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Voici Le Temps Des Assassins (Julien Duvivier, 1956)

Par Doorama
Voici Le Temps Des Assassins (Julien Duvivier, 1956) André Chatelin tient un restaurant aux Halles, quand il reçoit un jour la visite de Catherine, la fille de son ex-femme récemment décédée. Il décide de l'aider et la prend sous sa protection, cherchant même à lui faire rencontrer son jeune ami Gérard. Il tombe amoureux de Catherine, mais la jeune fille le brouille avec Gérard et semble bien moins innocente qu'il n'y parait, elle cache des objectifs machiavéliques à son encontre...
Un homme droit et honnête se retrouve confronté à l'immoralité, voici la terrible histoire racontée par Julien Duvivier dans ce film pesant, quelque part à la croisée entre Les Diaboliques et  Thérèse Raquin. Voici Le Temps des Assassins dessine avec une noirceur qui fait froid dans le dos tout ce qui va à l'encontre du courage et des valeurs morales de la France d'alors, il confronte l'innocence à la vénalité, et pour l'occasion lui donne les aspects d'un ange de la mort...
C'est dans le Paris des Halles que Julien Duvivier choisit de placer son drame. Il y oppose le personnage d'André, un restaurateur droit et chaleureux, aussi dévoué à sa cuisine que travailleur, à l'incarnation de son négatif féminin, fourbe, manipulatrice vénale et manipulatrice. Sous l'oeil de Duvivier, la jeune Catherine représente tous les péchers de la société et incarne à elle seule les 4 cavaliers de l'apocalypse ! Elle invite dans la vie paisible d'André le trouble (elle le fâche avec son ami, l'oppose à sa mère), le mensonge et la mort. Catherine ne trouvera même pas, aux yeux de Julien Duvivier, de circonstances atténuantes, même pas avec la situation de sa mère,  elle est une forme d'anti-innocence, presque maléfique, qui consume tout sur son passage, sans remords ni hésitation.
Voici le Temps des Assassins trouve dans l'ambiance populaire des Halles une formidable caisse de résonance à la méchanceté de Catherine. Dans ce microcosme surpeuplé, au milieu des détritus et de l'effervescence du marché, la vie populaire des vieilles Halles parisiennes ressemble à un terreau fertile pour que le drame naisse sans attirer l'attention. Masqué par l'agitation du lieu, personne ne remarquera ce qui se tramera en son sein. C'est une noirceur presque totale qui recouvre le film de Duvivier ! Rien, et surtout pas les femmes n'apporteront un peu de lumière et de douceur dans cet univers presque  souterrain. Catherine est vénéneuse, voire diabolique... sa mère est une épave... la propre mère d'André (armée d'un fouet !) semble d'une dureté à toute épreuve... Seul l'amitié d'André avec Gérard, et la reconnaissance de ses clients, viendront empêcher le film de revêtir un noir total... L'univers mis en scène par Julien Duvivier est dur, presque impitoyable, il faudra bien être attentif à pour s'y maintenir, car les dangers semblent y être omniprésents, prenant parfois la plus innocente des formes...
Drame sombre et puissant, Voici Le Temps des Assassins impose un climat pesant et une ambiance populaire, qui agissent comme deux écrins, ciselés, pour raconter l'histoire d'André. Immoral, injuste et cruel, le film de Julien Duvivier n'échappe pas à un certain manichéisme, mais tellement concentré sur son récit, presque atroce, le spectateur se noie avec bonheur dans cet océan de peu d'espoirs... Mise en scène, personnages, ambiance, acteurs et morale de l'ensemble : tout séduit encore aujourd'hui dans Voici Le Temps des Assassins ! Comme sa vénéneuse héroïne, sous les traits d'un ange, Voici le Temps des Assassins, lui aussi cache bien son jeu : celui d'un sublime classique du cinéma français, sous d'anodines allures d'un drame ordinaire, ou presque...
Voici Le Temps Des Assassins (Julien Duvivier, 1956)

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