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Le loup va être mis en liberté plus surveillée

Publié le 08 février 2013 par Bioaddict @bioaddict
Face aux dégâts croissants provoqués en France sur les troupeaux, un " Plan Loup " va être déployé à partir de cette année. Le loup va être mis en liberté plus surveillée ¤¤ donnez votre avis 6 6 personnes aiment cet article

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Le loup est une espèce strictement protégée. Mais l'augmentation des attaques des troupeaux élevés en liberté oblige les ministres de l'Écologie et de l'Agriculture à prendre des mesures de protection pour permettre la cohabitation du loup avec l'homme. Delphine BATHO, ministre de l'Écologie, et Stéphane LE FOLL, ministre de l'Agriculture, viennent donc de décider, suite aux travaux du " Groupe national Loup ", de lancer un " Plan Loup " qui va se déployer sur 5 ans, de 2013 à 2017.

Ce plan, précise Delphine Batho, " a été élaboré dans la concertation, et mené pendant plusieurs mois avec les différents acteurs au sein d'un groupe national de suivi, composé de représentants de la profession agricole, de la chasse, d'associations de protection de la nature, d'élus, mais aussi de représentants de l'État et d'experts ".
Il sera à géométrie variable. Il prévoit en effet une mise en oeuvre territorialisée des actions de protection afin de tenir compte des différents types d'élevages, et des modes de pastoralisme, très différents selon les massifs.
Il prévoit aussi une graduation des actions à entreprendre afin de tenir compte de la pression de prédation en fonction des régions.
Quatre priorités ont été retenues :
-Un suivi biologique plus réactif intégrant un meilleur suivi de la population de loups et une mise à jour plus réactive des estimations d'effectifs.
-Une meilleure protection des troupeaux contre la prédation, avec une simplification des mesures de protection, et l'expérimentation de nouvelles méthodes.
-Un dispositif d'indemnisation des dommages plus simple et prenant aussi en compte les pertes indirectes.
-Et enfin un nouveau protocole d'intervention proportionné aux enjeux, prenant en compte le taux de croissance des loups, la pression locale de prédation, et s'appuyant sur des expérimentations, de protection ou d'intervention, sur des territoires pilotes.
Ce plan 2013-2017 sera soumis à la consultation du public dans les prochaines semaines, pendant un mois. Il sera également présenté en commission faune du Comité national de protection de la nature, le 8 avril prochain. Son lancement est prévu courant avril.

Et pour ceux qui auraient oublié le célèbre poème d'Alfred de Vigny " La Mort du Loup ", écrit en 1838, et qui nous influence inévitablement dans notre jugement sur cet animal sauvage, si mystérieux, nous vous le faisons redécouvrir.

Stella Giani

" LA MORT DU LOUP "

Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. Ni le bois, ni la plaine
Ne poussait un soupir dans les airs ; seulement
La girouette en deuil criait au firmament ;
Car le vent élevé bien au-dessus des terres,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d'en-bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
A regardé le sable en s'y couchant ; bientôt,
Lui que jamais ici on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçaient la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions pas à pas en écartant les branches.
Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au-delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse;
Mais les enfants du loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa louve reposait comme celle de marbre
Qu'adoraient les romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux la belle et sombre veuve
Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve ;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l'homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.

Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes !
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez, sublimes animaux !
A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.
Ah ! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur !
Il disait : " Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Gémir, pleurer, prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler,
Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. "

Alfred de Vigny (1797-1863)


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