Magazine Entreprise

Pétrole contre nourriture : 6 ans après

Publié le 21 janvier 2013 par Edelit @TransacEDHEC

A l’occasion du jugement de Charles Pasqua et de Christophe de Margerie (PDG du groupe Total…) dans l’affaire du programme « Pétrole contre nourriture », Transaction EDHEC revient sur les événements marquants de ce qui restera comme l’un des plus grands scandales de ces 10 dernières années. Commissions occultes, politiques et chef d’entreprises seraient impliqués… Effectuons un rapide état des lieux.

Mai 1996,  l’opération tempête du désert  est officiellement terminée depuis 6 mois et l’Irak de Saddam Hussein est exsangue : l’armée irakienne a perdu près de 100 000 soldats, dont 85 000 ont été faits prisonniers de guerre. Les hôpitaux manquent de moyens et de personnel alors que le pays souffre de l’embargo imposé à la fin des hostilités en 1991. Il n’en faut pas plus à certains pour y voir l’opportunité d’un nouveau marché…

« Assieds toi tu vas gagner de l’argent ! »

Le programme se voulait comme un service temporaire accordé au régime de Saddam, visant à réduire le nombre de morts par sous-nutrition et manque de soins. La réalité est toute autre : rares sont les irakiens qui bénéficieront de cette opération… et force est de constater qu’ils ne faisaient pas partie des moins nourris. Au total, 64 milliards de dollars de l’époque (soit 91 milliards de dollars de 2012 après inflation) seront manipulés lors de cette opération. Le marché conclu entre l’ONU et l’Irak impliquait l’échange de pétrole irakien contre des denrées alimentaires et du matériel médical d’urgence en provenance des pays occidentaux. Si, éthiquement, le deal n’a rien d’une histoire entre enfants de chœur, tout va très vite prendre une dimension bien plus tordue…

La corruption va très vite se mêler de ce marché de philanthropes, entrainant la démission du coordinateur de Nations Unies affecté au programme et celle de son successeur, entre 1998 et 2000. En tout, 270 personnes sont suspectées suite à l’enquête d’un journal irakien, dont 21 français : c’est là que nous retrouvons Messieurs Pasqua et de Margerie, accusés d’avoir respectivement touché des commissions occultes et d’être intervenus dans un réseau de corruption et de trafic d’influence.

La direction de Total se serait livrée, selon les charges retenues contre elle, à l’achat délibéré de barils en échange de l’influence de politiques français dans les négociations entre l’Irak et la communauté internationale. Les sommes mentionnées varient entre 1.8 et 2 milliards d’euros : de quoi payer quelques lits d’hôpital et des réserves satisfaisantes de nourriture ! En 2013, le groupe continue de plaider son innocence, en rappelant que l’acquisition de ces barils s’est faite « en toute légalité et avec l’approbation des Nations Unies ».

L’action TOTAL ne semble pas avoir été tellement impactée par l’annonce de la reprise du procès, en clôturant en hausse de 0.30% après une séance étonnamment stable. Preuve s’il en est que le procès en cours (et déjà suspendu pour des raisons de procédure) est très loin d’inquiéter le mastodonte du CAC40. Rappelons que le groupe, dans sa charte d’éthique et de lutte contre la fraude éditée en 2000, « rejette la corruption sous toutes ses formes, publiques et privées, actives et passives ». Soyons donc assurés de la totale transparence de ses activités et l’innocence de sa direction… ou pas.

G.A


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Edelit 18215 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte