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Un "Cercle de Craie Caucasien" qui brille par son évidence et sa simplicité...

Publié le 21 janvier 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Dans la nouvelle salle du Théâtre 13, ouverte l'an passé, la Compagnie Orten donne à voir et entendre de manière limpide le superbe texte de Brecht dont nombre d'entre vous gardent sans doute un souvenir ému de la version magistrale proposée il y a une dizaine d'années par Benno Besson et Coline Serreau. Il conviendra donc d'oublier un temps cette dernière pour applaudir un travail radicalement différent mais de qualité. Un spectacle de troupe sincère, rigoureux, lisible, épuré, mêlant joliment plusieurs disciplines, dénué d'idées de mise en scène faciles ou gratuites, et qui va à l'essentiel. Très réussi.

Cette épopée, cette fable intense qui s'interroge entre autres sur la légitimité des liens du sang, sur le don de soi, les coutumes et traditions,  raconte le dévouement de Groucha, femme du peuple ayant recueilli un nourisson lâchement abandonné par l'épouse d'un gouverneur caucasien en fuite pour cause de révolution. Celle qui consentira aux sacrifices les plus grands, transmettra un amour inconditionnel, et affrontera d'innombrables épreuves pour élever et sauver un enfant poursuivi par les opposants au régime, se verra  réclamer devant la justice ce fils adoptif par sa mère biologique, une fois le calme revenu dans la région.

Fabian Chappuis, metteur en scène, a opté, nous le disions plus haut, pour la simplicité. Une simplicité inspirée, permettant au spectateur de faire travailler son imagination. Sur le plateau, seulement deux pans inclinés qui, selon leur positionnement, évoquent les différents espaces de l'action. Suffisant. Quelques discrètes projections vidéos. Des éclairages soignés. Voilà pour la scénographie. Des costumes et coiffes conçus à partir d'éléments du quotidien transformés. Joli. Un appréciable travail sur le corps, les mouvements, presque chorégraphiés, une magnifique séquence de masque, une marionnette (l'enfant) manipulée avec grâce. Dix interprètes enfin (et surtout !) qui portent à l'unisson, avec la sincérité la plus totale, une partition bouleversante.

Ils sont tous impeccables, campant pour la plupart au fil de l'intrigue plusieurs personnages.  Saluons la poignante prestation de Stéphanie Labbé en Groucha, qui se donne sans réserve, ainsi que la composition des plus physiques, brillantissime, de Florent Guyot en Azdak, juge alcoolique à qui incombera la lourde tâche d'attribuer une mère officielle à l'enfant.

A voir jusqu'au 3 mars.

N'hésitez pas.

Photos : Bastien Capela


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