité. Habités, de ce fait, par une anxiété de type « existentiel », ils ont tendance à la « conjurer », en quelque sorte, parfois par l’anticipation, par l’imagination de ce qu’ils craignent le plus. Ceci a lieu, bien sûr, surtout lorsque les évènements néfastes qu’ils redoutent sont parfaitement hors de toute possibilité de contrôle de leur part et imprévisibles. Plus les évènements les dépassent, plus ils seront enclins à essayer, tout de même, de « rebondir » en faisant appel aux stratagèmes d’une sorte de « pensée magique ».

Connaissant le caractère souvent mystérieusement porté à la contradiction, voire maléfique, du « sort », de la nature, ils espèrent plus ou moins secrètement que ces derniers se sentiront obligés d’apporter un démenti retentissant à leurs terreurs et à leurs effrayantes prédictions si présomptueuses.

Ils peuvent ensuite expulser un gigantesque « ouf » de soulagement et constater, avec un bel ensemble, « beaucoup de peur pour rien ! ».

Une terrifiante montagne qui accouche d’une microscopique souris, et le tour est joué.

L’être humain est d’une inépuisable subtilité psychologique !

Si les mathématiques sont un langage, alors l’Univers parle.

Vues sous un certain angle, les choses sont ce qu’elles sont.

Vues sous un autre, elles sont complètement différentes.

Nous arrivons à nous résigner au fait qu’un corps soit mortel.

Mais qu’une intelligence, une conscience le soient, voilà qui nous pose problème.

Si l’intelligence existe en cet Univers, c’est qu’elle faisait partie des possibles. Ceci dit, de là à postuler qu’elle est un aboutissement automatique et essentiel de la création, il y a peut-être une marge…

Se peut-il que l’intelligence soit un phénomène somme toute accessoire, une sorte d’émergence superflue, collatérale au développement de la complexité biologique ?

Si l’Homme est « intellectuel », c’est qu’au fil des millions d’années puis des millénaires, l’ « intelligence » a fait l’objet d’une pression de sélection naturelle chez nos ancêtres. Elle a dû valoriser les individus qui la possédaient, leur conférer des avantages.

Nous pouvons toujours gloser, disserter sur ce qui aurait pu être.

Nous – et nos rêves – sommes le résultat de ce qui a été.

A partir du moment où l’être est, il veut continuer à être. La vitalité expansionniste, c’est ce qui le caractérise.

Le monde « éclairé », celui qui promeut les « Droits de l’Homme » est, assez paradoxalement, aussi celui qui, en exaltant et en encourageant de façon outrancière l’individualisme, voire le nombrilisme, réussit à rendre les gens de plus en plus intolérants à l’altérité de leurs congénères. La nouvelle tyrannie du conforme, désormais, ne se fonde plus tant sur la fidélité rigide aux exigences du groupes social (par le biais, par exemple, de l’idéologie politique ou de la religion) que sur le culte du moi souverain, d’une spécificité individuelle sans concession, assorti à celui des « affinités ».

Est-ce mieux ?

N’est-ce pas, à tout prendre, aussi potentiellement dangereux, aussi aberrant, sinon même plus ?

La concurrence entre les individus-monades, la « guerre de tous contre tous » (pour reprendre les termes du sociologue français Jean-Claude KAUFMANN) n’est-elle pas aussi oppressante, aussi inhumaine que les oppositions de groupes, de sociétés, de pays, de systèmes religieux ?

En tout cas, les situations de crise continuent de nous montrer à quel point la haine et l’intolérance sont susceptibles de ressurgir en cas de confrontation à l’altérité et de menace pour les intérêts et les acquis tout personnels.

Comment voulez-vous, en toute logique, qu’un être qui tend à se prendre pour le nombril du monde et qui, gavé d’abondance et de « progrès », ne tolère plus aucune forme de frustration et ne sait plus renoncer à rien soit disposé à admettre qu’on ne vive pas comme lui, qu’on ne pense pas comme lui, qu’on ne soit pas comme lui, pour tout dire ?

P. Laranco.


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