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Les aventures de Joris (Palenque)

Publié le 08 février 2013 par Bathart
Joris et Alonso (© Joris Raut)

Joris et Alonso

Non je vous le jure, ce n’était pas voulu. Je ne suis pas venu au Mexique et au Guatemala pour assister en direct à une fin du monde apocalyptique du haut d’une pyramide maya. Pourtant, il faut bien le dire, le hasard fait bien les choses. Même si je ne suis pas très sensible aux prophéties en tout genre, je ne pouvais passer a côté des fêtes et festivals organisés a l’occasion du 21 décembre 2012.

Après une nuit passée dans un bus, je débarquais donc à Palenque, ville entourée de jungle, connue pour ses ruines maya. Un grand nombre d’individus à la pilosité démesurée et aux habits colorés allaient et venaient sous les regards effarés des locaux. Une fois le plein de provisions effectué et un petit déjeuner englouti, je sautai dans le premier camion taxi allant au festival. Après une demi-heure de trajet chaotique, coincé entre cinq Québécois, trois Mexicains, quatre Américains, et bien plus encore, je descendis devant l’entrée du site. Des lettres colorées annonçaient « Welcome Home », sur une arche d’entrée branlante. Les sourires prédominaient largement sur les visages des passagers tout justes descendus. Après un rapide message de bienvenue, l’un des hippie posté a l’entrée nous expliqua brièvement les règles de vies basiques à respecter : ne pas boire d’alcool, pas de savon dans la rivière, utiliser les latrines, respecter les règles d’hygiène de base, …  Une fois parti de la ferme dont je parlais ici, je me suis donc dirigé vers Palenque, où se déroulait pendant tout le mois de décembre un Rainbow Gathering pour célébrer le renouveau annoncé par les anciens calendriers mayas. Je vois d’ici les regards perplexes et les murmures interrogateurs dans la salle. Pour ceux qui ne connaissent pas, un Rainbow Gathering est un rassemblement de hippies et de freaks en tout genres qui se proposent de vivre en communauté un mois durant au milieu de la nature (mais rassurez-vous, j’étais presque aussi ignorant que vous sur le sujet avant de m’y aventurer).

Le campement (© Joris Raut)

Le campement

Une fois son couplet terminé, je me relevai, pris mon sac et parti explorer le site à la recherche de l´endroit idéal où planter ma tente. La nature y était exubérante. Une rivière coupait en deux une forêt de palmiers. Des campements avaient été improvisés sur les rives du cours d´eau. En remontant ce dernier, je tombai sur la cuisine collective où une dizaine de personnes semblaient s´activer autour de casseroles surdimensionnées. Soudain, j´entendis au loin des personnes crier : « Food circle« . On m´indiqua alors qu´il était temps de se réunir dans un champ en contrebas pour partager le premier repas de la journée. Il était 11 heures. Une fois arrivé dans le champ en question, je posai mon sac. Un grand nombre de personnes affluait et quelques meneurs tentaient d´organiser la foule chaotique en cercles concentriques. Il était difficile d´estimer le nombre de personnes présentes. Peut-être deux cents, peut-être cinq cents. Une dizaine de personnes commencèrent alors à distribuer la nourriture : avoine, sucre de canne, salade de fruit, cacao grillé… Je compris alors que les repas distribués ici étaient entièrement végétaliens.

Pendant mon séjour au Rainbow, j’eu l’occasion de rencontrer bon nombre de personnes. L´évènement réunissait des gens des quatre coins du monde, avec une présence plus marquée de nord-américains. Les personnalités les plus délurées s’étaient réunies sur cette parcelle de jungle, et il n’était pas rare pour moi de rester ébahis par l’excentricité des personnes que je croisais.Je restai quelques jours au Rainbow Gathering. Les journées étaient ponctuées par deux repas collectif, le premier à onze heures, le second à dix sept heures. A la fin de chacun d´eux, un groupe de musiciens passait dans les rangs, armé du Magic hat dans lequel chacun pouvait, selon son envie, déposer de l´argent pour contribuer au repas suivant. C´était là l´unique contribution financière demandée aux participants. Je participai un jour à la préparation d´un repas. La cuisine était l´un des lieux d´échange privilégié entre les festivaliers.

L’image du hippie se baladant nu à longueur de journée n’est pas seulement le fruit de notre imagination.  Au Rainbow, certaines personnes, hommes comme femmes, vivait constamment nus. Il était ainsi possible de se faire servir la nourriture par une personne ne portant pas le moindre vêtement. Troublant. A certains endroits, la rivière était suffisamment profonde pour pouvoir s’y baigner. La tenue de rigueur chez les baigneurs était ici encore la nudité. La pudeur présente dans le monde extérieur n’avait ici pas lieu d’être. Quelque peu réticent au début, je me fis à cette nudité lors de mes baignades, y prenant même un certain plaisir.

Palenque San Cristobal (© Joris Raut)

Palenque San Cristobal

A la tombée de la nuit, une fois le repas du soir terminé, des musiciens en tout genre se réunissaient autour d’un grand feu de bois. Les participants affluaient alors et se laissaient porter par la musique dans une danse transcendantale (aidés ou non par des substances plus ou moins psychédéliques). Parfois, certains tentaient d’organiser des cérémonies, tantôt en l’honneur de Bouddha, tantôt en l’honneur de Hare Krishna. Ce caractère quasi religieux ne faisait pas toujours l’unanimité, et certains s’opposaient à ces influences. D’autres privilégiaient le caractère maya de l’évènement et organisaient des cérémonies traditionnelles, aidés par des locaux.

Au bout de mon troisième jour passé au Rainbow, l’ennui commença à me gagner. Bien que les journées étaient marquées par de belles rencontres, je peinais à trouver à m’occuper et refusais de tomber dans une léthargie passive. De plus, je m’agaçais souvent des discours utopistes de certaines personnes rencontrées. Certains semblaient vivre dans une bulle et penser en totale déconnexion avec le monde extérieur. Pourtant il suffisait de sortir du site et faire quelques kilomètres pour se rendre compte que la vie n’était pas toute de rose vêtue. Le fossé était grand entre ces festivaliers décalés et les populations locales, qui tentaient de tirer ne serait-ce qu’un maigre profit de ce rassemblement hippie.

A l’aube du cinquième jour,  je pliai donc bagage et quittai le festival, avec la satisfaction d’avoir goûté à la vie en communauté et des rencontres effectuées durant ces quatre jours. Des souvenirs plein la tête, je sautai dans une camionnette, en partance pour d’autres horizons.

Joris



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