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Censure de la campagne Keep-Cool : les combats d’arrière-garde des anti-pub

Publié le 16 janvier 2013 par Equeritet

Toulouse est depuis quelque mois victime des assauts des intégristes de tous poils. Après Mounir Fatmi dont l’œuvre Technologia a été retirée de l’exposition Le Printemps de septembre sous la pression de fanatiques islamistes, c’est au tour d’une innocente campagne de publicité pour une salle de sport de subir les affres de la censure.

En cause, l’affiche publicitaire pour la salle Keep Cool installée dans les couloirs du métro Toulousain qui s’est soudainement attirée les ires d’une poignée de militants féministes et du Front de Gauche. Sous la pression  la régie publicitaire CBS Outdoor, a rapidement cédé, n’écoutant que son courage.

En tant que citoyen et en tant que publicitaire, je ne peux qu’être profondément navré par la bêtise crasse qui sous-tend de telles actions et par leurs conséquences.

Tout d’abord, je tiens à apporter une précision : je ne suis pas un infâme phallocrate, mais tout simplement il est indispensable de faire la part des choses. Utiliser le corps de la femme, à tort et à travers, tel un objet de désir ou de décoration, comme cela peut avoir lieu en publicité est condamnable à divers titre. Tout d’abord parce que cela réduit la femme au rang d’objet et ensuite parce que, du point de vue créatif, c’est le signe d’une paresse intellectuelle absolue (jouer sur le cerveau reptilien, flatter les bas instincts).

Sauf que, personne ne me contredira sur ce point, il paraît normal d’utiliser un enfant pour vendre des jouets, un homme costaud type rugbyman torse-nu pour vendre des rasoirs, non ? Donc, utiliser le corps de la femme pour vendre de la lingerie ou, au hasard, une salle de sport et de remise en forme semble plutôt pertinent du point de vue publicitaire. Surtout lorsque l’on sait que dans ce type de salle, la clientèle des cours collectifs est à 90% féminine, âgée de 20 à 40 ans.

De plus, l’image utilisée dans l’affiche incriminée n’est en rien érotisante.  La pose est sobre et, déclare le directeur marketing de l’enseigne, «La photo est celle d'une vraie cliente. On assume et on pense que le message, conçu d'ailleurs par des femmes, est le bon. En montrant qu'une femme peut se présenter sans complexe, naturelle, comme elle est». » Il ne s’agit pas ici de vanter une sorte d’idéal esthétique hors de portée de madame tout le monde, mais bien d’affirmer le bénéfice : être bien dans son corps.

Une promesse, qui, visiblement a choqué les militants du Front de Gauche et les ultra-féministes, qui, à défaut d’avoir suffisamment d’imagination pour faire progresser la société, glissent désormais vers le néo-puritanisme.

Il est à noter que, pendant ce temps, la discothèque « Club Paradise », plus grand bordel d’Europe situé à la frontière espagnole, à la Jonquera, s’est offert une immense campagne 4x3 à Toulouse dans l’indifférence générale et avec la bénédiction de CBS Outdoor. Or là, c’est véritablement de traite d’êtres humains qu’il s’agit, sauf si l’on considère que le sort des 300 filles de l’Est qui travaillent là-bas est plus enviable que celui de la cliente de Keep Cool volontaire pour poser sur l’affiche.

Que faisaient les militantes féministes pendant ce temps ? Et ceux du Front de gauche ? Cécité sélective ?

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