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Deux maîtres, deux visions, une inspiration : Isaac Asimov et Philip K. Dick

Publié le 25 janvier 2013 par Thibaultdelavaud @t_delavaud

Je voudrais vous parler aujourd’hui de deux auteurs emblématiques de la science-fiction qui comptent également parmi mes auteurs préférés : Isaac Asimov et Philip K. Dick. J’ai lu l’immense partie de leurs écrits respectifs et ils ont été une source d’inspiration majeure dans ma volonté d’écrire de la science-fiction.

Deux maîtres, deux visions, une inspiration : Isaac Asimov et Philip K. Dick dans Cinéma portrait-asimov

Isaac Asimov (1920-1992)

S’ils font partie tous les deux du panthéon des grands noms de la science-fiction, on ne peut trouver auteurs plus différents. Leurs œuvres, leur vie, leur parcours, tout semble les opposer.

Asimov naît en 1920 et Dick en 1928. Ils se lancent tous les deux dans la science-fiction durant les années 40. Mais alors qu’Asimov connaît un succès grandissant dès les années 50  grâce à ses sagas Fondation et Les Robots, Dick reste un auteur peu connu, marginal, durant toute son existence. Ses romans connaissent pourtant un grand succès, notamment Le Maître du Haut-Château, publié en 1962 et Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? publié en 1968, qui sera adapté par Ridley Scott sous le nom plus connu et plus porteur de Blade Runner. Malgré ses succès, Dick ne tire pas profit de sa notoriété. Il vit de manière chaotique. Diagnostiqué comme étant paranoïaque et schizophrène, sa vie sentimentale est très perturbée et il vit souvent reclus, la plupart du temps dans une situation de pauvreté et de précarité. Il meurt en 1982, peu de temps avant la sortie en salles de Blade Runner, qui fera connaître mondialement son œuvre.

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Philip K. Dick (1928-1982)

Asimov est au contraire un écrivain à succès. Suffisamment connu pour vivre de ses livres (il a été peu de temps chimiste, et un médiocre de surcroît selon son propre aveu), il est de son vivant l’une des figures tutélaires de la science-fiction américaine et une référence pour tous les amateurs du genre. Son surnom, « l’empereur de la science-fiction », en dit long sur sa renommée. Il a vécu toute sa vie à New York, a entretenu des relations avec les plus grands auteurs et éditeurs de science-fiction et il est mort en 1992 au sommet de sa gloire. Écrivain prolifique, il est également connu pour avoir rédigé de nombreux livres de vulgarisation scientifique.

Au travers de leurs destins si opposés, on perçoit toute la différence entre leurs œuvres. Ce qui m’a toujours fasciné chez Asimov et chez Dick, c’est leur approche radicalement différente, antagoniste, de la science. Profondément scientiste, homme de science, Asimov décrit des futurs animés et forgés par l’idée du progrès. Il met en garde l’homme contre l’utilisation qu’il peut faire de la science mais c’est grâce à elle qu’il trouvera son salut. Le concept de psychohistoire m’a fasciné et elle incarne tout ce qu’Asimov pense de la science : éclairante, salvatrice et protectrice. Il a également écrit cette citation que j’affectionne : « La violence est le dernier refuge de l’incompétence » (dans Fondation).

L’univers de Dick est au contraire bien plus sombre, tourmenté, et les futurs qu’il décrit sont autant de dystopies (ou contre-utopies) inquiétantes. Pour Dick, la réalité est sans cesse altérée et nous vivons dans une illusion permanente, illusion que la science entretient et renforce. Ainsi, les androïdes se cachent parmi les hommes, les souvenirs, les vies parallèles et autres avatars s’achètent et se vendent et la Terre est très souvent ravagée par la guerre, lorsqu’elle n’est pas radioactive et mourante.

Asimov et Dick incarnent deux courants et deux visions de la science-fiction. En tant que lecteur, je trouve particulièrement intéressant de lire ces deux auteurs du XXème siècle qui ont imaginé des futurs si dissemblables.

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Asimov, l'empereur de la science-fiction

J’ai dévoré un grand nombre de leurs livres. La puissance de l’imagination de ces deux écrivains force le respect, surtout lorsqu’on songe que leurs œuvres majeures ont une cinquantaine années… Certes, le style de Dick est très maladroit, minimaliste, les personnages inintéressants. Celui d’Asimov est simple, épuré (les phrases sont de type : sujet-verbe complément), sans aucune subtilité mais non sans humour. Qu’importe, il serait dommage de médire sur leurs styles et de ne pas apprécier les formidables histoires et univers qu’ils ont créés et inventés.

Saviez-vous à ce propos que Dick est l’auteur de science-fiction qui a vu ses livres le plus adaptés au cinéma avec pas moins de dix adaptations (de qualité très hétérogène) ? De Blade Runner en 1982 à Total Recall, mémoires programmées en 2012 en passant par Minority Report de Steven Spielberg en 2002, l’œuvre de Dick est une source d’inspiration pour le cinéma.

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Affiche du film Minority Report

Mes livres préférés d’Isaac Asimov :

- L’Aube de Fondation (Forward the Foundation, 1993) : c’est le dernier roman écrit par Asimov, publié de manière posthume et à ce titre le plus émouvant. Asimov se confond avec son personnage Hari Seldon, vieillissant, dont le seul but avant de mourir et de s’assurer que la psychohistoire sera prête et opérationnelle à temps…

- Les Dieux eux-mêmes (The Gods Themselves, 1972) : le roman se décompose en trois parties et la deuxième constitue les plus belles pages écrites par Asimov. Roman sur la bêtise humaine face aux catastrophes imminentes, le titre fait référence à la citation de Schiller : « Contre la bêtise humaine, les dieux eux-mêmes, luttent en vain ».

- La dernière question (The Last Question, 1956) : c’est une courte nouvelle à portée philosophique qui interpelle énormément et dont la chute laisse songeur.

Mes livres préférés de Philip K. Dick :

- Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (Do androids dream of electric sheeps?, 1968) : Bien que le roman ait été éclipsé par l’adaptation cinématographique devenue culte Blade Runner, l’univers de ce roman est l’un des plus intéressants créés par Dick.

- Substance Mort (A Scanner Darkly, 1977) : sans doute le roman qui incarne le mieux l’univers dickien, sombre et schizophrénique. Un policier de la brigade des stups est chargé d’enquêter sur un caïd de la drogue qui n’est autre que lui-même.

- L’imposteur (Impostor, 1957) : une des meilleures nouvelles que j’ai jamais lues. Efficace, haletante avec un rebondissement final épatant, je rêve d’écrire une nouvelle du même calibre.

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