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Dredd, du projet attendu au "direct-to-dvd"

Par Tred @limpossibleblog

Il y a des films qui sur le papier, au moment où leur mise en chantier est annoncée, semblent être promis à devenir, lorsqu’ils sortiront, un évènement cinématographique. Bon d’accord, le terme est trop fort, disons plutôt qu’ils seront fortement attendus par la tranche reine des spectateurs, celle qui est le plus souvent le cœur de cible d’Hollywood, les mecs de 15/30 ans. Certes Dredd est trop violent pour les ados aux États-Unis, et le souvenir laissé par une première adaptation du comic-book avec Stallone a pu ringardiser le héros. Mais lorsqu’il fut annoncé que des producteurs allaient relancer le personnage du juge futuriste au cinéma pour faire oublier le nanar de Stallone passant régulièrement en VF sur NT1 ou NRJ12, le potentiel que la série B musclée attendue fasse parler à sa sortie était là.
Sorti en salles aux États-Unis en septembre, mois de disette du box-office, après avoir été longuement repoussé, Dredd s’y est mangé le trottoir en beauté. Même si le film n’avait pas coûté si cher que cela pour une telle production (40 millions de dollars), le four fut flagrant (à peine plus de 13 millions de dollars de recettes, quand la version avec Stallone, sortie il y a 18 ans à une époque où les places de cinéma étaient bien moins chères, en avait rapporté 34 millions). Ouch. Lorsque je ratai la projection du film en clôture de L’Étrange Festival, j’eus un mauvais pressentiment… Et si j’avais manqué là l’unique projection sur grand écran à laquelle la France aurait droit ? Le murmure se faisait déjà entendre à l’époque, parlant d’une sortie directement en DVD… Le mauvais pressentiment s’est confirmé, puisque Dredd de Pete Travis sort donc directement en DVD en France dans quelques jours. Des amis l’ayant vu en salles en Corée avaient beau m’avoir dit « C’est nuuul », nos goûts sont trop éloignés pour que je ne me doute que mon appréciation risquait de s’avérer différente.
Au scénario, Alex Garland, auteur et scénariste fréquent de Danny Boyle, derrière la caméra, Pete Travis, réalisateur du solide « Angles d’attaque » (qu’il fallait tout de même arrêter de regarder à 15 minutes de son dénouement ridicule), en tête d’affiche, Karl Urban, acteur intéressant pour le moment sous-employé dans le cinéma américain – et ce n’est vraisemblablement pas Dredd qui changera la donne pour lui. Si je n’ai jamais lu le comic book à l’origine du film, la vision du Judge Dredd premier du nom avec Sylvester Stallone sous le casque, kitsch à souhait, a suffi à me convaincre qu’il y avait sûrement mieux à faire sur grand écran avec le personnage, et il est indéniable que Pete Travis s’en sort bien mieux que… que… que quiconque a réalisé la version Sly à l’époque.
Non que ce nouveau Dredd soit un grand film, on en est loin, même dans le genre qui est le sien. Mais le film avec Stallone avait suffisamment baissé les attentes, et à défaut d’être mind-blowing comme diraient les américains, ce nouveau Dredd est une série B diablement plaisante que j’ai eu la chance (ouf !) de découvrir en 3D sur grand écran, en me faufilant à une projection organisée chez Metropolitan.
Dans ce nouveau Dredd, point de Stallone qui montre sa tronche quand le héros est connu pour ne jamais retirer son casque dans le comic book, point de gigantisme raté et de blagues foireuses. Pete Travis nous entraîne sur le territoire du cinéma d’action aride, brutal et pince-sans-rire. Une aventure simple et directe ne cherchant pas à étirer la mythologie Dredd, mais plutôt à la traverser. Le décor est planté rapidement, Mega City One, mégalopole de 800 millions d’habitants dans un futur ravagé par la pollution et la criminalité. Les gangs y pullulent, et seuls les juges y font régner l’ordre, arrêtant les criminels, énonçant et exécutant la sentence dans la foulée (oui je sais, c’est pas un film de gauche). Dredd est l’un de ces juges, et avec une nouvelle recrue qu’il se voit confier, le voici parti pour une journée de boulot qui va l’envoyer dans une tour de 75000 habitants, contrôlée par un gang qui va placer ladite tour en quarantaine et tout faire pour ne pas laisser Dredd et sa recrue en ressortir vivants. Piégés en territoire fermé et hostile.
Étonnamment, Dredd se situe ainsi plus dans la mouvance du cinéma de John Carpenter (toutes proportions gardées), brut et claustrophobe, plutôt que dans le kitschouille auquel le film de Stallone nous avait habitués. Ce cinéma d’action cloisonné, j’en suis toujours friand, et Garland et Travis ont eu la bonne idée de planter Dredd dedans, dans ce cinéma où le danger rôde, la violence explose et le spectateur reste scotché à son siège. Le costume du juge va comme un gant à Urban, qui joue (un peu trop ?) de la mâchoire carrée à merveille.  Même si la 3D ne m’a pas franchement convaincu de son utilité, et que les ralentis ne sont pas franchement du meilleur effet (comme souvent), voilà un juge Dredd qui a de la gueule à défaut d’être inoubliable.  

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