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La Cinquième Colonne (Sabateur - Alfred Hitchcock, 1942)

Par Doorama
La Cinquième Colonne (Sabateur - Alfred Hitchcock, 1942) En pleine seconde guerre mondiale, Barry Kane, un ouvrier qui travaille dans les usines d'armement, est accusé de sabotage. Traqué par la police, il tente de retrouver la trace du véritable saboteur pour se disculper. Son enquête l'entraînera au coeur du puissant réseau de conspirateurs actif aux Etats-Unis, au beau milieu de la "cinquième colonne"...
Avec déjà pas mal de réussites, pour ne pas dire "chefs-d'oeuvre", à son actif, c'est en pleine guerre que Hitchcock participe à l'effort de guerre en livrant ce film patriote et propagande... Bien que sur une tonalité très différente d'un autre "petit film patriotique" tourné cette même année, l'immense Casablanca, La Cinquième Colonne se découvre encore aujourd'hui non seulement comme un superbe représentant de ce cinéma patriotique d'alors, mais aussi comme une véritable bande-annonce des prochains grands films d'espionnage d'Hitchcock, et tout particulièrement La Mort Aux Trousses.
Saboteur, c'est LE crime que l'Amérique ne pardonne pas, l'action misérable et vile capable de dresser une population entière contre vous ! C'est ce que découvre Barry Kane soupçonné à tort d'avoir incendié l'usine dans laquelle il travaille, l'acte de trahison suprême. Un certain Fry sera son seul indice pour le mener dans une enquête qui le mènera au coeur d'un essaim d'espions et de saboteurs, l'emmenant du même coup du statut de victime à celui de héros, du saboteur au résistant engagé ! Son parcours au travers de l'Amérique croisera le chemin d'affreux conspirateurs tapis dans l'ombre (à peine reconnaissable des "bons"), mais révélera aussi des natures nobles, courageuses et généreuses comme ces gens du cirque, le père de la belle Patricia ou le chauffeur de camion... Aventures, courage et espionnage se répondent dans cette course à l'innocence, parfaitement rythmée et exécutée, qui évoque Le Fugitif ou La Mort Aux Trousses : pas fatiguant pour un sou, cette Cinquième Colonne, faite de rebondissements multiples, est parfaitement réjouissante et divertissante !
Les similitudes avec La Mort Aux Trousses sont nombreuses... Le personnage principal désigné comme coupable, la femme qui croise son chemin, le double jeu qu'il accepte de jouer pour se disculper, la traversée du pays, une mystérieuse organisation et un final (sublime, tout en silence, le souffle contenu) au sommet d'un monument national ! Hitchcock a souvent travaillé le thème de l'espionnage (allant jusqu'à réaliser son propre remake de L'Homme Qui En Savait Trop), avec le final de la Cinquième Colonne, au sommet de la Statue de la Liberté, liberté qui triomphera de la veulerie et du mensonge, il mettait en image une sorte de répétition générale de la fameuse fin de La Mort Aux Trousses... La Cinquième Colonne contient en fait en gestation tout ce qu'Hitchcock retravaillera plus tard : le complot, le mensonge, l'aventure et l'humour aussi. Sans encore atteindre la perfection de mise en scène de ses films des 50's, La Cinquième Colonne contient déjà d'impressionnants morceaux de bravoure, des manipulations du spectateur comme Hitchcock seul savait déjà le faire : l'implication du spectateur est totale, toujours mené exactement là où le Maître le souhaite...
La Cinquième Colonne est un divertissement de haut vol, qui entraîne le spectateur, en cette période de conflit mondial, dans un combat patriotique qui l'aspire complètement. Comme un spectacle de guignol sur des enfants, La Cinquième Colonne impose ses gros rouages au spectateur en donnant l'impression qu'ils sont diaboliquement fins... On oublie tout, on se laisse happer complètement dans cette aventure, pourtant bien marquée de son époque quant à ses mécanismes, et on savoure toute la maîtrise d'Hitchcock qui permet à La Cinquième Colonne d'être redécouvert sans avoir à garder en tête le contexte dans lequel il a vu le jour. Avant d'être une des nombreuses productions exaltant le patriotisme contre l'ennemi européen, la Cinquième Colonne reste un divertissement savamment orchestré, un condensé d'inventivité entièrement voué à l'abandon du spectateur. Loin d'être dans notre top 5 du réalisateur, La Cinquième Colonne est un Hitchcock "léger", mais imparable !  
La Cinquième Colonne (Sabateur - Alfred Hitchcock, 1942)

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