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"Sahara" de Cizia Zyke

Par Leblogdesbouquins @BlogDesBouquins
Le 27 septembre 2011, Cizia Zyke nous quittait, à Bordeaux, premier théâtre de ses quatre mille coups. Je n’ai connu le personnage qu’à travers ses livres, mais nous nous étions permis un petit mot lors de sa disparition. Oro m’avait marqué, Oro and Co déçu et j’achevais mes deux critiques par une bouteille sur le web : qui serait à même de me procurer « Sahara » et « Parodie », désespérément épuisés ? L’aventure a été rendue possible par la jeune maison d’édition Adrian-Timber, dont les fondateurs et anciens amis de Cizia Zyke, ont décidé de rééditer les romans au format numérique. Après quelques échanges de mails courtois, ils nous ont généreusement offert « Sahara ». C’est, donc, en toute transparence et honnêteté que nous les en remercions. Restaient deux obstacles à franchir : l’intransigeance du Bdb et la découverte de la lecture au format numérique…
L’avis de JB :
"Chacun a sa définition de l'honnêteté. La mienne est assez large mais je m'en accommode"(Ci.Z)
Avant les mines d’or du Costa Rica ou de Thaïlande, les années dans une Albanie au bord du chaos et les tripots à jeu de Macao,  il y eu l’Afrique. Plusieurs années pendant lesquelles Cizia Zyke, parti sans un sou de Bordeaux, deviendra l’un des plus gros contrebandiers du continent, grâce notamment à l’importation de véhicules d’occasion à travers le Sahara. Peu ou pas de surprise pour les habitués, l’ouvrage, sorti un an après « Oro » est de la même veine. Inspiré de sa propre vie, l’auteur fait la part belle à une personne qu’il connait et adore : lui-même. Il me serait impossible, dans le format imparti, de vous faire le résumé de ses nouveaux exploits, mais la thématique reste la même, Cizia est un homme hors-norme, excessif mais intelligent :
« Ma première réaction est de les envoyer se faire foutre, mais finalement je m’incline devant la justesse de leurs arguments, car ils sont gros, nombreux et bien armés. »
« Comme d’habitude, pour moi, c’est douze oeufs et un steak le plus proche possible du kilo. »

Son quotidien, il le vit toujours sur le fil du rasoir, entre contrôle et explosion, de la pauvreté à l’opulence. L’argent est flambé comme sa propre vie,  à feu contrôlé mais fort. Déjouant complots et assassinats, c’est plastronné de sa chance légendaire qu’il bourlingue à travers la planète, avec l’aventure comme seul objectif. C’est aussi parce qu’il a su contenir ses propres démons et addictions, ingrédients d’un gigantesque jeu dont il est le maître. Comme dans « Oro » et « Oro and co », il aime à s’entourer de compagnons presque plus atypiques que lui, garde-fous cathartiques qu’il protège jalousement. Car, des  valeurs, il en a. Sachant notamment être là pour ses amis, ou ceux qui l’ont aidé dans ses aventures. L’homme, découvert dans « Oro », n’a cependant pas changé : misogyne, brute et cynique, souvent drôle. Aucune surprise de ce côté-là :
« Très prude de nature, je décroche trois billets du mur et j’entraîne les trois négresses correspondantes dans une autre pièce. »
« Dans un village, un vieux pygmée m’a entraîné dans sa case pour me montrer, tout fier, un vieux réveil rouillé. Je lui ai conseillé de le porter autour du cou afin d’éloigner les mauvais esprits. »

Une lecture sans autres difficultés que mon support
Les presque 400 pages de Sahara se lisent très facilement.  Beaucoup d’action, quelques monologues et un talent certain pour construire une ambiance. C’est sans doute là que se situe le vrai travail littéraire, dans la capacité de l’auteur à nous transposer, en quelques pages, à l’arrière d’une 404 lancée à travers le Sahara. On sent que Cizia Zyke a le voyage dans le sang, la facilité et l’envie de le faire revivre. Sans artifices, et à l’aide de phrases courtes et énergiques, la lecture se fait très rapidement. Presque trop, tant on sent que l’auteur a un talent pour l’écriture qu’il n’a pas jugé bon, ou eu envie, de pousser plus loin. A défaut de grand livre, on se contentera d’un trépidant récit d’aventure. Le portrait de l’Afrique des années 70 est quant à lui sans concession. Un continent tout juste sorti de la colonisation, entre magouilles, corruptions et affairismes, où les peuples tentent d’assurer leur survie.
J’ai toujours eu une certaine réticence pour le livre numérique, opinion que j’ai souvent relayée sur le Bdb.  N’ayant pas de smartphone suffisamment récent, ou de tablette, la lecture s’est donc faite sur mon ordinateur. Et il faut bien avouer que cela a rendu l’expérience plutôt pénible. Qualité de l’écran ou goût immodéré pour la migraine, j’ai dû faire des pauses toutes les 30 min environ. Impossible pour moi de lire deux heures durant, la faible maniabilité d’un ordinateur de 15 pouces  étant également en cause. A retenter, peut-être, sur un support plus adapté, ou pour des formats plus courts.
A lire ou pas ?
Comme « Oro », « Sahara » n’est pas à mettre entre toutes les mains, ne serait-ce que par la quantité de violence, de sexe, ou par le type de langage qu’il contient. Ceux qui ont aimé « Oro » peuvent y aller les yeux fermés, pour les autres, ne vous trompez pas de lecture. L’ouvrage est, avant tout, un récit d’aventure conté par un fantastique baroudeur devenu écrivain.
Un lien vers un long reportage sur Cizia Zyke dirigeant une mine d’or en Asie :
http://www.youtube.com/watch?v=YvDMXQynKw0
Le lien vers la maison d’édition Adrian-Timber :
http://www.adventure-book.fr/
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