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Quelqu’un a des nouvelles de…? (#4 Le Dubstep)

Publié le 30 janvier 2013 par Wtfru @romain_wtfru

Benga, Skrillex, El-B, Oris Jay, Jakwob, Zed Bias, Steve Gurley, Skream, Bassnectar, Nero… Si l’un de ces noms ne vous dit rien, c’est soit que vous avez quatre ans (dans ce cas, il est considéré comme normal qu’ils ne vous disent rien puisque vous ne savez pas lire), soit que vous avez de grosses lunettes et passez votre vie enfermé dans la bibliothèque (ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi, remarquez).

Quelqu’un a des nouvelles de…? (#4 Le Dubstep)

Pour ceux dont les oreilles frétillent à la lecture de ces noms, inutile de préciser qu’il s’agit de ces héros qui ont contribués à la popularisation du Dubstep. Pour les autres qui, comme nous, trouvaient ça cool au début mais ne peuvent plus entendre une seule infrabasse sans avoir une quantité impressionnante d’alcool dans le sang, voici un petit rappel des faits concernant ce genre de musique, reconnaissable entre tous.

Quelqu’un a des nouvelles de…? (#4 Le Dubstep)

Nous sommes à la fin des années 90, Jacques Chirac fait la bourde de sa vie en dissolvant le Parlement, la France explose le Brésil et de joie, vos parents ont divorcé ou sont en train de le faire, mais en Angleterre, et en particulier à Londres, beaucoup de choses sont en train de bouger. Ecoutez plutôt ça :

Ce rythme complètement barjo ne vous rappelle rien ? Exactement : la Drum ‘n’ Bass. Celle-ci, comme son nom l’indique, est composée en grande partie d’un fond rythmique frôlant l’apoplexie musculaire, et d’une ligne de basse peu portée sur les envolées de style. Aujourd’hui, n’importe quel mec qui écoute un peu de Dubstep est, en général, horrifié à l’écoute de ce genre de musique, même si des noms comme Pendulum, Chase & Status ou encore Noisia ne lui sont jamais vraiment étrangers. Ce morceau, donc, datant de 1992, annonce les premiers balbutiements du Jungle et du Garage anglais, mais aussi du Dubstep. Pour faire court, le mot « Dubstep » nous vient du bon vieux Dub jamaïcain auquel il a emprunté les basses, et du « 2-step » (prononcez « toussteppe ») Garage, auquel il a emprunté sa rythmique atypique. Durant toutes les années 90, de nombreux producteurs anglais et DJ’s indépendants vont faire leurs dents sur la Jungle (semblable à notre Drum & Bass, avec beaucoup moins de synthé et beaucoup plus de rythme), tandis que d’autres seront déjà passés Garage pur et dur (une musique de drogués). C’est seulement à partir de l’année 1999 qu’un club sud londonien va réussir à rassembler tout ce brouhaha d’infrabasse sous un même toit, le « Forward>> », géré par Ammunition Promotions (sorte de boss des boss des Labels). Il sera le premier à utiliser le terme de « Dubstep » pour la promotion de ses soirées.

Jusqu’en 2002, le Dubstep ressemble donc plus ou moins à un vinyle de reggae qu’on aurait coupé en morceau et tenté de rafistoler avec des bouts de ficelle et du scotch. Un de ces ambassadeurs, le renommé Kode9 (fondateur du Label Hyperdub), a largement contribué à populariser ce genre de musique à travers notamment son émission consacrée au FWD>>  sur la radio pirate anglaise Rinse FM. Le Big Apple Records, une boutique de vinyles entièrement consacrée à cette néo-culture située à Croydon, dans le sud de Londres, a également participé à l’essor du Dubstep (des types comme Skream et DJ Hatcha ont bossé pour vendre des vinyles là-bas).

DJ Hatcha, justement, est celui que l’on peut considérer comme le père du Dubstep. C’est lui qui, le premier, en 2003, lancera une série de soirées où la drogue coulait à flot et à sang, et répondant du doux nom de « Filthy Dub » (« Dub Crasseux »). Grâce à des « Dubplates » de reggae, sortes de vinyles utilisés pour le mastering et la compression de morceaux, DJ Hatcha va transformer ce son rond et pré-conçu en basses sauvages et sombres, typiques du Dubstep d’aujourd’hui. Les mauvaises langues arguant que le Dubstep émane d’un disque rayé ne sont donc pas si loin de la vérité, finalement.

Benga & Skream

Benga & Skream

Toute une équipe de DJ’s va se bousculer à ces soirées déjantés, de Skream à Benga, en passant par N Type ou encore Cyrus. La sulfureuse DJ et journaliste musicale Mary Anne Hobbs acheva de lancer le Dubstep sur son tremplin lorsqu’en 2005, elle lui consacre une émission entière sur la célebrissime BBC. Dès lors, le genre s’exporte à New-York, San Francisco, Tokyo, Barcelone, et dans tous les clubs du monde. Et tombe dans toutes les mains du monde, parfois pour le meilleur, souvent pour le pire.

Ainsi, Britney Spears a failli nous faire rejeter notre petit déjeuner lorsqu’en 2011 sort Hold It Against Me, vague tube aux relents de Dubstep à peine compressée et de chiasse de pigeon. D’autres artistes, tels que Flux Pavilion, Bassnectar ou encore Zeds Dead, se montreront quant à eux pionniers en termes de ce néo-Dubstep qui aura marqué de sa grosse empreinte basse-fréquencée nos soirées déchéances de post-ados crasseux. Ce néo-Dubstep se caractérise par un jeu de basse (trop ?) complexe, incluant désormais le fameux « drop » que tout le monde connait, une rythmique assez pauvre et de grands synthés plus ou moins mélodiques.

Et maintenant ? Bof. C’est vrai que c’était marrant au début, d’avoir tous ses vêtements qui tremblent rien qu’avec un petit caisson-basse. Mais l’effet semble avoir fait son temps. Le Dubstep est partout. Allumez la radio (genre NRJ), ouvrez vos oreilles et éteignez-là. Quel morceau d’électro (genre Aviici) n’utilise pas un break avec des échos de Dubstep ? De nombreux dérivés, sortes de sous-genres dont la pertinence des noms laisse à désirer (le fameux Gorestep de Borgore, le Brostep, Chillstep, Darkstep). Voilà, on en est là. Et c’est sûrement la raison principale de cette overdose de Dubstep qui, lorsqu’on remonte aux origines, n’est pas un genre si dégueulasse que ça, finalement. Afin que cette overdose ne nous assène pas de coup fatal, rappelons-nous que, comme le Dub l’a fait avec lui, le Dubstep a influencé et continuera d’influencer des dizaines, des centaines voire des milliers d’artistes pour les générations à venir. SBTRKT, Jamie XXShadow Child, Eton Messy, Golden Boy, Eats Everything et même Disclosure sont tous des musiciens qui ont été bercés, contre ou de plein gré, par le Dubstep. Et au vu de ce qui en ressort, peut-on réellement le blâmer ?


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