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Interview Rone

Par Bathart
Rone et Thibaut

Rone et Thibaut

C’est un peu Noël avant l’heure pour Bath-Art. Autant le dire, 2012 a été un bon cru, même si la crise s’est un peu fait sentir. Certes La France a une nouvelle fois raté son Euro, le Stade Brestois peine toujours autant en ligue 1, le P.S. mitraille le pays, et Paul Kalkbrenner se commercialise de plus en plus. Cependant Grizzly Bear a fait un retour remarqué, Hotflush et Ostgut Ton ont tout cassé, et du côté de nos français, les Côtes du « Rone » sont excellentes. Fort de son nouvel album « Tohu Bohu », c’est avec un immense plaisir que le plus cool des producteurs, Erwan Castex, a répondu à nos questions.

 

Certains te découvrent tout juste. Peux-tu te présenter ?

Je fais de la musique électronique sous le pseudo de Rone comme vous l’aurez constaté ! Et ce, à plein temps depuis quatre ou cinq ans environ.

Dans ton dernier album « Tohu Bohu », certains morceaux sont plus posés que d’autres lors d’une écoute de salon, alors qu’en live on ne ressent pas du tout les mêmes émotions. Comment expliques-tu cela ? 

Quand je compose, je ne pense pas du tout à ce que ça peut donner sur scène. Ça peut paraître un peu égoïste, mais je les fais avant tout pour moi, en pensant à quelqu’un par exemple. Arrivé sur scène, l’atmosphère n’est pas la même. J’essaie de jouer avec les réactions des gens pendant mes morceaux, je donne une autre dimension à mes morceaux. Et à mon plus grand bonheur, ça marche !

Que t’a apporté le label InFiné (notamment fondé par Agoria, ndlr) ?

Tout d’abord, le fait qu’ils s’intéressent à ce que je faisais, ils t’apportent de la confiance. Tu te rends compte que tu as également besoin d’une espèce de cadre, d’une rigueur. C’est eux qui te disent : « Bon faudrait peut-être penser à faire un nouvel album », ils te poussent en quelque sorte. C’est assez nécessaire pour moi car je pourrais vite me laisser aller. Je me sens libre avec eux, et encadré en même temps.

On a pu lire certaines critiques comme quoi « Spanish Breakfast » était plutôt considéré comme un mini album. Tu penses que c’est vrai ?

A l’origine, on ne savait pas vraiment comment présenter cette sortie, car il vrai que c’est court, environ quarante minutes. En revanche, je qualifie clairement  Tohu Bohu comme mon deuxième album. Spanish Breakfast était quelque chose d’assez instinctif, spontané, un peu maladroit par moment. C’est peut être sa sincérité qui a touché les gens. Si je compare mes sorties à un personnage, Spanish Breakfast serait comme un enfant qui marche à peine, et Tohu Bohu est un adolescent, un peu plus costaud. Je vois mes productions évoluer ainsi.

Pourquoi as tu choisi les paroles d’Alain Damasio pour ton morceau « Bora » ?

C’est venu très naturellement, sans trop réfléchir. En fait, plus je réfléchi et moins j’arrive à faire de la musique. J’ai composé la partie instrumentale de Bora, mais il manquait quelque chose par dessus. À cette époque j’étais dans l’univers d’Alain Damasio, je lisais ses bouquins, je venais de le rencontrer, on discutait ensemble. Ça m’a paru évident d’utiliser sa voix sur ce morceau. Comme je le disais avant, ce n’étais pas forcément réfléchi, et ça a collé tout de suite. Il y a une espèce d’alchimie qui prend, qui te dépasse. Ça s’est fait aussi simplement que ça. Pour réaliser la partie vocale, j’avais quand même neuf heures de bande son, enregistrées sur un dictaphone. Il tenait ce  journal intime pendant qu’il était isolé en Corse, coupé du monde. Il y a des moments où il est complètement déprimé, et il y a ce rare passage que j’ai trouvé fascinant car il est très positif. Tu le sens heureux de créer. Ça m’a vraiment touché. Je me suis reconnu la dedans parce que c’est un peu ce qui arrive dans la musique, quand tu es enfermé dans ton studio, que tu n’arrives pas à faire ce que tu veux, et là arrive ce moment où tu trouves la bonne mélodie. Tu réécoutes encore et encore, et tu te sens vivre. Ce sont des moments forts.

Ta jeunesse t’a mené à faire des études de cinéma. As-tu des projets dans ce milieu ? On voit beaucoup de musiciens qui réalisent leurs clips.

Pour le moment je suis bien avec la musique, même s’il m’arrive d’assister aux clips que réalisent mes amis. J’aime voir comment ça se déroule. Plus tard, il se pourrait que je me mette à réaliser mes clips. Après je pense que c’est assez stimulant de passer d’une discipline à une autre. Le modèle pour ça c’est Quentin Dupieux alias Mr Oizo. Il ne s’est pas pris la tête, il n’a pas eu à choisir entre le cinéma où la musique, il s’est dit je vais faire les deux, et ça je respecte. Pour moi une discipline nourrit d’une autre. Si tu es toujours enfermé dans ton studio, à un moment donné il faut vivre d’autre chose.

Comment es-tu passé du cinéma à la musique ?

Ça s’est fait un peu malgré moi. Quand je faisais du cinéma, je n’aurais jamais pensé vivre de ma musique. Quand je composais, c’était un peu la « récréation » entre deux tournages. Et puis la musique, qui était pour moi au départ quelque chose sans ambition, a pris le dessus. Pourtant c’était inaccessible, je ne pensais pas arriver un jour là ou j’en suis maintenant. Mais depuis des gens ayant entendant mes productions m’ont donné confiance, je pense notamment à Agoria. Je ne dirais pas que j’ai choisi la musique, mais que c’est elle qui m’a choisi. Les choses se sont accélérées, j’ai fais un disque, on m’a ensuite demandé de faire un live donc je me suis lancé, un deuxième disque est sorti. Et aujourd’hui je me retrouve à ne faire que ça, c’est plutôt cool !

Tu joues régulièrement dans l’Ouest de la France. En es-tu amoureux ?

(rires) Ah oui il se passe un truc avec l’Ouest je crois ! Ça se passe toujours super bien dans ce coin. L’ambiance est cool, les gens sont dingues. C’est une des régions de France où je préfère jouer.

D’ailleurs on te retrouve souvent dans les soirées organisés par Astropolis..

Je connaissais déjà ce festival car j’y étais allé avec des potes, j’avais pris une énorme claque. Il y avait notamment un live de Jeff Mills. Dix ans plus tard je me retrouve à jouer là bas pour la première fois ! J’avais un peu oublié ce que c’était. Ça n’a pas changé, on retrouve toujours la même énergie, a même ambiance. Il y a ce truc ou tu arrives à 21h, tu vois des mecs complètement déchiré par terre qui prennent cher assez vite, et tu te dis qu’est ce que ça va être plus tard, alors que toi tu ne joues qu’à 2h du matin ! Et au final, tu les vois devant toi pendant le live, et ils tiennent jusqu’à 8h. C’est des solides ! Ce que je trouve formidable aussi c’est la côté fête foraine, avec les auto-tamponneuses et la grande roue, que je n’oserais pas faire.

Tu as joué à Dour l’été dernier, qu’en as tu pensé ?

Deux semaines avant d’y joué, je ne savais pas ce que c’était ce festival, je ne réalisais pas l’ampleur de la chose. Jouer devant 8 000 personnes, et juste après Caribou que j’apprécie énormément, c’est impressionnant. Il faisait un live de fou, ça m’a mis la pression, et lorsque j’ai commencé à jouer, je me suis libéré. 

La scène électronique française est en plein essor en ce moment, quelque soient les styles. Que penses-tu de ces nouveaux artistes ?

Depuis que j’ai emménagé à Berlin il y a maintenant deux ans, je me sens un peu comme un étranger quand je reviens en France aujourd’hui. Je reçois de plus en plus de bons morceaux, mais je n’ai pas l’écoute d’un DJ pour dire qui se dégage réellement de cette scène. Après je pourrais te citer des noms, mais il y en a tellement. J’essaie d’en sortir un quand même (il réfléchit)…

Subarys ?

Oui voilà, mais il à déjà sorti un disque, non ?

Oui un EP. Il est passé en première partie de ton live aux Cultures Electronik (festival à Rennes, ndlr).

Parfaitement ! Ce mec là par exemple, je pense que c’est un mec à suivre de près. On devrait en entendre parler bientôt parce qu’il a beaucoup de talent. Après je n’ai pas non plus de préférence pour un tel ou un tel, mais il se passe des choses ici qui sont intéressantes à suivre.

Merci à Erwan de nous avoir accordé cet entretien

Thibautz



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