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Pourqui je suis en colère, zut ?

Par Jeuneanecdotique
04 février 2013

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Là, je suis au maximum.

 

C'est promis sur la tête de mon ordi (et en plus je fais des rimes), c'est la dernière fois que j'en parle. Car je suis vraiment décidée, ensuite, à tourner la page. Mais j'avais besoin de me confier à mes lectrices, une dernière fois. Mine de rien, mon blog et surtout celles qui le suivent ont apporté une petite touche de mieux à mon état ces derniers temps.
J'ai fait la forte, après ma rupture. Je me suis autorisée à peine trois jours de répit avant de me remettre sur pieds et de dire merde à la déprime. Je me suis prise en main, j'ai changé de coupe, j'ai vidé ma chambre, j'ai vu des gens. J'ai remonté la pente. Que je croyais. Je me rends compte au fond que j'essayais de devenir une meilleure personne pour deux raisons : premièrement, car il était temps, tout simplement. Deuxièmement : parce que je voulais qu'il le voit, et qu'il revienne.
Et là, ce soir, j'ai réfléchi. Peut-être que je n'en ai pas envie. Parce que je suis en colère.
Je me suis voilée la face quelques temps, à dormir avec sa photo, à être incapable de prendre du plaisir seule sans éclater en larmes qu'il ne soit pas là, et à faire croire que j'étais un vrai bonhomme qui savait se relever de tout. C'était faux. Maintenant, c'est vrai.
Je l'ai revu samedi soir. Ça m'a fichue un coup. Je me suis rendue compte à quel point je l'aimais. Je voulais me jeter à son cou, le prendre dans mes bras, l'embrasser. J'ai fait semblant de rien ; ça n'a pas été si dur, une partie de moi est à présent raisonnable. J'espérais, au fond, qu'il ressentait la même chose. Que même s'il n'en laissait rien paraître, il m'aimait, et le savait.
Il m'a fait une blague un peu salace, du genre « allons faire des cochonneries dans la forêt ». Première colère intérieure. Je vous explique : ça, c'est un mec qui tâte le terrain, en fait. Il voit comment vous réagissez aux propositions sexuelles, même tout sauf sérieuses, afin de déterminer si oui ou non, vous êtes encore attachée, si oui ou non, en cas de gros manque, il pourrait venir vous utiliser pour se soulager. Je pensais qu'après trois ans d'amour, je valais mieux que ça. Il n'est tout de même pas stupide : si sa remarque n'avait aucun but inconscient, alors il aurait dû être capable de réfléchir et de prendre simplement conscience que ça ne se dit pas, après deux semaines de rupture. J'ai essayé de lui faire comprendre qu'il n'avait pas à me parler comme cela (« je ne suis pas ta pote »), et qu'il n'était pas envisageable de recoucher avec lui juste comme ça  (« je n'ai plus besoin de toi pour faire des cochonneries »). Si un jour je recouche avec lui, nous serons en couple. Ce n'est pas négociable.
J'espérais que ce n'était qu'une bourde. Et finalement, ce soir, ma colère a vivement éclaté. On ne froisse pas une femme amoureuse. Je parlais tranquillement avec la copine de son cousin (qui est une amie à moi) et elle m'avouait que Benoît avait dit à son cousin (oui, nous sommes de retour au collège) qu'il se sentait bien en célibataire, que c'était la liberté, en gros, que sa vie était mieux sans moi.
J'ai failli m'étouffer. Alors, je concevais qu'il sacrifie avec souffrance nos trois années d'amour s'il pensait que ça lui serait bénéfique sur le long terme. Mais je garde quelque chose de très humain qui s'appelle « l’ego » et je peux vous dire que je suis devenue aussi rouge qu'un plant de tomates.
Mieux sans moi ? Liberté ? En deux semaines ? Are you kidding me, dude ?
J'ai fait pitié quelques minutes. J'ai attrapé la photo de lui à qui je parlais dans mes moments de solitude (j'ai entendu quelqu'un se moquer, là?), je lui ai fait un grand sourire, et j'en ai fait de la chaire à saucisse. Adieu photo, adieu regret.
Vous devez me trouver ridicule. Vous devez vous dire : « Heu, cocotte, si tu l'aimes, tu ne veux que son bonheur, même s'il est sans toi ! ». Je vous dis « Heu, poulette, je l'aime, mais je m'aime aussi, alors je ne veux son bonheur qu'après qu'il m'aura pleuré un temps, parce que je suis géniale et que je mérite qu'on me pleure ».
J'ai pleuré. Pleuré sur lui, sur notre relation. Pleuré sur l'homme que je pensais connaître, la relation que je pensais avoir vécu.
Je pensais qu'il était sincère. Une semaine avant, il disait m'aimer. Je pensais qu'on avait vécu quelque chose de tellement beau, on avait résisté, on faisait des projets, on s'aimait, et une semaine avant, il disait avoir vécu des choses merveilleuses avec moi. Je ne l'invente pas, je ne suis pas folle.
Et tout ça apparemment ne valait rien à côté de son désir de liberté.
Je trouve que c'est un homme génial. Il mérite d'être heureux. J'ai su me remettre en question, je sais que tout n'est pas de sa faute. J'ai dit dans un article en dessous tous mes défauts, tout ce que j'avais fait de mal. Je vais en faire de même pour lui.
Il m'a quittée, soit disant parce qu'il ne voulait pas rester avec moi par facilité. Il a eu l'impression d'avoir pris une décision difficile, d'avoir été un vrai bonhomme. Je constate que ce n'est pas du tout le cas, finalement.
Il m'avoue lui-même avoir du mal à trouver un rythme de travail pour son site (celui dont j'ai été très temporairement la collaboratrice). Il n'y a pas l'air d'avoir grand-chose de nouveau dans sa vie. Il n'a pas l'air de s'être moralement remis en question, finalement. Peut-être qu'il a quelques projets, se dire « je vais m'inscrire au concours de professeur », mais il ne cherche pas où ont été ses erreurs. Il refera les mêmes, plus tard. En me quittant, il a fait ce qu'il redoutait de faire, mais qu'il ne peut pas s'empêcher : il a choisi la facilité. Il a quitté les projets à deux, l'engagement, les obligations de couple, une nana qui était prête à l'aider, à le booster pour qu'il évolue, qu'il parte de chez sa mère et qu'il fasse un boulot qui l'épanouisse sans le foutre dans la merde financièrement. Il a quitté ça, pour quoi ? Pour être seul, peinard, sans trop personne pour lui mettre la pression. Sans copine qui le saoule à vouloir s'engager et le faire déguerpir de chez sa mère. Alors, dites-moi, laquelle des deux solutions était la plus facile ? Faire durer un amour sur lequel nous aurions pu construire de vraies choses, ou tout abandonner pour n'avoir plus rien à faire avec moi ? Vous avez bien compris. Ce n'était pas dur de me quitter. Pas du tout. Ce qui est dur, c'est de rester près des gens qu'on aime, de savoir se remettre en question et d'accepter le changement. Je ne dis pas que j'ai bien agi, je sais que j'aurais dû être plus douce, et le soutenir davantage, car il le méritait, et si c'était à refaire, j'agirais différemment avec lui. Mais je pense quand même tout ce que je viens de dire.
Il jette trois ans d'amour aux ordures sans regret. Je pensais qu'il serait triste, que je lui manquerais. Il m'avait dit que j'étais la chose la plus importante de sa vie. J'ai l'impression d'avoir été manipulée. J'ai l'impression qu'il ne le pensait pas. Je regarde nos trois années, et je me dis que ce n'était pas aussi beau que je le ressentais, si ça se finit comme ça, sans tristesse, sans regret, sans remise en question.
J'avoue, ça me fait mal. Dans toute cette joie de paillettes et de papillons que j'ai essayé de disséminer autour de moi, j'ai mal. Mal d'avoir vécu des choses merveilleuses avec lui, de lui avoir donné toutes mes premières fois, d'avoir imaginé ma vie à ses côtés, pour que ça se termine comme ça. Avec un mec qui abandonne tout ça, et qui n'en a pas grand-chose à fiche, d'après son entourage... Cela ne fait que deux semaines. Deux semaines. Quinze jours. Ce n'est rien, dans une vie. Rien du tout. Il m'a oubliée très rapidement ; je ne méritais pas la déprime de ses ex, avec qui il était resté pourtant moins longtemps.
Tout ça est sans doute affaire d'ego, vous devez vous dire. C'est vrai, je ne le nierai pas. Mon ego est touché. Mais c'est également mes souvenirs qui en souffrent. Je pensais que c'était spécial, que j'étais la première pour qui il ressentait ça. Je ne faisais pas que le penser, je le savais, je le sentais, c'était évident. Et finalement, on se dit que tout ce qu'on croyait réel était faux. Des années, des moments tellement beaux, remis en question.
Je suis en colère. En colère, vraiment. Je fais tout à l'envers. Tristesse, joie, colère ? J'ai inversé quelques étapes, vous allez vous dire. Mais la prochaine étape est sans doute décisive : je vais vivre. Oh que oui, MERDE, je vais vivre.
Quelqu'un m'attend. J'hésitais, à vrai dire. Je préférais attendre, par respect pour notre relation. Je me disais que trois ans d'amour valaient beaucoup plus que ça.
Nous ne valons pas plus que les autres, peut-être. Avec un ex juste content d'être seul, d'avoir abandonné quelque chose de rare pour cette chose si commune qu'est le célibat (qu'il a pourtant déjà bien connu), et qui, en plus, ne me voit plus que comme une opportunité sexuelle.
Il m'aimait fort, je le sais. Il s'aimait davantage. C'est bien, d'un côté. Je m'y suis déjà mise à mon tour.
Je vais tourner la page. Il le faut. Je vais continuer de m'améliorer. Je suis déjà quelqu'un de meilleur. Je m'étonne moi-même d'être forte, de ne pas m'être transformée en une flaque de vomi et d'avoir été capable, samedi, de lui sourire, de ne pas lui raconter ma vie et d'avoir fait comprendre que je n'étais pas une loque se traînant à ses pieds en cas de pulsion sexuelle. Il a choisi de laisser tomber notre couple. Malheureusement pour lui, je faisais partie de ce couple. Il m'a perdue. C'est son choix, quoi qu'il en pense. Et maintenant, c'est aussi un peu le mien.
Peut-être qu'un jour, nous serons tous les deux des personnes meilleures, et que nous reviendrons l'un vers l'autre, car, comme il me disait, « je sais que c'est toi ».
Peut-être. Mais je ne l'attends pas.
Il connaît l'adresse de mon blog, peut-être qu'un jour je regretterai d'avoir écrit cet article dans lequel je ne me pose pas en petite chose prête à revenir vers lui au moindre signe de sa part. Peut-être que ça me grillera. Mais en ce moment, être une grosse chose pas prête du tout à se laisser abattre comme un poulet, c'est tout ce dont j'ai besoin.


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