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Mali : Françafrique ou Pompafrique ?

Publié le 18 janvier 2013 par Idealmag @idealmag2
La vie de civils et otages passés par profits et pertes de cette intervention précipitée François Hollande a pris tous les français de court, par sa décision grave, sans avoir préalablement consulté le Parlement, comme la gauche s’y était pourtant engagée.

Les raisons qu’il a données pour décréter l’intervention sont en réalité connues.

Le pouvoir français pratique-t-il une "colonisation" qui ne dit pas son nom, comme depuis 150 ans ? Ou créera-t-il les conditions pour que les Africains prennent en main leur destin ?

Au nom du droit d'ingérence et des droits de l'homme, on dénombre facilement  50 interventions militaires françaises au service des dictatures et de nos intérêts, quelques fois c'est aussi vrai : pour nos expatriés.

François Hollande semble piégé entre la morale de la fin de "Françafrique ", et la continuité évidente d’une politique que nous dénonçons depuis longtemps.

La politique de Nicolas Sarkozy a entraîné le retour de centaines de Touaregs surarmés C'est bien en grande partie, à cause de l’intervention française en Libye. La politique de Nicolas Sarkozy a entraîné le retour de centaines de Touaregs surarmés, désœuvrés et prêts à se jeter dans une aventure avec les djihadistes.

La France veut donc "voler au secours du mali ?"

Où était cette même France quand le Président Amani Toumani Touré (ATT), tout seul dans la tempête, ne pouvant même plus payer ses militaires qui se sont révoltés et ont entraîné l’effondrement de l’Etat malien à deux mois de la fin de son mandat et de la transition politique ?
A investissement égal au budget de l'intervention, redistribuons plutôt une partie des richesses Mali : Françafrique ou Pompafrique ? Le Mali c'est de l'Or... du Pétrole... de l'Uranium... des Terres cultivables...

Aujourd'hui François Hollande dit que nous sommes là pour défendre la femme, l'enfant, le vieillard, le ciel, la mer et les oiseaux... ouiiii... Et même si, aujourd’hui, une très grande majorité des Maliens se sent soulagée et applaudit l’intervention française, ils devront bien se réveiller demain, et  réaliser l'enjeu que représente leur sous-sol, pour nous leurs défenseurs; et les intérêts stratégiques dans cette grande région du Mali : pétrole, uranium, ressources énormes en eau souterraine, terres cultivables…

Qui les convoite ? Plusieurs des multinationales françaises, qataries, américaines… Sans oublier la plate-forme aéroportuaire de Tassalit (près de Kidal) que les Américains et les Français veulent transformer en une vaste base militaire pour surveiller et contrôler toute la région du Sahel, la Méditerranée, la mer Rouge. C’est une base militaire qui peut recevoir les gros avions de guerre et, de plus, elle est inaccessible et inattaquable car située en plein désert. . Rien que ça....

Comme solution pour la paix, une équation pourrait bien être intéressante à faire :

Si la même somme pharaonique d'argent, engloutie dans cette guerre qui n'en n'est qu'à son commencement, était investie dans une politique de distribution des richesse du Mali, notament dans le Sahel, serions-nous aujourd'hui face à des hordes de criminels, immissés au milieu de rebels affamés, apauvris et en colère... ?

Nous pourrions attaquer le problème à sa base, au lieu d'attaquer des rebels dans des bases ... Logique de paix :   désamorcer un conflit. Logique de guerre : préparer un combat.

D'ailleurs.... Le président malien qui appelait hier au secours son homologue français, n'était-il pas menacé pour son incurie par son propre peuple quelques jours avant ?

Le gentil français bien pensant, ne verra que le courage de ses enfants dans cette intervention, la glorieuse tradition française, la larme à l'oeil devant ces jeunes militaires à peine sortis de l'adolescence, animés par l'esprit de sacrifice et d'aventure les armes à la main, en réalité sacrifiés sur le théâtre d'opérations des lobby militaro-industriels, qui leur ont décerné ce triste diplôme :  mercenaire légal sur les terres d'autrui. Hier en Afganisthan, aujourd'hui au Mali, demain en Syrie, puis pourquoi pas en Iran avant le Pakistan ou ailleurs ? ... au gré du partage des ressources du monde entre les puissants.

La seconde intention, objectif caché, serait le vrai but de cette guerre, que la France s'engagerait dans un conflit armé long et coûteux. Une longue bataille dans le désert, serait comme conquérir des dunes de sable, sans jamais les retrouver le lendemain.

Les forces françaises ont l'expérience historique suffisante pour affronter de tels adversaires, que sont tous ces groupes : Aqmi, le Mujao, Ansar Eddine et autres factions armées, bien que notre passé nous a montré que plusieurs siècles n'ont pas suffi à faire plier un peuple.

Le problème suivra derrière, si notre volonté était de rendre le pouvoir militaire aux forces maliennes ou africaines en général, totalement incapables de contenir cette rebellion. Leur seule chance réelle est une solution politique pacifique interne, qui commence par soigner le mal à la racine : arrêter d'affamer le peuple du nord Mali, tout en vendant les richesses de son sol aux multinationales occidentales.

Encore une fois, à investissement égal, redistribuer une partie des richesses, épargnerait à l'Afrique une crise humanitaire, le sang de nos jeunes soldats en plus d'un lourd bilan de victimes civiles, et une future destabilisation d'autres pays voisins africains.
Exigeons le respect des intérêts du peuple africain et de son territoire Monsieur François Hollande, promettez que l'intervention française :

1 - ne radicalisera pas les communautés ethniques; 
2 - ne favorisera pas le développement du terrorisme et des prises d’otage;
3 - n'entraînera pas l’ensemble de la région dans une guerre.

Les citoyens français et maliens doivent plus que jamais se poser des questions,  débattre, et surtout, exiger le respect des intérêts de ce peuple et de son territoire. D’autant plus que, plus de cinq mois après l'élection de François Hollande à la tête de l’Etat français, le personnel diplomatique français dans les pays africains demeure celui mis en place par Sarkozy, comme aime à le rappeler le Président de la Convention Patriotique des Forces de Gauche du Bénin, dans sa lettre à François Hollande.

Les français n'ont pas voté pour la politique d'une Françafrique, ni celle d'une Pompafrique, pas plus que du fusil à pompe d'ailleurs...
Monsieur Hollande, promettez-vous le rétablissement de la souveraineté malienne ? - le rétablissement de la souveraineté malienne sur tout son territoire ?
- d'aider à l'émergence d'une solution politique et démocratique à Bamako ?
- d'aider à l'émergence du respect des droits pour les Touaregs au nord ?
- de redéfinir la politique africaine de la France et ses rapports politiques, économiques et culturels ?


La France, après avoir exploité le peuple d'afrique et du Mali durant des siècles et des décénies, a une dette envers son peuple, et doit l'aider à trouver une partie des solutions. Seulement alors deviendrons-nous enfin des partenaires.


Autre article : Soldats de paix : propagande de guerre

Les ressources du mali :
http://www.ouestaf.com/RESSOURCES-MINIERES-AU-MALI-1ere-partie-Un-potentiel-non-negligeable_a2156.html

Lettre à François Hollande : Par Philippe Noudjenoume Président de la Convention patriotique des forces de gauche du Bénin


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