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De Renault à PSA, les lignes rouges, la colère qui monte

Publié le 25 janvier 2013 par Lecridupeuple @cridupeuple

Cette fichue ligne rouge… Montebourg ne saura jamais réfléchir avant de parler. Mais baste, assez parlé de lui. Je ne veux évoquer que les « sans » : les sans grades, les sans voix. Pascal, ouvrier de PSA Aulnay ; Sylvain, ouvrier chez Renault Choisy. Deux visages victimes d’une même violence. Si PSA ferme une usine et détruit 11 500 emplois en France, Renault, avec des gants, détruit 8.260 postes de travail en France. La nuance est là, entre emplois et postes de travail, qui justifie que le ministre du haussement de col improductif estime que « les lignes rouges du gouvernement n’ont pas été franchies ».

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Certes, Renault ne ferme pas d’usine ; pas maintenant ; pas « si l’accord sur la compétitivité est signé ». La firme au losange dément exercer quelque chantage que ce soit. Sylvain en rit jaune, encore, et résume les choses à sa manière : « Le truc de la direction c’est : j’ai un fusil, je te braque, on négocie et, peut-être, si tu fais ce que je te demande, je ne tirerai pas ». Et pour se faire bien comprendre, le mécanicien arrivé de Bretagne pour s’embaucher chez Renault en 1986 enfonce le clou : « Tu noteras qu’ils n’ont JAMAIS dit qu’ils ne fermeront pas de site en France. »

Le groupe dirigé de main de maître par Carlos Ghosn, a été échaudé par les réactions à la fermeture de l’usine de Vilvoorde en 1997. Il préfère donc ne pas remplacer les départs en retraite, « inciter » à la mobilité, « favoriser » les départs en retraite anticipés, externaliser ce qui ne constitue pas son cœur de métier. Mis bout à bout, on arrive rapidement à 8 260 postes de travail détruits en 4 ans. Mais avec tact, avec délicatesse, rien à voir avec la brutalité assumée de PSA.

Chez Peugeot, où la direction a laissé tuer des ouvriers en 1968, on organise des milices patronales. On ferme l’usine pour empêcher les grévistes d’entrer. Oh, oui, c’est interdit par la loi et cela s’appelle un lock out. Mais quand on vit en Suisse, qu’importe la loi française ? Pour faire bon poids, si j’en crois mes contacts dans l’usine d’Aulnay, avant que de fermer l’usine, la direction de PSA a fait venir 200 intérimaires pour pallier les grévistes. Là encore, c’est interdit par la loi. Mais quand on vit en Suisse…

Il y a donc deux méthodes, dont l’une agrée plutôt au gouvernement, l’autre moins. Mais le résultat est le même. Des postes de travail, des emplois existants ou potentiels, sont détruits. Et les revenus des actionnaires croissent quand ce ne sont pas les revenus du patron. Tenez, pendant que Sylvain se demande s’il travaillera encore dans deux-trois ans, Carlos Ghosn s’est augmenté de 38 % l’an dernier et son salaire plus boni plus dividendes atteignent les 13 millions d’euros. Et à la fin, Laurence Parisot signe avec la CFDT un accord qui fait passer tant Renault que PSA pour des enfants du bon dieu.

Nous allons prendre la direction du changement

A dire le vrai, cela me demande de plus en plus d’efforts pour garder mon calme en écrivant cet édito hebdomadaire. Au demeurant, je vous avais prévenus lors de ma première publication : le fond de mon air est rouge. Rouge comme la ligne franchie par Montebourg ; rouge comme la colère de Pascal et Sylvain.

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Bonus vidéo : MC5 « Motor City Is Burning »


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