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[Critique] LES MISERABLES de Tom Hooper

Par Celine_diane
[Critique] LES MISERABLES de Tom Hooper [AVANT-PREMIERE] 
Deux heures et demie d’horreur visuelle et sonore, pour une seule séquence époustouflante. Voilà à quoi l’on pourrait résumer l’adaptation du musical de Claude-Michel Schönberg, Alain Boublil et Herbert Kretzmer par le réalisateur du Discours d’un roi. Celle, poignante, où, Anna Hathaway en Fantine interprète le célèbre morceau I dreamed a dream, face caméra, en pleurs. Hooper ne traque alors pas l’émotion, capte tout de l’intense prestation de l’actrice. Un instant magique de dépouillement et de talent. Ce sera tout. Pour le reste, le cinéaste est responsable d’un immense naufrage, artistique, musical, un zéro pointé sur toute la ligne dont on a encore du mal à croire les huit nominations aux Oscars (meilleur film, acteur, actrice dans un second rôle, décors, costumes, maquillages et coiffures, mixage de son, chanson). Du roman d’Hugo, il n’y a rien. Des destins croisés et tragiques de Jean Valjean (Hugh Jackman), Javert (Russell Crowe), Cosette (Amanda Seyfried) et des Thénardier (amusants Helena Bonham Carter et Sacha Baron Cohen), dans la France révolutionnaire du 19ème siècle, il ne reste que des tableaux mal fichus, artificiels, saccagés par des mouvements de caméra grossiers (Hooper use et abuse des grues, des coupures sèches, d’un montage bancal). Le réalisateur veut tout embrasser : l’épique, le romantisme, l’Histoire française, le cinéma. Il ne finit par ne rien effleurer du tout, englué dans le sirupeux, la reconstitution de pacotille, l’esbroufe comme seul mot d’ordre. 
Cette 42ème adaptation du roman d’Hugo, aux accents burtoniens (imagerie très Sweeney Todd) ne révèle rien de plus qu’un patchwork hideux de séquences chantées, recollage disharmonieux de morceaux passables, qui, en plus de casser les oreilles, est dépourvu de rythme. Le film est moche, interminable. C’est d’autant plus triste que Hooper s’est entouré d’acteurs de talent : Hathaway est tout simplement fabuleuse (on parie sur elle pour l’Oscar), Crowe reste sobre, Jackman est crédible. C’est grâce à leurs intenses interprétations (ils chantaient d’ailleurs réellement sur le plateau, Hooper refusant toute post synchronisation du son) que Les Misérables trouve quelques instants de grâce : un regard, une larme, un souffle. La plupart du temps, pourtant, le cinéaste ravage même leurs jeux, cassant l’émotion par des sursauts de caméra non justifiés, des changements de points de vue incompréhensibles. C’est le premier film à ouvrir le bal des adaptations littéraires les plus attendues de l’année (on pense notamment à Gatsby le magnifique par Luhrmann ou L’écume des jours par Gondry), … espérons que les deux autres offriront autre chose qu’une guimauve longuette et filmée avec les pieds, tâche embarrassante dans la filmographie d’un auteur qui nous avait habitué à plus de sobriété, de retenue, et de maîtrise. 
[Critique] LES MISERABLES de Tom Hooper
Sortie : le 13 février 2013

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