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« On nous prend pour des quiches. »

Publié le 19 janvier 2013 par Laroberouge @hocinisophia

Un jeune homme se promène dans la rue. Un pot de fleur tombe juste à côté de lui. Chanceux. Probablement le lendemain, le jeune homme se promène à nouveau dans la même rue, un deuxième pot tombe et se casse à nouveau juste à côté. Très chanceux. Le surlendemain, c’est une jeune fille qui tombe directement dans les bras du jeune homme.

Vous l’aurez sans doute reconnue, c’est la pub que l’on voit passer en ce moment à la télévision pour une Peugeot me semble-t-il, (pardonnez mon ignorance en terme de marché automobile). Une publicité que tout le monde regarde de la façon la plus naturelle du monde mais qui n’a pas manqué de faire dresser les cheveux sur la tête de la réactionnaire que je suis. (Oui je sais que c’est ce que vous pensez de moi, mais ce n’est pas grave, je finirais probablement avec une centaine de chats…)

Sexisme

Alors voilà, encore une fois, on cultive le concept de femme objet. Si j’en crois la logique de cette publicité, obtenir une nouvelle voiture à ce prix là c’est comparable à avoir la chance qu’une femme nous tombe du ciel, tel on trouverait un billet de 50€ par terre.

Malheureusement, plus les années passent et plus la publicité devient sexiste et misogyne. Un sexisme glamour, du porno chic. Pourtant, ce qui est dangereux avec la publicité c’est que ce sont des images banalisées. Vous êtes au fond de votre fauteuil et vous avalez ces dizaines et dizaines de publicités toutes plus rétrogrades les unes que les autres. Sauf que vous, devant votre téléviseur dix-neuf pouces, écran LED dernier cri acheté en soldes chez Darty (non sur la tête de ma mère je n’ai pas été payée), vous êtes  dans un état semi-conscient qui fait que vous ne faites même plus attention à ces horreurs publicitaires. La femme est un objet. On la consomme.

« Oh voyons, on n’a pas besoin d’être féministe aujourd’hui », disait Carla Bruni Sarkozy. Ah bon…

Sans même parler des écarts de salaire, du nombre de femmes violées chaque année en France (75 000…), du nombre de centres IVG ayant fermé ces dix dernières (voyez comme la droite est garante des droits des femmes) ou encore la proportion incroyable de femmes vivant en dessous du seuil de pauvreté, j’aimerai rappeler que quand même la liberté d’expression s’arrête là où commence celle d’autrui et en particulier les publicitaires se doivent de respecter la Résolution 1751 du Conseil d’Europe datant de l’année 2010 et qui entérine le fait de combattre les stéréotypes sexistes dans les médias. Ce dont on est bien loin puisque la publicité et les médias en général véhiculent de manière subtile ces clichés qu’il posent comme le modèle de la société et où l’égalité des sexes est très loin d’être une réalité.

Voici pour preuve quelques exemples, une liste bien loin d’être exhaustive, sinon ce billet ferait certainement plusieurs kilomètres. Un petit top 5 des pub sexistes.

1- Pouvait-on imaginer quelqu’un d’autre qu’une jolie petite madame en train de passer l’aspirateur dans son salon parfaitement bien entretenu? Evidemment pas selon Rowenta.

2- Le stéréotype de la femme vénale, rendue hystérique parce qu’elle a eu sa paire de chaussures ou son nouveau jean slim effet rehausseur de fesses… On n’aurait pas idée de faire une publicité d’un homme tellement heureux d’avoir eu son PES 2013, les cruches ce sont les femmes pardi!

Sexisme.

3- Le superbe nouveau conte de fées que nous propose Cif, c’est la jeune fille condamnée à récurer la salle de bain, très original et très recherché en effet.

4- Comme d’habitude quand il s’agit de faire la promotion d’un produit ménager, d’un balai ou d’un nouvel appareil éléctro-ménager on fait appel sans réfléchir à… un vagin sur pattes, seul détenteur de la faculté de tout mettre en ordre. Femme et éponge c’est indéniablement incompatible. Le ménage c’est tellement sexy!

5- Entre la publicité où les femmes sont représentées comme des hyènes qui passent leur journées à ricaner entre copines ou cette vaste campagne avec des animaux représentés dans des corps féminins dans des pauses plus que suggestives, Orangina remporte sans doute la palme de l’atteinte à la dignité de la femme. 

Sexisme

Alors j’en appelle à vous Madame La Ministre des Droits de la Femme. Madame Najat Vallaud Blekacem, la situation est tout simplement déplorable. L’image de la femme est souillée au quotidien par des images présentées comme la norme, images qui sont intégrées comme telles par les enfants, des hommes en devenir qui vont ensuite traiter les femmes comme tel. Les publicitaires ne respectent pas leur engagement au titre de cette résolution qu’ils sont censés respecter, or nous pouvons constater qu’ils laissent passer des contenus outranciers et rétrogrades. Il faut de toute urgence mettre en oeuvre un véritable lobby pour que la régulation de ces contenus soit exigeante, rigoureuse et absolument scrupuleuse. Il est simplement intolérable que de tels images ne soient pas condamnées. On ne plaisante pas avec ce genre de choses, nos mère et nos grand mères se son battues pour avoir le peu de droits que nous avons aujourd’hui, elles sont descendues dans la rue, ont brûlé leurs soutien-gorge, alors ce n’est pas pour qu’aujourd’hui ces droits et cette dignité soient bafoués d’un cou de publicité.

Quand à vous madame Bruni Sarkozy, j’aimerai bien savoir à quel titre vous décrétez que l’on n’a pas besoin d’être féministe, regardez un peu mieux autour de vous.

La Robe Rouge

A tantôt.

La Robe Rouge.



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