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Ce référendum anglais sur l’Europe

Publié le 30 janvier 2013 par Alex75

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Sur le plan de l’actualité politique européenne, accusé de faire chanter l’Europe, David Cameron passe un mauvais quart d’heure, de Bruxelles à Berlin, en passant par Paris et même Washington. Il parait que même Pékin désapprouve. Les élites européennes et britanniques désapprouvent aussi. Son prédécesseur, Tony Blair, le condamne. Les marchés, les bourses, les banquiers, les milieux d’affaires aussi. Il faut dire que le Premier ministre de Sa Gracieuse Majesté, a exagéré en exigeant un référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’UE.

Demander au peuple, son avis. On n’a pas idée aussi. Comme l’analyse Thierry Desjardins, on dira que, malgré le tunnel sous la Manche, la Grande-Bretagne est encore une île, qu’elle regarde toujours davantage vers les Etats-Unis que vers le vieux continent, qu’elle est entrée à reculons dans l’Union et qu’elle n’a jamais voulu adopter l’euro. Mais cela dit, les Anglais ont de la chance. Cela fait bien longtemps qu’on ne nous a plus demandé, à nous autres, ce que nous pensions de cette Europe qu’on nous avait présentée jadis comme une aimable confédération d’Etats-Nations. Il parait que Cameron pousserait l’incongruité, jusqu’à se soumettre à la volonté du peuple britannique. D’un vulgaire. Pourtant, Sarkozy lui avait donné le bon exemple, le ton, l’on pourrait dire : un référendum sur l’Europe, on s’assoit dessus, ou alors on fait revoter en catimini, jusqu’à ce qu’un oui s’en suive. Et si le non l’emportait, pourquoi pas démissionner, tant qu’on y est, comme un vulgaire général de Gaulle en 69. La dernière fois qu’on nous avait demandé notre avis, nous avions dit très clairement « non » et nos dirigeants – en l’occurrence Sarkozy qui ne l’a pas emporté au paradis -, n’en ont tenu aucun compte. Ils savent mieux que nous ce que nous souhaitons.

Les Eurolâtres béats continuent à nous raconter que c’est grâce à l’Europe que la France et l’Allemagne ne se sont plus fait la guerre, et que nous avons été épargnés, dans une mesure relative, par la crise mondiale. On sourit amèrement. Les Anglais, eux, ont refusé les douceurs de l’euro, qui devaient nous conduire sur les voies de la croissance et de la prospérité. Depuis vingt ans, la zone euro est la région du monde où la croissance est la plus faible. Les Anglais veulent continuer à bénéficier de leur propre planche à billets. Comme les Américains, les Japonais ou les Chinois. Ils ont aussi refusé les joies de Schengen, qui permet de recevoir des centaines de milliers d’immigrés, dont personne ne veut. Ils refusent aussi de se soumettre à l’impérium de la grande puissance du continent, l’Allemagne. Comme l’analyse Monsieur Zemmour, ils nous comprennent mal, nous qui cédons au lyrisme illusoire du couple franco-allemand. « Un couple, disait Oscar Wilde, c’est quand deux personnes ne font qu’un ». Mais lequel ? Ils sont susceptibles, en plus. Ils ne supportent pas, après la suppression des frontières, la monnaie, de voir leurs lois, fabriquer par des technocrates bruxellois. Ils ont la prétention de continuer à les faire aux Communes à Londres. Ils appellent cela, la démocratie parlementaire. D’un plouc. Ils refusent aussi que des juges étrangers à La Haye, leurs fassent des remontrances sur les droits de l’homme. Comme s’ils se prenaient pour le pays de l’Habeas Corpus, les prétentieux.

Depuis cette annonce, on menace aux entreprises britanniques de leur fermer le marché européen. Le marché européen est le plus ouvert au monde. Les Américains, les Chinois, les Japonais y entrent comme dans du beurre. Et l’industrie britannique est en train de se refaire une santé, grâce à une monnaie faible et des lois sociales encore plus faibles. Non décidément, ce populisme britannique qui ne reconnait que son propre intérêt s’avère intolérable…

   J. D.


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