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Mariage Gay: comment l'hystérie française se poursuit

Publié le 31 janvier 2013 par Juan
Mariage Gay: comment l'hystérie française se poursuitLe sujet est sensible, évidemment. En novembre dernier, il avait déjà secoué la twittosphère et quelques éditocrates en panne d'inspiration. Hollande avait simplement évoqué ce que d'aucuns avaient compris comme une clause de conscience. Cette fois-ci, après quelques manifestations, voici qu'une cascade d'errements hystériques frappa notre charmant pays.
Une catastrophe.
A l'origine, il s'agissait d'une promesse de campagne (l'engagement numéro 31 du candidat Hollande) et d'une avancée des libertés. Vu le contexte politique, certains ont rapidement qualifié le projet de diversion. Quand Hollande ne tient pas ses promesses, il trahit. Quand il les tiens, il divertit. Allez comprendre nos états d'âmes échauffées... A minima, reconnaissons que les réformes sociétales sont plus aisées à gauche que l'action économique ou fiscale.
Pour calmer les esprits, et faciliter l'adoption de cette promesse de la légalisation du mariage homosexuel, le président fait retirer la PMA. La Procréation Médicalement Assistée sera traitée plus tard, dans un autre texte. Elle clive d'ailleurs aussi à gauche.
Mais il fallait continuer le procès d'intention.
Le weekend dernier, Henri Guaino livra sa grande idée - organiser un référendum. Le gars - élu député dans une circonscription protégée des Yvelines en juin dernier - jouait au gaullisme "buissonnien". Il s'inquiétait de l'immigration qualifiée de nuptiale par ses nouveaux collègues de l'extrême fascisante. Car, croyez-le, le mariage pour tous allait donc favoriser l'immigration clandestine ! "L’étude d’impact ne s’arrête nullement sur les flux d’étrangers qui pourraient vouloir venir se marier en France du fait de ces nouvelles dispositions" a-t-il écrit. Pauvre homme, intoxiqué par ces années de débats sarko-buissonniens sur l'identité nationale. Guaino était suivi par un autre dérangé de l'affichage médiatique, Laurent Wauquiez. L'ancien secrétaire d'Etat de Nicolas Sarkozy voulait aussi un référendum. Un député socialiste lui rappela en pleine assemblée qu'il prétendait l'exact contraire voici peu.
Mardi 29 janvier à l'Assemblée, la ministre avait livré un très complet rappel historique à une assistance visiblement perdue dans les travées de droite: le mariage civil est une affaire de liberté. Et la ministre livra aussi une leçon d'éthique républicaine.
Pourtant, contre un projet qui étendait encore davantage cette liberté à une fraction qui en était encore exclue, l'opposition UMPiste a lâché 5.166 amendements. Au-delà de l'habituelle tactique d'obstruction - pratiquée à gauche comme à droite - c'est le contenu de certains amendements qui a choqué. Leurs auteurs visaient le grotesque ou l'insulte. Jacques Bompard, cet ancien néo-frontiste et maire d'Orange, suggérait de supprimer le mariage tout court, autoriser les unions incestueuses, ou donner aux enfants adoptés le prénom de l'officier d'état civil qui reçoit la déclaration... Deux autres amendements cosignés UMP et Front National voulaient donner la possibilité aux maires ou adjoints de refuser la célébration d'un mariage homosexuel, pour "objection de conscience", rapportait le JDD.
Mercredi matin, la France devait s'inquiéter d'une circulaire signée par la Garde des Sceaux, exhumée par je-ne-sais-quel enquêteur médiatique: le ministère enjoignait les greffiers de délivrer un certificat de nationalité française pour les cas où il existe un lien de filiation avec un Français. Oh Mon Dieu !
Quel scandale ! Un à un des ténors anti-mariage gay défilèrent sur nos plateaux radio-télévisées pour exprimer leur indignation ! Cette gôche satanique légalisait la GPA (*) !!. A les écouter, c'était la preuve de l'intention cachée du gouvernement, et, derrière lui, de ces "groupes de pression minoritaires qui veulent fragiliser le mariage" (Marion Maréchale Le Pen). ces gens-là étaient prêts à tous les amalgames. Primo, cette circulaire n'avait rien à voir avec le projet de mariage gay. Secundo, pouvait-on s'amuser enfin de constater combien ces prétendus défendeurs des droits des enfants étaient incapables de saisir cette situation dramatique ?  Tertio, cette circulaire ne visait ... que 40 cas bien réels recensés en 4 ans. Quarante enfants que l'on qualifiera de fantômes, dix par an. 
Le même jour, des catholiques intégristes se sont livrés à une prière de rue à Paris, devant l'Assemblée nationale contre ce fameux mariage pour tous. Où était donc cette droite soudainement laïcarde quand certains musulmans nous encombraient des mêmes manifestations de rue ? Nulle part. Pire, cette démonstration fut jugée légale et autorisée. Quelle tolérance républicaine ! « Les prières de rues ne sont pas interdites en tant que telles dès lors que leur périodicité et leur ampleur ne troublent pas l’ordre public » confirma mercredi la préfecture de Paris.
A l'Assemblée, le dérouté François Fillon fut à la traîne de son rival Jean-François Copé: "le projet de loi remet en cause le cadre juridique et fondamental du mariage" justifia-t-il... 
Au final, il ne s'agissait que d'une promesse de campagne à réaliser, et une avancée des libertés. Pourquoi donc tant de haine et de soupçon  ?
A suivre...
(*) Gestation Pour Autrui

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