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Phantom Crash

Par Ledinobleu

Jaquette de l'édition française du jeu vidéo Phantom CrashTokyo, AD 20XX. Le monde se passionne pour un nouveau sport : le rumbling, des combats de mechas pilotés par des casse-cous appelés Wire Heads. Depuis une catastrophe naturelle, plusieurs quartiers en ruines de Tokyo servent d’arènes pour ces affrontements. La très jeune Yuki y trône comme First Ranker depuis plus d’un an, et si vous avez bien l’intention de lui ravir son titre, vous ignorez encore tout de l’intérêt tout particulier qu’elle vous porte depuis votre arrivée dans la compétition…

Une particularité assez unique distingue Phantom Crash de la plupart des autres jeux de mechas, toutes plateformes de jeux confondues : si on y trouve cette personnalisation des engins propre aux franchises Armored Core (From Software ; 1996-présent) et Front Mission (Sqaure Enix ; 1995-présent), parmi d’autres, elle se combine néanmoins ici à une sorte de compétition de matchs à mort, caractéristique de titres comme Unreal Tournament (Epic Games & Digital Extremes ; 1999) ou Quake III Arena (id Software ; même année), en formant ainsi un tout pour le moins inattendu et sous bien des aspects presque supérieur à la somme de ses composants ; pour faire bonne mesure, les développeurs ont jugé bon d’y rajouter deux  éléments peut-être inspirés de la célèbre série des WipeOut (Studio Liverpool ; 1995-présent) : la vitesse, élément-clé des combats dans Phantom Crash, et une bande originale tout ce qu’il y a de plus fournie puisqu’elle compte plus de 80 titres comprenant presque tous les genres musicaux.

artwork du jeu vidéo Phantom Crash

Scoobee léger, de modèle « Photon »

Et si un tel cocktail vous semble trop beau pour être vrai, rassurez-vous de suite : il fonctionne comme un charme, et même mieux que ça. Pour me montrer le plus bref et le plus clair possible, Phantom Crash reste une de mes meilleures expériences de jeu, tous genres confondus.

Cependant, si ce titre n’ajoute en fin de compte rien au genre de la compétition de matchs à mort, il propose néanmoins une amélioration plus que bienvenue à celui de la personnalisation des mechas, ici appelés SV pour Scoobee Vehicles, et notamment à travers la customisation des pièces elles-mêmes : quiconque a un jour pesté contre les quelques unités de poids restantes sur la configuration de son engin, peaufinée avec amour durant des heures, sans qu’aucun élément de construction disponible puisse rentrer dedans à moins de dépasser la limite totale de charge de l’appareil, celle au-delà de laquelle on ne peut plus jouer puisque le véhicule devient trop lourd, quiconque s’est cassé les dents sur un tel défaut de game design se verra bien inspiré de donner sa chance à Phantom Crash ; car ici, et moyennant bien sûr finances, toutes les pièces composant le châssis de votre mecha peuvent se voir personnalisées en modifiant leur poids afin de les faire rentrer dans l’intervalle de charge restant sur la configuration de l’engin – mais au prix de quelques modifications en terme de points de dégâts et de quantités de munitions transportables.

Screenshot du jeu vidéo Phantom Crash

Vue « TPS » par défaut

Notez que l’inverse est aussi possible et que vous pouvez tout à fait augmenter le poids d’un élément, ce qui en retour améliorera son blindage et sa charge totale possible, pour les pattes de l’appareil du moins, ou bien sa résistance aux coups adverses en plus de son nombre de cavités internes disponibles pour des éléments optionnels, dans le cas du corps principal de l’engin ; quant aux bras, ils ne peuvent servir que d’armes et suivent donc le schéma déjà présenté à la fin du paragraphe précédent. Ce système se montre donc assez vite tout à fait indispensable pour les perfectionnistes qui souhaitent tirer tout son potentiel de leur Scoobee. Ajouter à ça qu’il y a en tout dix places disponibles dans votre hangar, pour autant de véhicules à posséder et à peaufiner dans les moindres détails, et vous aurez compris que Phantom Crash propose des possibilités de personnalisation méchaniques aux envergures jamais atteintes jusque-là (1) et ainsi une souplesse de jeu exemplaire en permettant de la sorte au joueur de plier le jeu à son propre style au lieu de l’inverse comme c’est le cas en général (2).

Screenshot du jeu vidéo Phantom Crash

Vue « FPS » optionnelle

Un autre élément-clé du titre, qui cette fois semble tiré du manga Ghost in the Shell (Masamune Shirow ; 1989-1997), prend la forme d’un système de camouflage optique permettant de rendre le Scoobee presque invisible pour l’adversaire – et de sorte que celui-ci ne peut plus vous détecter que par son sonar. Combinée avec la vitesse de l’appareil, cette fonction donne au jeu un potentiel tactique tout à fait certain mais aussi unique en son genre – en tous cas pour ce qui est des jeux de combat de mechas et dans les limites de mes connaissances sur le sujet. Pour faire bonne mesure, ce système de camouflage optique ne dure qu’un certain temps selon le dispositif que vous aurez installé sur votre engin, et il lui faut se recharger avant de pouvoir être remis en route ; de plus, il s’arrête immédiatement au moindre impact adverse, ce qui pousse à une certaine prudence, par exemple en utilisant des techniques d’embuscade au lieu de l’assaut frontal et brutal…

Artwork du jeu vidéo Phantom Crash

Scoobee moyen, de modèle « Holy »

Dernier aspect, plus anecdotique celui-là mais néanmoins intéressant, vous disposez d’un copilote pour votre Scoobee, sous la forme d’une puce sur laquelle se trouve enregistrée une intelligence artificielle qui se charge de coordonner les différents systèmes de votre mecha (3). Programmée sur le modèle de différents animaux, tels que chiens, chats, mulots, lapins, oiseaux et loups, ces pièces de votre engin présentent comme particularité de posséder leur propre personnalité, ce qui peut devenir l’occasion de commentaires souvent cocasses lors d’un match. Selon le type de puce, votre surface de visée à l’écran différera et vos divers systèmes se montreront plus ou moins réactifs ; l’évolution de l’intelligence artificielle, qui se finance dans le menu adéquat du jeu et qui modifie la surface à l’écran sur laquelle elle pourra repérer et verrouiller une cible ou bien sa capacité à porter un coup mortel ainsi que ses chances de déployer un champ de force protecteur autour de votre Scoobee, dépend aussi du type de puce : toutes ne s’amélioreront pas aussi vite et ne proposeront pas le même niveau maximal de performance.

Screenshot du jeu vidéo Phantom Crash

Des formes très variées…

En fait, le seul véritable défaut de Phantom Crash réside dans son nombre plus que limité, pour ainsi dire famélique d’arènes. Seulement trois s’offrent à vous en tout et pour tout, et le fait qu’elles se présentent de jour ou bien de nuit selon le calendrier de la compétition ne change pas grand-chose à ce manque de diversité – et d’autant plus que les combats de nuit s’avèrent vite assez pénibles pour garder un œil sur ses adversaires… Malgré tout, et si chacune présente ses qualités et ses défauts, les trois proposent des styles de jeu très différents qui sauront mettre à l’épreuve vos capacités d’adaptation, en particulier pour ce qui concerne les déplacements verticaux. De plus, leur réalisation se montre de très bonne facture et exploite pleinement le potentiel de la Xbox, ce qui une fois combiné aux différents effets pyrotechniques déployés lors des combats rend l’expérience très satisfaisante.

Screenshot du jeu vidéo Phantom Crash

Des SPFX réussis

On peut aussi signaler, pour finir, que le mode campagne non seulement peut atteindre plus de 50 heures de jeu mais aussi met un net accent sur les différents personnages et leurs relations. Si ces interactions restent assez simples dans l’ensemble, elles participent néanmoins à donner sa personnalité au titre à travers de longs dialogues que les plus impatients parmi vous pourront sauter avec la combinaison de touches appropriée. À noter que ce récit propose malgré tout une histoire sympathique à la charge émotionnelle aussi rare qu’originale et qui participe beaucoup à placer ce jeu à part des autres du même genre…

Si Phantom Crash connut un échec commercial retentissant en dépit de critiques dithyrambiques, il n’en est pas moins devenu un titre-culte au fil des ans, et de telle sorte que de nombreux joueurs lui consacrent encore beaucoup de leur temps. Peut-être rejoindrez-vous leurs rangs ?

(1) les connaisseurs parmi vous ne manqueront pas de faire remarquer que Armored Core: Nexus propose aussi une fonction comparable, mais d’une part ce titre ne sortit qu’en 2006, soit quatre ans après Phantom Crash, et d’autre part cette fonction qu’il propose reste bien plus limitée que celle qui nous occupe ici.

(2) pour une explication plus détaillée du rapport entre personnalisation des mechas et souplesse de jeu, j’invite le lecteur curieux à consulter mon court dossier sur le jeu vidéo Armored Core 3.

(3) un concept qui, pour autant que je sache, apparut pour la première fois dans la série TV d’animation Heavy Metal L-Gaim (Yoshiyuki Tomino ; 1984).

Note :

Phantom Crash compte parmi ces quelques titres pour la Xbox qui s’avèrent hélas particulièrement incompatibles avec la Xbox 360, souffrant au mieux de ralentissements importants, sinon de purs plantages.

Séquelle :

Sa licence rachetée par Konami permit à Phantom Crash de connaître une forme de résurrection à travers le titre S.L.A.I.: Steel Lancer Arena International sorti en 2005 exclusivement sur Playstation 2.

Phantom Crash
Genki, 2002
Xbox, env. 8 €


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