Magazine Séries

Le Spoiler, l’ultime péché.

Publié le 21 octobre 2012 par Lauramaz @LauraMaz

Le Spoiler, l’ultime péché.Alors qu’aujourd’hui tout le monde regarde des séries télé, il n’a jamais été aussi difficile d’en parler. Désormais, chacun les consomme à son rythme. Il y a les classiques, qui les regardent à la télé, les bobos, qui ont Canal Plus, les geeks, qui les regardent en streaming,  les psychopathes qui les regardent en direct à 4h du matin ou, de plus en plus rares, ceux qui attendent la sortie DVD. Bref, impossible de commencer à parler d’une série autour d’un verre sans entendre au bout de la table un « Aaaaaah, tais-toi, j’ai pas vu la saison 4 !!!! ». Si les règles en matière de spoiler sont généralement courtoises entre amis. Certains ne se gênent pas pour annoncer sur leur statut Facebook que Billy vient de mourir subitement ou arrivent au bureau en claironnant que Cynthia et Brian se sont enfin embrassés après 8 saisons de tension sexuelle (ces exemples sont bien entendus fictifs, pas la peine de hurler, au cas où ça vous aurait échappé, je ne spoile jamais). Petit message à ceux qui ne prennent aucune précaution avant de parler d’une série. Spoiler, c’est comme croiser les effluves, c’est mal.

Souvenez-vous de ces lundis matin dans la cour du lycée où tout le monde pleuraient la disparition du Dr Green ou se demandaient si Dylan ressortirait un jour avec Brenda. Et  oui, les enfants, au XXe siècle tout le monde regardait les mêmes séries, en même temps, sans possibilité de replay. Beverly Hills, le samedi, Urgences, le dimanche, 21 Jump Street en rentrant de l’école, Madame est Servie après dîner, c’était simple et bien réglé. On avait 5 ans de retard sur les Etats-Unis et on le vivait très bien. Le développement du câble et d’internet, puis l’entrée dans l’âge d’or des séries télé au début des années 2000, a bouleversé notre emploi du temps télévisuel. La possibilité de choisir quand et comment voir une série a créé un nouveau mode de consommation. Du coup plus personne ne les regarde de la même façon. Certains les préfèrent au lendemain de la diffusion aux Etats-Unis et d’autres sont adeptes du marathon, parce qu’un épisode hebdomadaire c’est trop frustrant. Ces derniers sont les plus exposés au mal du siècle : Le spoiler. Pratique insupportable qui consiste à parler d’une série sans vérifier, avant, que ses interlocuteurs en sont au même moment dans leur visionnage.

Spoilers en série. Spoiler vient du verbe to spoil, gâcher. Parce que priver les autres de ce hurlement suscité par un twist improbable ou de l’extrême frustration provoquée par un cliffhanger de mi-saison,  c’est gâcher leur plaisir. Ca ne viendrait à l’idée de personne de donner le nom du meurtrier à quelqu’un qui est entrain de lire un roman policier. Pourtant c’est devenu monnaie courante en ce qui concerne les séries, même dans la presse. Ce qui prouve à quel point la série télé est respectée dans ce pays ! En mai 2012, un magazine télé racontait par le menu le dernier épisode de la saison finale de Desperate Housewives, alors en diffusion sur Canal Plus et inédite sur M6. En 2009, un autre disséquait la saison 5 de Grey’s Anatomy alors que TF1 finissait à peine de diffuser la 4.  Et pas la peine d’être abonné ou de feuilleter ces journaux pour découvrir ces informations, les spoilers s’affichaient à la une de ces magazines. Malheureusement, cette pratique n’est pas réservée aux professionnels. Les plus pénibles sont ceux qui déversent des informations à la machine à café sans se soucier de savoir si leurs voisins ont vu ou pas l’épisode dont ils parlent. Découvrir que son personnage préféré vient de se faire virer du FBI parce qu’il a couché avec son indic, en attendant son cappuccino, alors qu’on attendait patiemment la fin de la saison pour se faire une bonne soirée sushis/Chablis/copines devant l’intégrale, peut provoquer des envies soudaines de « dexterisation ». Et quand non content de nous avoir gâché la soirée, notre interlocuteur ajoute « ah tu l’avais pas vu ? Tu vas voir c’est trop bien. On ne s’y attend tellement pas ! ». On commence à lister mentalement les différentes méthodes pour faire disparaître un corps sans laisser de trace.

Les amis de mes amis ne sont pas toujours mes amis. Autre pratique courante et très énervante, la mise en ligne d’informations sur les réseaux sociaux. Partager ses pratiques télévisuelles avec ses followers sur Twitter ou avec ses Facebook friends part souvent d’une bonne intention. L’envie de faire connaître une série qu’on apprécie ou le plaisir de partager sa surprise sur un événement incroyable, est un sentiment louable. Mais poster « OMG ! Derek a trompé Meredith. #TheGoodWife» (Vous voyez bien que ce n’est pas un spoiler, vous me prenez pour qui ?) mérite la sanction ultime : Unfollow. Sur Facebook ça peut être pire. Car si l’on a une confiance aveugle en ses amis, ils ont parfois dans leurs contacts des gens qui ne deviendront jamais les nôtres. Et un statut innocent (« Trop bien, le dernier Homeland ») qu’on a eu le malheur d’aimer, peut devenir redoutable s’il est commenté par des gens mal intentionnés. Quand sur votre écran tactile s’affiche la terrible notification « Isabelle Duchamp a commenté : Kikooooo, trop triste

:(
 kan Bob est mort. Il était trop bo. LOL » (non, toujours pas, il n’y pas de Bob dans Homeland !) vous vous dites qu’il est temps de faire un tri dans vos amis.

Devenir Spoiler-proof. Pour se préserver des spoilers accidentels, la méthode la plus efficace est le hurlement. Chaque fois que quelqu’un prononce un titre de série, il vous suffit de crier en mettant les mains sur les oreilles, « la la la la la, je veux pas savoir,  je ne l’ai pas encore  vuuuuuuu». L’effet produit est garanti puisqu’il fait généralement taire tout le monde, ce qui vous permet de préciser à quel moment de l’histoire vous en êtes et donc d’éviter toute pollution. Mais attention, vous n’êtes pas à l’abri d’être vous-même en avance sur les gens qui vous entourent. Il faut donc également vous assurez que tout le monde a bien vu la même chose. Si vous fréquentez des spoilers chroniques, vous pouvez aussi tenter la méthode du chantage. Efficace, mais elle sous-entend que vous devez être en avance sur une autre série. Tu me spoiles Homeland, je te spoile Dexter. Peu recommandable car elle implique de faire aux autres ce qu’on n’aime trop qu’on nous fasse. En fait c’est un peu comme dans la vie, il suffit juste de penser un peu aux autres. Vouloir partager son plaisir avec le plus grand nombre est une chose, je suis bien placée pour le savoir. Mais en prenant soin de ne pas gâcher celui des autres. Pensez y la prochaine fois qu’une envie d’en dire trop vous démange le clavier. Dans la religion cathodique, spoiler, c’est pécher.



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lauramaz 147 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines