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Conteuse et matière de Bretagne (intégrale)

Publié le 01 février 2013 par Sheumas

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Dans le cadre de l’enseignement d’exploration mené cette année en littérature et société autour de la Bretagne et de l’univers celtique, les élèves, qui ont, depuis le début de l’année, réfléchi en histoire et en littérature sur les ingrédients de la légende arthurienne, ont pu écouter une conteuse venue les accompagner dans une double aventure imaginaire. Cette aventure ne fait que commencer car, comme chacun sait, les contes, comme les volutes de fumée, ne cessent d’échapper à celui qui voudrait les saisir.

Au début, Justine a posé le décor. Un grand rideau, un projecteur. Une manière de lampe d’Aladin. Un malin génie complice de la métamorphose et invité pour l’occasion. Les élèves sont assis sur des sièges confortables. Impatients, curieux, ou, pour les plus sceptiques, intrigués. Le génie pose le masque et s’évanouit dans sa lampe. Plus besoin de lui, puisqu’à présent, les filles sont « des princesses » ou des « fées », des « dames » ou des « damoiselles », et les garçons des « jongleurs », des « troubadours et trouvères », des princes, des chevaliers... Des bouffons parfois, le terme « bouffons » fait toujours son petit effet au siècle qui est le nôtre.

Et puis le rideau s’écarte, et Justine réapparait en robe médiévale, avec ses bracelets, triskells et ce beau bijou frontal, lequel, confie-t-elle, la met en liaison avec « sa licorne », qui patiente quelque part, sur un coin de prairie. Vous savez ces prairies grasses et savoureuses, que la mer assaisonne pour faire, par exemple, les bonnes pommes de terre de Ré ou de Noirmoutier qu’on met dans le « Kig Ha Fars ».

La licorne s’impatiente. Justine est en selle, tout en haut de son siège. Elle se lance aussitôt au loin, en direction du Finistère, jusque dans la baie de Douarnenez. Et là, elle raconte une version inattendue de la légende de la ville d’Ys... Puis, quand la mer a tout recouvert, les splendeurs et les clochers, les princesses et les bijoux, les glas et les gémissements, elle enchaine sur l’histoire du chevalier Riwal et de son cheval Fier Elan, parti comme Tristan à travers les landes de Brocéliande, vers le territoire de Cornouailles et au-delà, pour chercher « la belle aux cheveux d’or »...

Dans l’espace d’une heure trente, les élèves sont entrainés dans les contrées de l’imaginaire. Musique, chant, paysages, créatures, humanité à nu... La conteuse mène adroitement les détours du récit comme elle mènerait son cheval vers la fontaine où il va enfin pouvoir se désaltérer. Son projet est en effet, après cette initiation à son univers, de conduire les élèves à leur tour vers les mêmes horizons. Tout au long des séances qui vont suivre, répartis en quatre ateliers d’écriture, aidés par la documentaliste et le professeur de français, ils vont écrire... Ecrire pour imaginer des combinaisons, écrire pour découvrir des situations, franchir des seuils, ouvrir des portes, transposer des lectures, des connaissances enfouies. Ecrire pour donner au récit initial une vigueur collective.

Et, à chaque fois, en secret dans l’une des quatre salles, par périodes de trente minutes, Justine la conteuse viendra effleurer ces plumes ébouriffées et leur faire sentir, sous le front et le capuchon, sous la glotte et la cartouche, le souffle de la licorne !

http://www.justinedevin.fr/


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