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Chaque cerveau est unique

Par Memophis

La façon dont sont organisées les connexions dans le cortex cérébral déterminerait nos différences – et notre unicité.

Sébastien Bohler  

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Stanford School of Medicine

Pour en savoir plus

S. Mueller et al., Individual variability in functional connectivity architecture of the human brain, Neuron, vol. 77, pp. 586-595, à paraitre.

L'auteur

Sébastien Bohler est journaliste àCerveau&Psycho

Pourquoi sommes-nous uniques ? Pourquoi deux individus sont-ils toujours différents ? Pour les neurosciences, le fait que mon esprit soit différent des autres ne signifie rien d’autre que le fait que mon cerveau est différent des autres. Et le facteur clé qui fonde ces différences, c’est la façon dont le cerveau est connecté intérieurement, dans sa structure fine. Au niveau microscopique, nous ne sommes pas câblés de la même façon. C’est ce qu’ont observé des neuroscientifiques américains, allemands et chinoiss en mesurant ce qu’on appelle la connectivité fonctionnelle de vingt-cinq cerveaux humains vivants. Schématiquement, pour en avoir une image, il faut imaginer dans le cerveau de chaque personne une sorte de toile d’araignée en trois dimensions, comportant des fils tendus en tous sens qui relient les différentes zones d’activité ; et la configuration de ces connexions diffère d’une personne à l’autre, ce qui crée un fonctionnement mental à chaque fois différent.

Les neuroscientifiques ont découvert que les différences de configuration cérébrale sont les plus fortes dans une série de zones cérébrales notamment frontales qui sont apparues le plus récemment dans notre histoire évolutive. On pourrait dire qu’elles sont le propre de l’homme. Ce sont des zones qu’on appelle associatives, parce qu’elles combinent les informations issues des zones sensorielles. Nous différons ainsi dans la façon de transformer le réel, de le modeler, de réfléchir à des stratégies pour résoudre les problèmes qu’il nous pose. En revanche, dans les zones sensorielles brutes, comme les zones de la vision, s’observe peu de variabilité. Nous voyons tous le monde, physiquement, à peu près de la même façon.

Ces zones cérébrales qui nous permettent d’être fondamentalement distincts les uns des autres ont une particularité biologique : elles sont le siège, pendant un à deux ans après la naissance, d’une création colossale de connexions entre neurones, de l’ordre d’un million à chaque seconde. On sait aujourd’hui que ce qui nous permet d’acquérir des compétences, des savoirs, une culture, un vécu, c’est cet excès initial de connexions qui sont ensuite « épurées », élaguées pour ne laisser que celles correspondant à notre parcours de vie. Voilà qui fonde en partie notre singularité, l’autre partie étant d’ordre génétique : notre patrimoine génétique façonne aussi notre cerveau d’une façon bien particulière, différente d’une personne à l’autre.


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