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Sanditon de Jane Austen (roman achevé par une autre dame)

Par Kojimaemi

9782253169321-TAu début du XIXème siècle, l'Angleterre est sous l'emprise de la mode des stations balnéaires et Mr Parker entend bien faire de la petite ville de Sanditon la prochaine destination en vogue. Invitée à passer l'été chez les Parker, Charlotte Heywood, jeune fille raisonnable, découvre un monde où les apparences sont trompeuses. Son précieux don d'observation semble s'émousser au contact de ses nombreux voisins, notamment le malicieux Sidney Parker.

Décidément, Jane Austen a le vent en poupe ces derniers temps,  que ce soit pour le meilleur ou pour le pire. J'ai déjà évoqué le pire (merci P.D James), il ne reste que le meilleur.

Sanditon est donc un roman inachevé de Jane Austen. Elle a commencé sa rédaction en janvier 1817, l'a interrompu en mars et est morte en juillet de la même année, laissant derrière elle les 11 premiers chapitres du roman. Le défi relevé par cette "autre dame" est immense et je dois dire qu'elle s'en sort avec brio. Tout en restant extrêmement fidèle à l'esprit et au style de Jane Austen, elle ajoute une très légère note de modernité qui ne gâche pas du tout l'ensemble. Jane Austen n'avait sans doute pas pensé à une fin si romanesque, mais l'ensemble ne dépare pas du reste de son oeuvre.

L'histoire est simple, il s'agit encore une fois de se moquer des excès des caractères ou de la bêtise de certains des protagonistes; tout en incorporant une histoire d'amour. Et encore une fois, cela fonctionne à merveilles. Il est très facile de s'identifier à Charlotte Heywood. C'est une jeune fille intelligente et réservée, très observatrice et raisonnable, j'ai beaucoup de sympathie pour elle. Quant à Sidney Parker, il est devenu un de mes protagonistes austeniens masculins préférés après Darcy! Il est drôle, vif, piquant, manipulateur mais pas mauvais, moqueur mais pas méchant. C'est lui qui mène la danse, égarant tout le monde dans ses plans, le lecteur compris. Essayer de comprendre le pourquoi de ses actes relève de l'enquête policière et le suspense est maintenu jusqu'aux derniers chapitres. Les autres protagonistes sont ridicules à souhait, comme Diana Parker en hypocondriaque forcenée ou lady Denham, vieille rombière désagréable.

Je conseille donc à tous les fidèles lecteurs de Jane Austen de se jeter sur Sanditon comme des morts de faim et de savourer cet "inédit" car ça n'arrivera qu'une fois dans leur vie. Marie Dobbs, l'autre dame, nous replonge dans la finesse austenienne en toute humilité, ce que je trouve remarquable étant donné la qualité de son travail. Voici comment elle conclue sa justification: "Il ne reste qu'une difficulté: son art d'écrivain. Son langage, son intégrité et ses méthodes de travail rigoureuses - sa technique si précise, si méticuleuse, à un degré extraordinaire - se combinent, dans les six romans où elle a donné la vie à son univers et en a fait une réalité pour ses lecteurs, pour nous inspirer chaque fois le même sentiment de sérénité et de confiance. Ces qualités sont inimitables. Et c'est pour leur absence dans ce septième roman que je présente toutes mes excuses au public." Je pense qu'il n'y a pas besoin de s'excuser. Au contraire, je tiens à la remercier!


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