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A world without Thieves – Jeux de voleurs

Par Bebealien

Une fois n’est pas coutume, je ne vais pas m’attarder sur de la série B bien troussée, mais sur un authentique bon film d’origine chinoise. Faisant partie de la nouvelle série de sorties de la collection Asian Star, pilotée par Jean Pierre Dionnet, A World Without Thieves est un film étrange mariant avec élégance un grand nombre d’influences…

A World Without Thieves – Road movie en train
Deux pickpockets très talentueux croisent la route d’un jeune paysan, transportant en train toutes ses économies. Fascinés par sa naïveté, ils n’arrivent pas à se décider à passer à l’action pour le dépouiller. Mais leur cible n’étant pas discrète, une autre bande de pickpockets se met en tête de le dévaliser. Le couple va devoir trancher entre être plus rapide que la bande rivale pour plumer le pigeon, ou au contraire le protéger…

Une affiche originale un peu moche, qui donne à tort l’impression que c’est un film d’action.

Ce film est un ovni. Un vrai. Comme on en croise peu souvent. Rien que le genre lui-même du film est difficile à définir. Road Movie ? Film de braquage ? Comédie ? Film social ? Film policier ? Le scenario ne cesse de bondir d’un genre à l’autre sans jamais se stabiliser sur l’un d’eux de manière définitive. C’est au départ assez déstabilisant, surtout que Xiaogang Feng, le réalisateur, prend son temps pour poser l’ambiance et les personnages.

Andy Lau et Rene Liu, couple glamour de pickpockets

Une fois le film démarré et les différents protagonistes positionné dans le train, la forme du film se précise, et fait immédiatement penser à ces films de casse, façon Ocean’s Eleven, où une bande de pied nickelés met tout en œuvre pour détrousser une cible. La cible en question étant un paysan un peu simple d’esprit, tout l’esprit un peu épique et arty disparaît. Subsiste ce glamour dans lequel s’ébattent des personnages antagonistes se battant à coup de lames de rasoir comme ils dansent : en douceur et avec grâce… Ce qui confère aux quelques scènes d’affrontement une tonalité toute particulière. J’aurai rarement vu des scènes d’actions superbement chorégraphiées tout en restant super zen.

Une voleuse sexy, cherchant à convaincre le couple de héros de l’aider à détrousser le pigeon

Et ce rythme jazzy, alternant entre saillie sensuelles (principalement dues à une voleuse roublarde et sexy en diable), phases dialoguées à la limite de la comédie et phases d’études psychologique des personnages, fini par trouver un équilibre aussi précaire que réussi. J’avoue que j’ai toutes les peines du monde à expliquer à quel point ce film arrive à faire mouche, tellement la somme des choses qui le composent laisse vraiment présager un tout indigeste…

Déjà, le casting assure, emporté par Andy Lau (Infernal Affairs, Fulltime killer…) pour une fois peu cabotin, oscillant entre lagouaille de l’embobineur sur de lui et un sens de l’héroïsme à la Robin des Bois. A ses côtés, René Liu, en femme cherchant à retrouver une vie normale et finalement prête à tout pour protéger un homme purement et profondément gentil et sincère, bouffe l’écran. Casting de second rôles réussis également, et qui évite de surcroit le côté « comédie cantonnaise » parfois si énervant dans ce type de films.

Deux voleurs de la bande rivale

A World Without Thieves se permet en plus d’apporter des réflexions intéressantes sur le karma, sur l’évolution du monde où des valeurs comme la confiance et la conscience ont disparues, sur l’innocence, sur la confrontation entre le monde rural (arriéré, mais sain) et le monde urbain (ou règne décadence, brutalité, et de trop rares étincelles de droiture et d’honneur)… bref un amalgame de thématiques qui se croisent sans cesse dans ce film définitivement étrange.

J’avoue que j’ai eu une première demi-heure de visionnage assez difficile, le temps de rentrer dans l’histoire. Mais ensuite, très dur de ne pas se laisser bercer par ce rythme lancinant, glamour et franchement sympathique.


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