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Psychanalyse et politique

Par Jjs

En ce jour où nous venons d'apprendre la mort de JB Pontalis, il faut sans doute relire Freud. Dans le "Malaise dans la culture" (traduit récemment par "Malaise dans la civilisation") le fondateur de la psychanalyse nous indique ce qu'il pense de l'amour universel. Il n'y croit guère. L'amour ne peut être qu'un sentimnet exclusif. Si j'aime, je préfère et donc je ne peux aimer la terre entière.

Je ne sais ce que Pontalis en aurait pensé mais pour ma part, il me paraît indiscutable qu'une grande partie du dernier Freud (ou de l'avant dernier) est tournée contre Kant. Kant pensait et croyait que la fin de l'éthique devait être l'amour universel. Il pensait également que le bonheur était un moyen pour parvenir à la réalisation de ce but. Enfin il considérait que le but de l'humanité était la culture.

Dans le "Malaise" Freud, montre que la culture peut être à l'origine des plus profondes névroses, notamment par le truchement de la culpabilisation qu'elle induit. Il montre - revenant à Aristote - que le bonheur est une fin et non pas un moyen pour l'humanité. Enfin, comme nous l'avons indiqué il fustige l'idée d'amour de l'univers.

La psychanalyse a donc été véritablement une révolution, tout comme le fut le Kantisme à sa manière et le Freudisme est donc un anti-kantisme sur bien des points.

Ce faisant, il a fait en sorte de nier la possibilité de la politique ou d'une action politique d'envergure entendue en ce sens par toute une génération qui a été élevée selon l'idée des Lumières. Nos hommes politques - j'entends les majeurs, ceux qui ont laissé des traces - croyaient ou feignaient de croire en l'amour universel dont les droits de l'homme devenus internationaux sont la marque.

Le Freudisme remet en cause la pertinence de cette idée et ce faisant il remet en cause la légitimité de toute politique fondée sur les logiques modernes et donc inspirées des Lumières.

Le Penser du politique et l'action politique aujourd'hui ne peut se faire sans  une prise en compte de la révolution freudienne. Kant avait marqué les élites mais Freud a marqué les nouvelles élites de la post-modernité, les cadres et tous les actifs. Pour eux, la psychanalyse est plus légitime à expliquer le réel, à guérir que la philosophie.

On n'invite plus tellement de philosophes pour expliquer le monde dans les médias aujourd'hui mais plutôt des psychanalystes. On ne va pas tellement voir un philosophe lorsque l'on va mal mais l'on "consulte" un "psy"....

Ce que Freud avait à nous dire a plus marqué le monde que le kantisme et pourtant c'est le kantisme qui structure encore les pensées et les logiques du politique tout comme en partie celles de l'éducation.

Il faudrait revenir sur ce décalage peut-être ?....Problème : comment inciter au politique si la notion d'amour universel et d'amour du prochain se réduit à l'amour du proche ou du voisin ?

Constuire une politique qui permet justement la mise en oeuvre sans culpabilité - mais dans le plaisir - de cet amour du proche qu'il convient de cesser de reléguer dans la sphère de l'égoIsme...Cesser de demander à quelques uns des sacrifices (qui en sont de moins en moins d'ailleurs pour ceux qui prétendent se sacrifier) mais développer les choix et les affinités électives, les aides ponctuelles et proches...L'amitié au quotidien.

Tout comme Ricoeur avait eu raison de rappeler que les Pharisiens furent tout sauf des partisans d'une vision abstraite de la loi et qu'ils étaient au contraire partisans d'une loi vivante...Il faudrait rappeler que la psychanalyse ne tue pas la politique. Elle oblige celle-ci à se mouvoir et à changer afin de permettre à chacun de mettre en acte cet amour du prochain qui passe par la possibilité d'aimer ceux qui nous sont proches...

Ceci suppose donc une politique opérée par des hommes soucieux de l'autre ert de la proximité...Des politiques qui cessent de croire qu'ils portent en eux toute la souffrance du monde voire qui tentent de nous le faire croire.


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