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[Critique Cinéma] Alceste à bicyclette

Par Gicquel
[Critique Cinéma] Alceste à bicyclette

Au sommet de sa carrière, Serge Tanneur a quitté une fois pour toutes le monde du spectacle. Trop de colère, trop de lassitude. La fatigue d’un métier où tout le monde trahit tout le monde. Désormais, Serge vit en ermite dans une maison délabrée sur l’Île de Ré. Lorsqu’on lui propose le rôle de sa vie…


[Critique Cinéma] Alceste à bicyclette
"Alceste à bicyclette" de Philippe Le Guay

Avec : Fabrice Luchini, Lambert Wilson, Maya Sansa

Sortie Cinéma le 16/01/2013

Distribué par Path? Distribution

Durée : 104 Minutes

Genre : Comédie

Film classé : -

Le film :

★
★
★
½
☆

 L’Ile de Ré n’a pas besoin de publicité, et pourtant… Même sous la pluie, dans les venelles d’une arrière-saison désertée par les vacanciers, chaque village est un havre de paix, un bonheur de retraite. A l’image de celle que coule paisible et solitaire Serge Tanneur un ancien acteur qui au sommet de sa gloire a rompu les amarres. Écœuré par un métier, où tu marches ou tu crèves, où tout le monde trahit son monde.
Retranché dans une maison en piteux état (héritage mal assumé) Serge rejette l’humanité tout entière, son hypocrisie et ses bassesses. Il pourrait donc bien jouer Alceste, un rôle que lui propose un comédien très en vogue Gauthier Valence  ( Lambert Wilson )qui a toujours rêvé de monter « Le Misanthrope ».

alceste à bicyclette

Si le futur metteur en scène se verrait bien dans la peau du personnage clé, il laisse néanmoins à son hôte la possibilité d’alterner avec celui de Philinte, l’ami d’Alceste. La proposition n’est pas anodine : au-delà de l’inédit, elle offre au réalisateur le soin de multiplier les caractères autour de ces deux principaux personnages
C’est dès lors une jubilation de tous les instants pour nos comédiens, excellents, faut-il le préciser, qui de répétitions en scènes de ruptures, nous racontent les affres de la création, comment elle balbutie avant de rebondir pour devenir spectacle.
Depuis « Les acteurs » de Bertrand Blier, le comédien n’avait pas été à telle fête pour célébrer un métier qui entre l’abnégation et le narcissisme s’expose ici magnifiquement. Une scène aussi usée que celle du portable qui sonne au milieu de la répétition prend chez Luchini des airs de vendetta corse. Il en jouit le coquin !

Une image qui n'a rien d'une tarte à la crème ...

Une image qui n’a rien d’une tarte à la crème …

Et la manière de nous présenter les tenants et les aboutissants de la pièce de Molière, sonne joyeusement au cœur de cette île abandonnée aux vents et aux marées. Philippe Le Guay y règle quelques comptes avec le monde du cinéma (un producteur en prend plein la tronche, mais lequel ?), avant de débiner les agents immobiliers du coin qui ne se mouchent pas avec le dos de la cuillère.

Le réalisateur n’est pas plus tendre avec ses deux héros dont la confrontation tourne souvent à l’affrontement, comme un écho à ce monde qu’ils mettent en scène, bien loin du tumulte de la ville.
C’est peut-être pourquoi le personnage de Luchini balance entre Céline et Léautaud. Un apparentement singulier, peut-être étrange, mais pas forcément innocent. A l’image de ce film.


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