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La fiancée américaine d’Éric Dupont

Par Ngiroux

La fiancée américaineFraserville, aujourd’hui Rivière-du-Loup, Les Lamontagne de génération en génération épousaient une Madeleine. Louis-Benjamin Lamontagne épouse donc une Madeleine venant de d’une famille adoptive du Maine, Madeleine l’Américaine.  Elle avait la  peau pâle, couverte de taches de rousseur, même en plein hiver, et des yeux, des yeux inoubliables couleur sarcelle, couronnée d’une chevelure rousse. C’est en décembre 1918, Louis-Benjamin Lamontagne et sa femme Madeleine l’Américaine attendaient leur premier enfant dans l’hiver glacial et silencieux du Bas-Saint-Laurent. Joseph-Louis-Benjamin Lamontagne naquit le jour de Noël, l’Américaine succomba à son accouchement et son père se jeta dans la rivière un an, jour pour jour après l’arrivée de sa  chère Madeleine, inconsolable, désespéré et résigné.

Louis était un garçon d’une robustesse rare, et fut élevé par sa grand-mère, parmi les cinq enfants qui lui restaient. Doté d’une force herculéenne, on le surnomma rapidement Louis le Cheval Lamontagne, l’homme de fer du Canada. Certains prétendaient que Louis avait acquis ce surnom pour de tout autres raisons. Début 50, Louis épouse Irène Caron, et trois enfants suivront rapidement, Madeleine, Marc et Luc.

« Sur le portrait de famille fait par le photographe Marmen en juin 1968, Louis Lamontagne et sa femme assis sur une causeuse recouverte de tissu à imprimé floral magenta sur fond marron.  Vêtue de noir, Irène a le regard de ceux qui ont perdu un objet important et qui se demandent où ils ont bien pu le fourrer.  Entre les époux, une place vide, assez d’espace pour y asseoir un enfant.  Debout derrière eux, leurs deux enfants plus grands.  D’abord Marc, jeune homme au visage austère et attirant, qui ressemble à s’y méprendre à l’autoportrait de Botticelli : les mêmes lèvres pulpeuses, les mêmes yeux affamés et langoureux, la main sur l’épaule frêle de sa grande sœur Madeleine, droite et fière comme une Lamontagne, bien que chacun sache, sans trop savoir expliquer comment et  pourquoi, que son esprit est occupé à un calcul complexe, comme l’est l’esprit d’une Caron.  Elle  porte une jolie robe pâle. Un collier. Bien coiffée.  Bien sûr qu’elle est jolie ! N’est-ce pas qu’elle ressemble à Mireille Mathieu avec cette coupe carrée ? »

C’est cette toute jeune Madeleine et sa descendance qui nous trimballe dans ce monumental voyage jusqu’à l’aube du XXIe siècle. Un kaléidoscope d’émotions, l’opéra de la Tosca en sourdine, une mystérieuse clé de Fa, un voyage dans le temps, de Rivière-du-Loup, en passant par Montréal, New York, Toronto, Berlin et finalement Rome.

Une inoubliable saga familiale que ce quatrième roman de Dupont, l’apothéose de ces précédents, une brique aux petits caractères, une écriture qu’on lui connaît, simple, limpide, mais surtout captivante. Dupont, finaliste du Prix des Libraires place la barre très haute.

(La fiancée américaine étant mon dernier billet. Un gros merci à tous mes lecteurs.)



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