Magazine Cinéma

[Critique DVD] Killer Joe

Par Gicquel
[Critique DVD] Killer Joe

Chris, 22 ans, petit dealer de son état, doit absolument trouver 6 000 dollars s'il veut sauver sa peau. Son seul espoir : les 50 000 dollars de l'assurance-vie de sa crapule de mère.Mais qui va se charger du sale boulot ?

[Critique DVD] Killer Joe
"Killer Joe" de William Friedkin

Avec : Matthew McConaughey, Emile Hirsch

Sortie le 06 février 2013

Distribué par Pyramide Vidéo

Durée : 100 minutes

Nombre de : 1

Film classé : 12 ans et plus

Le film :

★
★
★
½
☆

Les bonus :

★
★
★
☆
☆

Habituellement, je ne les vois pas venir, les gentils qui vont devenir méchants. Ou les loups dans la bergerie. Mais là, dès que Killer Joe a posé ses yeux sur la petite Dottie, toute fraîche, toute blonde et presque bêtasse, j’ai compris qu’il allait faire plus qu’exécuter son contrat, pour une famille prête à sacrifier l’ingénue au profit d’un matricide.
Le tout étant de savoir comment le héros allait s’y prendre. D’accord, il y a déjà le bouquin bien documenté de Tracy Letts sur lequel William Friedkin n’a pas besoin de se faire les dents. A la veille de ses 80 printemps, l’auteur de « Bug » connaît toutes les ficelles du métier qu’il applique ici sans trop se formaliser. Un bon décor poisseux avec les comédiens ad-hoc, et la caméra peut tourner sans complexe.

Une famille bien barge

Une famille bien barge

Ce qu’elle fait pendant cent bonnes minutes qui nous plongent dans un univers complètement barré, et visiblement malsain où les protagonistes sont plus débiles, les uns que les autres. Des loosers en puissance, regorgeant de méchanceté et de bêtise crasse. Proche de la caricature quand on suit le père ânonnant à son fils des vérités premières que l’intéressé reçoit sans la moindre effusion.
Un Killer Joe dans ce jeu de quilles et c’est du pain béni pour Matthew McConaughey qui semble devoir se retenir, tellement son jeu est balisé pour assumer le vrai du faux. A peine s’il se cache derrière le vernis de la probité, qu’il galvaude joyeusement une fois les talons tournés.
C’est tout le sel de ce récit à l’emporte-pièce poussé aux limites de la violence que Friedkin tente de maîtriser quand McConaughey ne se retient plus. Le masque est enfin tombé, et ce n’est pas le plus intéressant de l’histoire : c’était bien écrit dans la boue du village de caravanes où vit notre famille que je ne vous ai même pas présentée, tellement il en faudrait des pages et des pages.

photo-Killer-Joe-2011-1

Mais rien qu’un exemple : le fils, Chris, que Emile Hirsch trimballe avec une bonne volonté à toutes épreuves. Il les rate toutes, dont la plus probante : ne pas pouvoir payer ses fournisseurs de dope. Il va se faire massacrer, avant d’imaginer le meurtre de sa mère partie sous d’autres cieux. Tête baissée, il engage Killer Joe. Le loup vient d’entrer dans la bergerie.

LES SUPPLEMENTS

  • Portrait d’une Amérique peu aimable (35 mn)

Le réalisateur est principalement au centre de ce documentaire qui évoque les rapports très étroits entretenus avec l’œuvre de Tracy Letts. Il la compare d’ailleurs avec le travail en Grande-Bretagne, d’Harold Pinter : « leurs personnages se retrouvent toujours dans des situations que l’on peut retrouver n’importe où ».
Des gens que l’on voudrait oublier, tellement ils sont stupides, idiots. Ce film, dit-il encore, s’inscrit dans une filmographie cohérente, alors que sur le casting, l’homme est très disert. Rien que le rôle-titre mérite le détour. MC C était au départ pressenti pour le rôle d’Ansel…

L’édition Fnac comporte un second dvd

  • Master class réalisée au festival de Dauville en 2012. (90 mn)

William Friedkin évoque sa fascination pour « Citizen Kane » qui lui donnera envie de faire du cinéma. « Quand j’ai vu ce film je me suis dit voilà ce que j’aimerais apprendre à faire, mais comment s’en approcher ».
Avec pour objectif depuis, réaliser un film qui tel « Citizen Kane » ne « s’inscrit que dans une phrase ».
En reprenant sa filmographie, à l’aide d’extraits de films que les spectateurs de la master class peuvent apprécier, mais pas ceux de ce dvd (bizarre et frustrant) le cinéaste reconnaît comme Flaubert parlant de « Mme Bovary », « que tous mes personnages sont en partie moi ».


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Gicquel 940 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines